Élections municipales : Les candidats du Meretz luttent pour trouver des fonds
Le parti de gauche, absent de la Knesset et endetté, a été un moteur des scrutins locaux durant des décennies - mais certains candidats ont renoncé à se présenter sous son étiquette
Alors que des manifestations massives balaient le pays depuis presque huit mois – un mouvement de protestation dirigé par des activistes libéraux qui s’inquiètent de l’érosion possible des valeurs qui sont les leurs dans le cadre du plan de refonte radicale du système judiciaire du gouvernement – il était facile de s’attendre à ce que le parti politique du Meretz se trouve au cœur de l’action.
Ce n’est pas le cas, pourtant. En fait, le Meretz – pionnier sur ce front depuis des décennies – s’est presque évaporé en amont des élections municipales prévues le 31 octobre.
Le plan de refonte du système de la justice israélien, dont la première législation a été adoptée à la Knesset au mois de juillet, a fait descendre dans les rues des centaines de milliers d’Israéliens. En plus des manifestations énormes qui ont eu lieu à Tel Aviv ou à Jérusalem, des rassemblements significatifs ont aussi réuni les protestataires dans des villes plus petites – et même dans des localités relativement conservatrices, comme Beer Sheva.
Toutefois, alors même que le mouvement de protestation tente de dynamiser les candidatures de personnalités libérales dans le cadre des élections municipales, ses efforts sont entravés par la situation financière très difficile du Meretz, qui avait échoué à franchir le seuil de représentation électorale qui lui aurait permis d’intégrer la Knesset lors du scrutin de l’année dernière.
Après ce vote, le déficit du Meretz avait été de 16 millions de shekels – et le remboursement de cette dette avait été rendu plus dur par l’absence des fonds qui sont normalement versés par l’État aux partis en activité. De plus, les factions qui ne sont pas représentées au parlement israélien n’ont pas le droit de financer des candidats qui se présentent à des scrutins locaux.
Les locaux ont ainsi le droit d’utiliser l’étiquette du Meretz mais sans les bénéfices financiers qui y étaient associés dans le passé.
Il n’y a pas de maire issu du Meretz en Israël actuellement, mais il y a 49 membres de conseils municipaux qui revendiquent leur appartenance au parti, certaines villes libérales se vantant d’en compter trois ou quatre. Un grand nombre des conseillers qui se présentent à leur réélection ont fait le choix de ne pas se présenter sous une bannière partisane, préférant conclure des alliances avec d’autres listes locales ou laïques ou avec des représentants d’Avoda et de Yesh Atid.
Le Meretz a encore le droit de conseiller les candidats et de les mettre en lien avec des activistes locaux – mais il ne peut ni leur donner, ni leur prêter de l’argent.
A Tel Aviv, Meital Lehavi, représentante du Meretz, a décidé de conserver le logo du parti dans son matériel de campagne. Lors d’un entretien accordé au début du mois à Zman Yisrael, le site hébréophone du Times of Israel, Lehavi avait déclaré que « dans le cas du Meretz, le public sait très exactement à quoi s’en tenir. Tout le monde comprend très bien que sous l’océan des drapeaux brandis sur la place Kaplan [dans le cadre du mouvement de protestation des opposants au plan de refonte radicale du système de la justice israélien], il y a les valeurs du Meretz ».
« J’ai le sentiment fort qu’une occasion a été manquée lorsque le Meretz n’est pas entré à la Knesset et j’espère que nous remporterons des sièges dans les villes libérales. Nous travaillons sans financement du parti et nous œuvrons à collecter des fonds auprès du public », avait-elle ajouté. « Malheureusement, nous payons tous le prix fort de l’absence du Meretz au sein de la Knesset actuelle ».
Lehavi avait indiqué qu’au mois de janvier, elle avait essayé de convaincre les 49 conseillers municipaux du Meretz de se regrouper et de tenter conjointement de lever des fonds auprès du public, notant que cette initiative avait échoué et que chaque candidat avait choisi de se présenter de manière indépendante.
A Jérusalem, Laura Wharton, membre du conseil municipal, utilise elle aussi la marque Meretz même si le logo du parti n’apparaît qu’en petits caractères sur son matériel de campagne et qu’elle se présente officiellement dans le cadre d’une nouvelle faction appelée « Jérusalem Démocratique ».
Wharton déclare à Zman qu’elle est optimiste en ce qui concerne les efforts visant à réunir les factions libérales, dans la capitale, dans le cadre d’un large bloc. Elle ajoute toutefois qu’elle a hésité à se présenter uniquement sous le nom du Meretz, craignant que la dette du parti ne lui soit imposée.
Pour sa part, Kati Piasecki a abandonné l’étiquette du Meretz dans sa tentative visant à se faire réélire au conseil municipal de Bat Yam, une localité de droite et conservatrice.
Ital Batzir Alsheh, ancienne présidente locale du Meretz et membre du conseil municipal de Rehovot, a fait le même choix.
« C’est comme ouvrir une nouvelle entreprise », explique-t-elle. « A ma grande déception, le Meretz est enlisé dans une forte dette, il n’a plus d’argent. Mais tous ceux qui se réveillent chaque matin avec en tête les valeurs du Meretz n’ont pas disparu. Je viens d’un foyer d’électeurs du Meretz, c’est dans mon ADN et ça restera toujours en nous ».