Elections GB : la guerre Israël/Hamas vaut au Labour plusieurs défaites symboliques
Le conflit a notamment été au cœur de la campagne de Jeremy Corbyn, réélu comme indépendant, qui a battu un candidat travailliste, ce qui constitue un affront pour Keir Starmer
La victoire écrasante du parti travailliste aux législatives britanniques est quelque peu ternie vendredi par une poignée de défaites symboliques face à des candidats qui ont axé leur campagne sur le conflit entre Israël et le Hamas, signe que le sujet restera sensible pour le futur gouvernement.
Source de tensions au sein du Labour depuis l’attaque sanglante perpétrée par le groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas le 7 octobre, la guerre menée en représailles par l’armée israélienne à Gaza depuis des mois avait déjà coûté des sièges au parti lors d’élections locales au printemps.
Et lors des législatives jeudi, au moins quatre candidats Labour ont été battus par des candidats indépendants qui réclamaient une meilleure prise en compte du drame humanitaire en cours à Gaza.
Le conflit a notamment été au cœur de la campagne de Jeremy Corbyn, ancien chef du Labour, réélu comme indépendant après avoir été exclu du parti qu’il avait dirigé de 2015 à 2020. Il a remporté la circonscription d’Islington North dans le nord de Londres qu’il représente depuis 1983, en battant largement le candidat travailliste Praful Nargund.
Cela coûte au nouveau parti majoritaire l’un de ses bastions et constitue un affront pour Keir Starmer.
« Le parti a clairement perdu du soutien dans certaines parties du pays en raison de sa position sur Gaza », a estimé la députée travailliste Zarah Sultana sur la BBC, s’inquiétant que sa formation soit « déconnectée » de l’électorat sur ce sujet.
Des manifestations massives ont eu lieu au Royaume-Uni depuis l’automne, en soutien aux Palestiniens et le sujet est très sensible pour la communauté musulmane du pays, traditionnellement acquise au Labour, mais aussi pour la gauche.
Keir Starmer s’est ainsi vu reprocher à l’automne son soutien très ferme à Israël face au Hamas et sa réticence à demander un cessez-le-feu à Gaza.
Depuis février, il réclame un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » et le programme du Labour mentionne une reconnaissance d’un Etat palestinien « quand le bon moment sera venu ».
Majorités plus courtes que prévu
Une autre figure travailliste, Jonathan Ashworth, qui était pressenti pour siéger au futur gouvernement, a lui été battu de justesse dans sa circonscription du Nord de l’Angleterre face à Shockat Adam, qui a largement évoqué le soutien aux Palestiniens dans sa campagne.
Dans d’autres circonscriptions, des personnalités travaillistes ont été réélues avec des majorités plus courtes que prévu.
Enfin, des sièges qui semblaient à la portée du Labour sont finalement restés dans l’escarcelle des conservateurs, en présence d’indépendants qui ont capté une partie du vote.
C’est le cas par exemple dans l’est de Londres, où l’ancien leader conservateur Iain Duncan Smith a été réélu. Le Labour y était concurrencé par son ancienne candidate, Faiza Shaheen, qui avait perdu l’investiture pour avoir « aimé » il y a plusieurs années des messages sur X considérés comme minimisant des accusations d’antisémitisme.
Elle s’était dite victime d' »islamophobie » et avait accusé la direction du Labour de l’avoir empêchée d’exprimer son soutien à la cause palestinienne.
Arrivé en 2020 à la tête du Labour, Keir Starmer s’est montré implacable envers Jeremy Corbyn, son prédécesseur, accusé d’avoir laissé prospérer l’antisémitisme au sein de la formation.
Après avoir été suspendu, M. Corbyn a été cette année interdit de se présenter aux législatives sous son étiquette historique et avait été exclu, au grand dam de l’aile gauche.
Il avait attiré de nombreux nouveaux adhérents avec un positionnement très à gauche mais avait subi une défaite cinglante lors des élections de 2019 face aux conservateurs dirigés par Boris Johnson, conduisant à sa démission.
En continuant de siéger à Westminster, il pourra se montrer critique de la politique du futur gouvernement de Keir Starmer en termes de politique étrangère et d’économie. Son programme, « faible », « n’offre pas d’alternative économique sérieuse à ce que font les conservateurs », a-t-il estimé vendredi matin.