Des terroristes donnent des infos cruciales sur les sites du Hamas dans les hôpitaux
Plus de 300 terroristes ont été interrogés dans un nouveau centre de détention ; un nombre sans précédent de Gazaouis renseignent volontairement sur les activités du Hamas à Gaza
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
L’armée israélienne a déclaré lundi qu’elle avait mis en place un centre de détention dans le sud d’Israël afin d’y faire venir des détenus de la bande de Gaza pour les interroger. Jusqu’à présent, quelque 300 terroristes du Hamas, du Jihad islamique palestinien et d’autres groupes ont été interrogés dans ce centre.
D’après Tsahal, les terroristes – entre autres suspects – ont fourni aux interrogateurs l’emplacement des réseaux de tunnels et des dépôts d’armes du Hamas, ainsi que des détails sur les méthodes d’opération du groupe terroriste, notamment l’utilisation de boucliers humains.
L’unité 504 du Directorat des Renseignements militaires de Tsahal – spécialisée dans le HUMINT (renseignement humain), compte des dizaines de soldats arabophones qui sont sur le terrain dans la bande de Gaza, aux côtés des unités de combat, et qui mènent des interrogatoires sur le terrain et fournissent des renseignements aux forces, a indiqué l’armée.
L’unité 504 a doublé ses effectifs au cours des combats et a créé une nouvelle sous-unité spécialement pour le sud d’Israël.
Au total, l’unité a interrogé quelque 500 Palestiniens et a lancé des millions d’appels aux civils pour qu’ils évacuent le nord de Gaza depuis le début des combats dans la bande.
« Chaque enquête conduit à l’incrimination de nouveaux sites, et les renseignements humains qui en résultent constituent une couche indissociable de l’ensemble des renseignements », a déclaré un officier supérieur de l’unité 504.
Tsahal a publié trois vidéos montrant des détenus expliquant en détail aux interrogateurs de l’unité 504 l’utilisation d’hôpitaux par le Hamas à des fins terroristes. Les hommes décrivent comment ils se sont cachés dans les hôpitaux al-Shifa et Rantisi, dans le bâtiment de la Croix-Rouge et dans d’autres centres hospitaliers, alors que le Hamas utilisait ces sites pour lutter contre Tsahal.
Israël affirme que le Hamas utilise al-Shifa et d’autres hôpitaux comme couverture pour ses activités terroristes, et a spécifiquement désigné al-Shifa comme un centre d’opérations souterraines clé pour le groupe.
Dimanche, l’armée a diffusé de nouvelles images du réseau souterrain de tunnels et de bunkers qui, selon elle, se trouve sous al-Shifa, alors que les forces israéliennes poursuivent leurs opérations à l’intérieur et autour de l’hôpital. Tsahal a également dévoilé des images de caméras de surveillance d’al-Shifa montrant des terroristes du Hamas emmenant un citoyen népalais et un citoyen thaïlandais qui avaient été enlevés en Israël le 7 octobre, sur le sol israélien, dans le centre hospitalier de Gaza City. Les militaires ont par ailleurs accusé le groupe terroriste palestinien d’y avoir assassiné une soldate israélienne qui avait été enlevée.
Promettant d’éliminer le Hamas, Israël a déclaré la guerre et lancé une incursion aérienne et terrestre contre les infrastructures du groupe terroriste, ciblant toutes les zones où il opère, tout en cherchant à minimiser les pertes civiles.
Depuis près d’un mois, l’armée israélienne déploie des forces terrestres dans le nord de la bande de Gaza, visant des cibles terroristes dans cette partie de l’enclave, et plus particulièrement l’hôpital al-Shifa.
Les responsables israéliens ont voulu montrer au monde entier les preuves de l’utilisation abusive d’al-Shifa par le Hamas, afin d’étayer leurs affirmations selon lesquelles le groupe terroriste utilisait des civils et des infrastructures civiles pour se protéger, et ainsi renforcer le soutien à l’incursion israélienne en cours.
Dans une vidéo d’une partie de l’interrogatoire d’un terroriste présumé appréhendé la semaine dernière fournie lundi par l’armée, le suspect explique qu’il se trouvait à l’hôpital al-Shifa de Gaza City, où quelque 50 000 personnes cherchaient refuge, et que les « médecins étaient furieux parce que des agents du Hamas et d’autres groupes terroristes se trouvaient à l’intérieur de l’hôpital ».
Le suspect a estimé qu’il y avait une centaine de terroristes à l’hôpital et que certains « se déguisaient en infirmier ou autre soignant « pour se fondre dans les services de l’hôpital », notamment dans l’unité de soins intensifs.
Un autre suspect, Hamuda Riyad Assad Shalamah, père de trois enfants, originaire de la ville de Gaza, a déclaré qu’il était ingénieur en applications mobiles au ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, et qu’il s’était réfugié avec sa famille dans le bâtiment du Croissant-Rouge de la ville au début de la guerre, parce qu’il était considéré comme « sûr et sécurisé ».
