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Les sénateurs américains en désaccord sur la lutte contre l’antisémitisme

Le président démocrate estime qu'il n'y a pas lieu de distinguer les sectarismes et le principal Républicain du panel, qu'il faut "agir non seulement en général, mais spécifiquement" sur l'antisémitisme

Le président de la commission judiciaire du Sénat, Dick Durbin, au centre, avec le sénateur Lindsey Graham, à gauche, le membre le plus haut placé, lors d'une audience sur la lutte contre la recrudescence des crimes de haine en Amérique, au Capitole à Washington, le 17 septembre 2024. (AP/J. Scott Applewhite)
Le président de la commission judiciaire du Sénat, Dick Durbin, au centre, avec le sénateur Lindsey Graham, à gauche, le membre le plus haut placé, lors d'une audience sur la lutte contre la recrudescence des crimes de haine en Amérique, au Capitole à Washington, le 17 septembre 2024. (AP/J. Scott Applewhite)

WASHINGTON (JTA) – Le gouvernement américain doit-il lutter spécifiquement contre l’antisémitisme ou bien le faire dans le cadre global de la lutte contre les préjugés ?

C’est la question qui a occupé – et divisé – sénateurs Républicains et Démocrates mardi lors d’une audience poignante, brièvement interrompue par des invectives antisémites.

La tension était manifeste dès le début des débats lorsque le président Démocrate de la commission judiciaire, le sénateur Richard Durbin de l’Illinois, et le principal membre Républicain, le sénateur Lindsey Graham de Caroline du Sud, se sont affrontés sur les buts-mêmes de l’audience ainsi que sur son appellation, « Omniprésence de la menace pour la justice : endiguer les crimes de haine en Amérique ».

Dans ses propos introductifs, Durbin a souligné, comme l’ont fait avant lui le FBI et les organisations de surveillance de l’extrémisme, que les violences avaient davantage tendance à venir de l’extrême droite que de l’extrême gauche, dont les manifestations contre la guerre d’Israël contre le Hamas à Gaza ont secoué les campus.

Graham et d’autres Républicains auraient souhaité que cette audience travaille uniquement sur l’antisémitisme sur les campus.

« L’objectif était d’avoir une audience sur les raisons pour lesquelles il est si difficile d’aller à l’école si vous êtes juif, et il est vraiment difficile d’aller dans ces écoles si vous êtes juif, on vous bouscule, on vous crache dessus », a-t-il déclaré. « Ce n’est pas l’audience que nous voulions, nous allons faire avec ce que nous avons. »

Le sénateur Ted Cruz, à gauche, et le sénateur Lindsey Graham avant le début d’une audience de la commission judiciaire du Sénat sur la façon d’endiguer les crimes de haine en Amérique, au Capitole à Washington, le 17 septembre 2024. (AP/J. Scott Applewhite)

Durbin a indiqué qu’il ne souhaitait pas mettre l’accent sur un type de sectarisme plutôt qu’un autre. Il a rappelé que se trouvaient dans le public des familles de victimes de la fusillade de la synagogue de Pittsburgh, en 2018, et de l’enfant américano-palestinien poignardé à mort par le propriétaire du logement de ses parents l’année dernière.

« Je ne crois pas que le fait de donner la priorité au groupe le plus discriminé soit pour nous une façon correcte d’exercer notre autorité ici », a déclaré Durbin. « Ce que nous essayons de faire, c’est d’identifier un problème en Amérique qui va au-delà de la population juive, à la population arabe, à la population palestinienne. Tous ces crimes de haine sont inacceptables. »

Les Républicains de la Chambre ont consacré d’importantes ressources à l’enquête sur l’antisémitisme sur les campus, mais relativement peu d’attention aux menaces de l’extrême droite, dont Durbin a souligné qu’elles étaient pressantes.

« Depuis 2000, selon les forces de l’ordre fédérales, les suprémacistes blancs sont responsables de davantage d’homicides que tout autre groupe extrémiste dans ce pays », a-t-il expliqué.

Ont notamment témoigné à l’audience Maya Berry, directrice exécutive de l’Institut arabo-américain, auteure d’une analyse complète de la recrudescence des attaques antijuives et antimusulmanes ces dernières années, et Kenneth Stern, directeur du Bard Center for the Study of Hate et auteur d’une définition populaire – mais controversée – de l’antisémitisme, tous deux invités par les Démocrates. Les Républicains avaient pour leur part invité Mark Goldfeder, directeur du Centre national de défense des droits des Juifs, qui a intenté des poursuites pour protéger les Juifs sur les campus.

