Des vétérans refusent qu’un mémorial de 1948 soit renommé d’après un ministre assassiné
Des vétérans de la Guerre d’Indépendance ne veulent pas qu’une auberge au pied de Jérusalem soit nommée d’après Rehavam Zeevi, qui n’a pas pris part à la bataille de Jérusalem
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Un groupe de vétérans octogénaires qui a combattu pour garder ouverte la route de Jérusalem pendant la Guerre d’Indépendance d’Israël en 1948 et 1949 s’est résolu dimanche à augmenter sa campagne contre une décision gouvernementale de nommer un site crucial le long de la route d’après le nom d’un ancien général et politicien d’extrême-droite qui, déplorent-ils, n’avait rien à voir dans l’opération.
« A ce point, nous n’allons pas utiliser la force physique », a déclaré Yeshayahu (Shaike) Gavish, président de l’Association des vétérans du Palmach, selon Haaretz.
« Si nous le devons, nous incendierons l’endroit », a déclaré à Israël Hayom Yitzhak Sarig, fils du défunt Nahum Sarig, qui a combattu dans la bataille de Jérusalem.
Ces déclarations ont suivi un vote du cabinet pour nommer le site d’une auberge ottomane le long de la route 1, à Shaar Hagai, « la porte de la Vallée », ou « Bab el-Wad » en arabe, d’après Rehavam Zeevi, ancien général puis politicien du parti d’extrême-droite Moledet, qui a défendu le transfert volontaire de millions de Palestiniens hors de la Cisjordanie et de la bande de Gaza vers les états arabes voisins.
Le site, situé sur l’ancienne ouverture de l’abrupte route montagneuse qui mène à la plaine côtière en passant par la vallonnée Jérusalem, commémore actuellement les efforts de la brigade Harel du Palmach en 1948 et 1949, alors commandée par Yitzhak Rabin, qui sera par la suite Premier ministre d’Israël.
Le bâtiment avait été rénové il y a quelques années, et fait partie d’un parc commémorant Rabin, qui a été assassiné par un extrémiste juif en novembre 1995, pendant son second mandat de Premier ministre.
L’organisation des anciens combattants de la milice pré-étatique, qui pendant la guerre a été intégrée dans les toutes nouvelles Forces de défense d’Israël, a envoyé un appel urgent au Premier ministre Benjamin Netanyahu et au président Reuven Rivlin dimanche, et ont appelé les familles qui ont perdu des proches dans la campagne à rejoindre leur combat pour empêcher que le site ne soit renommé.
Les militants se sont rencontrés dimanche au bureau de Gavish, à Ramat Aviv, pour discuter de comment faire échouer le projet du gouvernement, a annoncé Israël Hayom.
Gavish, ancien général à la retraite, a été rejoint par d’autres anciens combattants influents, dont Zvi Zamir, ancien général qui a ensuite dirigé le Mossad, Amos Horev, ancien général, Rafi Eitan ancien agent du Mossad et ancien ministre, et l’ancien général Mottke Ben Porat.
Zeevi, connu sous son surnom de « Gandhi », a été abattu par un Palestinien du groupe terroriste du Front populaire de libération de la Palestine à l’hôtel Hyatt de Jérusalem en 2001. Selon Haaretz, il est l’un des trois non Premiers ministres, avec Theodor Herzl et Zeev Jabotinsky, dont la vie est légalement commémorée.
Zeevi est déjà commémoré par une promenade en bord de mer, une autoroute, un pont, plusieurs rues dans le pays, un parc, un observatoire ornithologique et une base militaire.
La campagne contre le changement de nom de l’auberge Shaar Hagai a sérieusement commencé après la publication d’accusations de viol et d’intimidations à l’encontre de Zeevi par une émission d’investigation cette année.
Les accusations, apparues dans le programme d’investigation « Uvda » de la Deuxième chaîne, comprenaient le témoignage d’une ancienne soldate anonyme qui déclarait avoir été violée par Zeevi, et l’affirmation que Zeevi avait autrefois conspiré avec le parrain du crime Tuvia Oshri pour mettre en place un engin explosif devant le domicile de Sylvie Keshet, journaliste d’investigation qui l’avait critiqué. Personne n’a jamais été accusé du crime.
En avril, plusieurs politiciens israéliens ont demandé l’annulation des commémorations organisées pour Zeevi par l’Etat après la diffusion de l’émission.
« Nous voulons que le site [de Shaar Hagai] parlent de ceux qui étaient là, pas de quelqu’un qui n’était pas là », a déclaré Zvi Zamir, selon Haaretz. « Quiconque a pris la décision de l’appeler du nom de Gandhi ne l’a pas suffisamment compris. »
« Nous avons combattu ici, nous avons perdu des amis ici. Nous vivons dans le Palmach encore aujourd’hui, et nous préservons ses atouts et ses valeurs. Nous sommes blessés et offensés par la façon dont nous sommes négligés. Pourquoi ne pourrions-nous pas être impliqués ? Que font-ils dans notre dos ? », a-t-il demandé.
Zamir a déclaré craindre que la commémoration de Zeevi ne détourne l’attention du mémorial pour Rabin, « le commandant impliqué dans ce que nous avons fait là-bas. Il n’y avait personne comme lui. »
« C’est un blasphème de nommer ce site, pour des raisons politiques, du nom de quelqu’un qui n’a pas combattu là-bas », a déclaré Sarig.