Des visiteurs sur le site du festival Nova : « Rien ne justifie plus la guerre que cela »
Avec 364 morts, le site de Nova a été de loin le plus meurtri le 7 octobre par les attaques du Hamas qui ont entraîné la mort de 1 160 personnes au total
Un lieu de massacre devenu lieu de mémoire : chaque semaine, des milliers de visiteurs viennent se recueillir sur le site du festival de musique Tribe of Nova, où 364 personnes ont été tuées le 7 octobre dans l’attaque barbare du Hamas.
Déposés par une noria ininterrompue de bus et voitures, ils débarquent au bord des champs et forêts, là où, le 6 octobre, près de 3 000 festivaliers s’étaient installés pour deux jours de fête techno dans le sud d’Israël, à quelques kilomètres de la bande de Gaza.
En ce matin de fin février, des centaines de personnes s’y pressent, après avoir quitté la route 232 sur laquelle des terroristes du Hamas venus de Gaza ont tué des centaines de personnes.
Descendus de voiture au parking de Reïm, les visiteurs sont accueillis par une mosaïque géante de photos des victimes, avec comme slogan « On se souviendra de vous pour l’éternité ».
Avec 364 morts, le site de Nova a été de loin le plus meurtri le 7 octobre par les attaques du Hamas qui ont entraîné la mort de 1 160 personnes au total. Quelque 250 personnes, dont plus de 40 festivaliers, ont également été prises en otage ce jour-là, 130 étant toujours retenues à Gaza.
Sur un champ ont été plantés des centaines d’arbres – un par victime, tiges encore frêles soutenues par des tuteurs. Ce qui était un terrain aride en octobre a depuis verdi, et s’est aussi parsemé d’anémones rouges.
« Thérapie »
Un groupe de plusieurs dizaines de soldats en uniforme, dont certains sortent tout juste de la bande de Gaza où ils combattaient, entonnent la Hatikva, l’hymne national israélien.
Ils sont rejoints par un groupe de femmes venues du Mexique. Parmi elles, Jacqueline Sefami, membre d’une organisation mexicaine de soutien à Israël, ne cache pas son émotion. « Je n’arrête pas de pleurer », confie-t-elle à l’AFP.
Soudain retentissent des explosions en provenance de Gaza, où Israël mène, en représailles à l’attaque du Hamas, une large offensive.
Elazar Goldstein, 42 ans, vient de terminer une longue période de réserve militaire. Il se promène dans le champ, main dans la main avec sa femme, qu’il a amenée pour lui montrer « ce que ces ordures ont fait ici ». « Rien ne justifie plus la guerre que cela », dit-il.
Un peu plus loin, des bâtons ont été plantés, sur lesquels figure une photo de victime ou d’otage capturé sur place, et décorés de drapeaux israéliens, bougies, couronnes de fleurs et autres objets qui les caractérisent, dont plusieurs guitares.
La majorité des visiteurs sont Israéliens, comme le groupe que mène Frédéric Coscas, un guide touristique francophone de Netanya (centre) qui raconte l’attaque à une vingtaine de personnes.
Il se dit bouleversé en voyant « les photos de tous ces jeunes qui ne demandaient qu’à vivre ». « C’est une thérapie pour moi de venir ici », ajoute M. Coscas, dont la fille était au festival et a échappé de peu à la mort.
« Raconter son histoire »
Après le 7 octobre, des délégations officielles ont défilé pour se recueillir dans les kibboutzim visés mais leurs habitants ont fini par réclamer de la tranquillité, et la fin des visites.
Elles continuent en revanche dans la ville d’Ofakim, le lieu attaqué le plus éloigné de la bande de Gaza (plus de 25 km), et où près de 40 civils et policiers ont été tués.
Un groupe de jeunes filles d’un séminaire religieux de Jérusalem y écoute, les larmes aux yeux, Shiran, 37 ans, veuve de Roni Abouharon, un policier tué dans la rue par le Hamas.
« Je suis fière de lui, je veux raconter son histoire, qu’on comprenne que le peuple juif est vivant et va gagner », confie-t-elle devant son portrait, accroché à l’endroit où il a été tué, au milieu des murs du quartier toujours criblés d’impacts de balles.
Pour Yaffa Moskowitz, responsable éducative du séminaire, « c’est important de montrer à nos élèves ce qui s’est passé ici, qu’elles puissent se connecter à cette histoire ».
Sur le lieu du massacre de Nova, le soldat de réserve Elazar Goldstein se dit confiant pour l’avenir.
« J’étais là le 8, j’ai vu les corps, et aujourd’hui, je vois tout ce vert et tous les gens qui viennent se promener ici en toute sécurité… Je suis optimiste mais c’est un long processus. »