Les nombreux va-et-vient, lors de cette audience, ont mis en évidence les tensions qui couvent depuis que l’administration Biden a lancé des mesures anti-extrémisme en 2022. Les organisations juives ayant déclaré que l’approche généraliste était trop diffuse, Biden avait installé un groupe de travail dédié à l’antisémitisme en décembre 2022, et au déploiement d’une stratégie de lutte contre l’antisémitisme en mai 2023. Plus tard cette année-là, la Maison-Blanche annonçait une stratégie nationale de lutte contre l’islamophobie.

Le rabbin Mark Goldfeder tient des copies de documents qui, selon lui, ont été exposés sur les campus universitaires, lors d’une audience de la commission judiciaire du Sénat sur la façon d’endiguer les crimes de haine en Amérique, au Capitole à Washington, le 17 septembre 2024. (Crédit : AP/Ben Curtis)

Les défenseurs de l’approche de la Maison-Blanche ont affirmé que les sectarismes étaient impossibles à isoler et pouvaient être combattus plus efficacement à l’unisson. Mais certains groupes conservateurs se sont plaints que la stratégie de lutte contre l’antisémitisme de Biden ait été diluée par l’adjonction d’autres formes de sectarisme, plus que jamais depuis que le Hamas a perpétré un pogrom en Israël le 7 octobre dernier.

« Ce comité devrait agir non seulement en général, mais spécifiquement sur ce que c’est que d’être juif en Amérique en 2024, et cela n’a rien de réjouissant », a déclaré Graham.

Stern et Goldfeder ont tous deux fait valoir que l’antisémitisme ne devait pas être considéré isolément, affirmant que son expression se répercutait sur le ciblage d’autres populations vulnérables. Stern a déclaré que l’inverse était également vrai : les attaques contre d’autres groupes minoritaires mettaient en danger les Juifs.

« L’antisémitisme est au cœur d’une théorie du complot qui postule que les Juifs conspirent pour nuire à l’humanité », a-t-il expliqué. « C’est supposé expliquer tout ce qui ne va pas dans le monde. Aussi bien à droite et à gauche. C’est aussi le fondement idéologique d’une grande partie du suprémacisme blanc. Nous avons tendance à penser que l’antisémitisme n’est que ce que les gens disent des Juifs ou d’Israël, en négligeant toutes les diffamations de nature à servir de courroie de transmission à l’antisémitisme. »

L’Orthodox Union, qui joue un rôle de tout premier plan dans la défense d’une stratégie antisémite, s’est dite indignée par ce qu’elle a qualifié de traitement « édulcoré » de l’antisémitisme par le comité.

« L’audience n’a pas réussi à se concentrer sur la menace unique et croissante à laquelle les communautés juives font face », a-t-elle déclaré par voie de communiqué. « Elle s’est contentée de présenter des témoins qui n’ont pas abordé de manière adéquate les défis spécifiques de l’antisémitisme et ont omis des voix clés des étudiants et des enseignants juifs touchés par cette haine. »

Maya Berry, directrice exécutive de l’Institut arabo-américain, à gauche, le rabbin Mark Goldfeder, directeur du National Jewish Advocacy Center, au centre, et Kenneth Stern, directeur du Bard Center for the Study of Hate, lors d’une audience de la commission judiciaire du Sénat à Washington, le 17 septembre 2024. (Crédit : AP/Ben Curtis)

Le sénateur Républicain du Texas Ted Cruz s’est fait l’écho de cette critique, en regrettant de « ne pas avoir obtenu une audience sur l’antisémitisme, mais une audience globale sur la haine ».

Pendant qu’il parlait, la police du Capitole a fait sortir un homme qui criait « Pu… de Juifs et d’Israéliens, et si vous parliez des 40 000 ! », allusion du nombre de Palestiniens supposés morts pendant la guerre d’Israël contre le Hamas, selon un bilan non vérifié diffusé par l’organisation terroriste. « Parlez de tous ces gens ! Pourquoi est-ce qu’on parle d’antisémitisme ? »

L’audience a été émaillée d’un autre moment de tension lorsque le sénateur John Kennedy, Républicain de Louisiane, a interrogé assez agressivement Berry, affirmant qu’elle soutenait le Hamas, le Hezbollah et l’Iran. Elle a assuré à plusieurs reprises que ce n’était pas le cas.

« Vous feriez bien de mettre votre tête dans un sac pour qu’on ne la voie pas ! » a crié Kennedy à Berry, sous les exclamations de la salle.

« Il est regrettable que je fasse moi-même et ici-même l’expérience du problème auquel nous tentons de trouver une solution aujourd’hui », lui a répondu Berry. « C’est hélas une grande déception, très révélatrice du danger qui guette en ce moment nos institutions démocratiques. »

L’Anti-Defamation League (ADL) a condamné la « théâtralité » de Kennedy.

« Tout comme il est antisémite de tenir la communauté juive responsable des actions de l’État d’Israël, il est erroné de désigner une Américaine d’origine arabe comme sympathisante des terroristes », a-t-il déclaré par voie de communiqué.

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