Selon lui, le complexe de dix étages accueillait environ 40 000 personnes, dont des terroristes du Hamas qui « continuaient à opérer » depuis le bâtiment.
« Ce que j’ai vu, c’est comment ils cachaient les roquettes dans des matelas (…), ainsi que des armes », a-t-il déclaré lors de l’interrogatoire.
« Si une de leurs roquettes explosait, elle pouvait tuer 50 d’entre nous, voire plus. »
« Ça arrivait tous les jours. Personne ne peut leur dire non. Qui pourrait le faire ? Si vous osez vous opposer à un membre du Hamas, il peut vous tuer », a-t-il ajouté.
Shalamah a déclaré que « le simple nombre de personnes présentes sur le site leur servait de protection ».
« Nous sommes devenus leurs boucliers humains. Il est évident que Tsahal ne frapperait pas un endroit où se trouvent 40 000 personnes. »
« C’était effrayant, tout cela était terrible. Nous sommes allés là-bas pour trouver un abri, puis ils sont venus et nous ont mis en danger, ma famille et moi, dans cet endroit », a-t-il poursuivi.
Dans un troisième extrait d’interrogatoire fourni par l’armée, le suspect Abdelrahman Alaa Ibrahim Samur déclare pouvoir répondre à des questions sur ce qu’il a vu « à l’hôpital al-Rantisi « et à ce qu’il a appelé « l’hôpital suédois » de Gaza, faisant probablement allusion à une clinique de la ville appartenant à l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient).
Samur a déclaré avoir passé cinq jours à l’hôpital Rantisi et avoir vu « des terroristes du Hamas qui ont pris le contrôle de l’hôpital ».
« Ils étaient environ 100 et étaient organisés, ils avaient plusieurs tentes, chaque groupe de terroristes était autonome [par groupes] de 4 à 5 », a-t-il déclaré, précisant qu’ils « utilisaient les hôpitaux comme bases pour lancer des attaques ».
Samur a déclaré que le Hamas et d’autres groupes s’exécutaient depuis l’hôpital « à grande échelle ».
« Ils étaient si nombreux que c’était réellement très effrayant. »
À l’hôpital suédois, il dit avoir vu au moins « sept agents » habillés en civil et armés.
Samur a déclaré que les terroristes manœuvraient depuis l’hôpital et y dormaient. « C’était un endroit sûr et personne ne pouvait les localiser. »
Il a ajouté qu’ils utilisaient l’hôpital comme « base d’opérations, qu’ils se préparaient à l’intérieur de l’hôpital, qu’ils lançaient des unités pour leurs missions à l’extérieur ».
Tsahal a indiqué que l’unité 504 disposait également de sources dans la bande de Gaza qui fournissaient des informations utilisées par les forces terrestres opérant dans l’enclave palestinienne depuis la fin du mois dernier.
« Nous avons reçu des milliers d’appels téléphoniques de [Palestiniens désireux de fournir des informations] à une échelle jamais vue dans l’unité. Il est évident que les habitants de la bande de Gaza ne sont pas satisfaits du comportement barbare du Hamas. Le citoyen ordinaire comprend que le Hamas est en train d’infliger aux habitants de Gaza un désastre dont ils auront du mal à se remettre », a ajouté l’officier supérieur.
Dans le cadre des efforts déployés par Tsahal pour évacuer les Palestiniens du nord de la bande de Gaza pendant l’incursion terrestre, l’unité 504 a passé plus de 30 000 appels, envoyé plus de 10 millions de SMS et plus de 9 millions de messages vocaux aux civils de Gaza. L’armée a également largué quelque quatre millions de tracts avertissant les Palestiniens des dangers de rester dans le nord de Gaza.
Tsahal a affirmé que l’évacuation du nord de la bande de Gaza lui permettait de mener des frappes plus lourdes et d’opérer plus largement dans la région contre les infrastructures du Hamas. Les frappes aériennes se poursuivent parallèlement dans le sud de la bande de Gaza, seule la petite zone d’al-Mawasi, le long de la côte, ayant été déclarée « zone de sécurité » par l’armée.
S’exprimant lundi à la suite d’une évaluation des opérations de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, le ministre de la Défense Yoav Gallant a déclaré : « L’action du Shin Bet dans les enquêtes sur les terroristes capturés sur le terrain par les soldats, et le travail des coordinateurs de l’agence à l’intérieur de la bande de Gaza avec les forces terrestres, sont des éléments déterminants. Ils deviennent les yeux qui guident les soldats. »
« Chaque combattant qui manœuvre sur le terrain comprend que (…) deux objectifs importants sont atteints. Premièrement, combattre et vaincre le Hamas, nuire aux terroristes, à ceux qui les ont envoyés, à leurs commandants en chef et à leur infrastructure. D’autre part, ils comprennent très bien que par leurs actions, ils mènent au retour des otages au plus tôt », a déclaré le ministre de la Défense, ajoutant que le retour des otages était une priorité absolue.
« Je les ai sous les yeux – les photos des enfants, les photos des familles sont toujours au sommet de la liste des priorités », a-t-il déclaré.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.