Donald Trump : « Si je perds les élections, les Juifs y seront pour beaucoup »
Le candidat républicain s'indigne que tant de Juifs soutiennent Kamala Harris et intensifie sa mise en garde contre la fin d'Israël, affirmant que cela se produira sous 2 ans si elle gagne
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
L’ancien président américain Donald Trump a affirmé à deux reprises que les Juifs américains seraient la cause principale de sa défaite électorale s’ils ne votaient pas pour lui en novembre, alors qu’il se plaignait de son niveau de soutien dans la communauté lors d’un discours sur la lutte contre l’antisémitisme et le soutien à Israël jeudi.
« Si je ne remporte pas cette élection, les Juifs y seront pour beaucoup », a affirmé Trump lors d’un événement intitulé « Combattre l’antisémitisme ».
« Je vais vous le dire très simplement et gentiment : je n’ai vraiment pas été bien traité, mais vous n’avez pas été bien traité non plus, parce que vous vous mettez en grand danger », a-t-il ajouté.
Le candidat républicain à la présidence a été rapidement interpellé par des dirigeants de la communauté juive de gauche.
« Il s’agit d’un antisémitisme dangereux destiné à semer la division et la méfiance et à saper notre démocratie. Et cela va conduire à [plus] de violence contre les Juifs », a écrit Amy Spitalnik, directrice générale du Conseil juif pour les affaires publiques, sur le réseau social X.
Plus tard dans la soirée de jeudi, Trump a réitéré son message lors d’un événement organisé par le Conseil israélo-américain (IAC).
Trump tells a Jewish group the Jews will be to blame if he loses: "I will put it to you very simply and gently: I really haven't been treated right, but you haven't been treated right because you're putting yourself in great danger." pic.twitter.com/lEr0kcH5iC
— Aaron Rupar (@atrupar) September 19, 2024
Comme il l’avait fait lors de son premier discours, le candidat républicain a cité un sondage non spécifié selon lequel 60 % des électeurs juifs soutiendraient la vice-présidente américaine Kamala Harris.
« Savent-ils ce qui se passera si je ne remporte pas cette élection ? Les Juifs y seront pour beaucoup si cela se produisait, car 60 % des gens votent pour l’ennemi », a-t-il déclaré.
Les Juifs ne représentent que 2 % de la population américaine et ont longtemps voté en masse pour le parti démocrate. Trump critique régulièrement ce phénomène, mais les déclarations de jeudi ont marqué une intensification de cette rhétorique.
Après avoir déclaré au début du mois qu’Israël serait anéanti si la vice-présidente Harris l’emportait en novembre, il a encore fait monter les enchères en déclarant au public de l’IAC, qui le soutenait, qu’Israël serait anéanti dans les deux ans s’il perdait.
Trump: If I don’t win this election.. the Jewish people would have a lot to do with that if that happens pic.twitter.com/N9skHU0hnu
— Acyn (@Acyn) September 20, 2024
Il a affirmé que l’Iran obtiendrait rapidement une arme nucléaire et que « les escadrons de la mort terroristes mèneraient des raids constants sur le territoire israélien de tous les côtés, faisant du porte-à-porte et torturant, violant, kidnappant et massacrant des civils innocents […] Tel Aviv et Jérusalem deviendraient des zones de guerre invivables, les attentats suicides réduisant la vie à néant ».
« J’ai dit aujourd’hui à Miriam [Adelson], la bailleuse de fonds de l’IAC, qu’ils devaient faire preuve d’un peu d’amour vache aujourd’hui, car nous devons leur dire qu’Israël n’existera pas d’ici deux ans si [Harris] devient présidente », a affirmé Trump.
« Vous devez vaincre Kamala Harris plus que tout autre peuple sur Terre. Israël, je crois, doit la vaincre », a-t-il ajouté, affirmant que Harris « fait, en comparaison, passer Barack Hussein Obama pour un amoureux d’Israël ».
Soutien aux otages
Dans l’un des rares moments non partisans de la soirée, Trump a rendu hommage à l’ancien otage du Hamas, Andrey Kozlov, à Dedi Simchi, dont le fils Guy a été tué lors du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël, et aux familles de plusieurs Israélo-américains toujours retenus en otage à Gaza.
Il a même appelé Kozlov et Simchi séparément sur l’estrade pour qu’ils transmettent un message à la foule. Vraisemblablement peu préparés, tous deux se sont contentés de remercier le président.
Abordant lui-même la crise des otages, Trump a déclaré : « J’espère que nous allons les récupérer très, très bientôt. »
« Je soutiendrai le droit d’Israël à gagner sa guerre contre le terrorisme, mais vous devez la gagner rapidement si vous le pouvez », a-t-il insisté.
Today I met with the loved ones of Americans held hostage by Hamas to hear their heartbreaking stories – something no family should have to endure.
President Biden and Vice President Harris will continue doing everything possible to bring them home. pic.twitter.com/OxDxsvkeBx
— Tim Walz (@Tim_Walz) September 19, 2024
Quelques heures plus tôt, le colistier de Harris, Tim Walz, avait tenu sa première réunion avec les familles des sept otages israélo-américains, s’engageant à utiliser sa plateforme pour sensibiliser à leur cause, tout en assurant les familles que Harris et le président américain Joe Biden travailleraient sans relâche pour obtenir la libération de leurs proches, conformément à son programme électoral.
Les deux événements organisés par Trump jeudi se sont déroulés devant un public majoritairement juif et ont été financés par Miriam Adelson, magnat israélo-américaine des casinos, l’une des principaux donateurs de la campagne.
S’exprimant lors du second événement, Adelson a exhorté les participants à la suivre dans son soutien à Trump.
« Il a contribué à façonner la foi juive et à préserver la continuité juive […] Il est le père d’une belle femme juive […] et il reconnaît la justesse de notre cause vieille de 2 000 ans. »