Israël en guerre - Jour 529

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En attendant l’aide des autorités, des proches scrutent les vidéos choquantes du Hamas

Les vidéos de propagande sont terribles pour les Israéliens sans nouvelles de leurs proches, mais elles aident d'autres à rester forts

Des terroristes palestiniens enlevant une civile israélienne, au centre, identifiée plus tard comme étant Yaffa Adar, âgée de 85 ans, du kibboutz Nir Oz pour la conduire dans la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. (Crédit : Hatem Ali/AP Photo)
Des terroristes palestiniens enlevant une civile israélienne, au centre, identifiée plus tard comme étant Yaffa Adar, âgée de 85 ans, du kibboutz Nir Oz pour la conduire dans la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. (Crédit : Hatem Ali/AP Photo)

Lorsque les images de l’enlèvement de Yaffa Adar, 85 ans, sont apparues sur les réseaux sociaux, des amis de la famille ont gentiment demandé à ses proches si elle était atteinte de démence.

Dans la vidéo filmée samedi, on pouvait voir Adar avec ses lunettes, assise bien droite sur la banquette d’une voiture, le menton levé.

Elle semble regarder autour d’elle, avec un léger sourire poli : elle parait calme. Trois jeunes hommes sont assis autour d’elle, parmi lesquels le conducteur et la personne qui filme cette scène surréaliste, qui rit et semble prendre la situation à la légère.

Mais selon sa petite-fille, Adva Adar, ceux qui connaissent Yaffa Adar savent qu’il n’y a rien d’étrange dans sa manière de gérer les événements. « Elle fait bonne figure, elle fait face aux événements et donne à ses ravisseurs un aperçu de la détermination inébranlable que nous lui connaissons », explique Adva Adar à propos de sa grand-mère, enlevée au kibboutz Beeri près d’Ofakim.

Cette vidéo, tout comme la photo montrant d’autres hommes en train de transporter Adar dans une voiturette de golf, font partie de ces innombrables images qui circulent sur les réseaux sociaux depuis la brutale et terrible attaque transfrontalière subie par Israël samedi, au cours de laquelle des centaines de terroristes du Hamas et d’autres, venus de Gaza, ont tué plus de 700 Israéliens, blessé plus de 2 000 personnes et enlevé un nombre d’otages estimé à une centaine.

Ces vidéos, souvent violentes et sanglantes, sont publiées sur X par des utilisateurs pro-palestiniens qui semblent s’en servir comme d’outils de guerre psychologique visant à démoraliser les Israéliens et ceux qui les soutiennent.

Adva Adar estime, elle, que la vidéo de sa grand-mère a exactement l’effet contraire.

« Je veux que les gens la voient, et je veux qu’ils s’inspirent de sa force et de son sang-froid. Puissions-nous tous trouver la force de montrer à ceux qui nous veulent du mal notre volonté et notre détermination ».

Lorsqu’on lui demande si elle pense revoir un jour sa grand-mère, elle fond en larmes. « Je ne sais pas quoi répondre à cette question. Je prie pour que ce soit le cas ».

Une mère et son fils tentent d’avoir des nouvelles d’un proche disparu, devant l’unité des personnes disparues de la police près de Tel Aviv, le 8 octobre 2023. (Crédit : Canaan Lidor / Times of Israel)

L’unique preuve

Certaines des vidéos diffusées suite aux attaques de samedi – comme par exemple celle de la dizaine d’enfants qui figureraient parmi les Israéliens enlevés et détenus par le Hamas – ont suscité une intense émotion chez ceux qui les ont vues. Il sont des centaines, proches et amis, à scruter ces photos et vidéos à la recherche de signes de vie de leurs proches, disparus depuis l’assaut de samedi matin.

L’une des histoires les plus bouleversantes est sans doute celle de Yoni Asher, qui pense que ses deux filles, âgées de 2 et 4 ans, ainsi que sa femme et sa belle-mère, ont été enlevées lors de l’attaque de Nir Oz, l’un des kibboutzim situés près de la bande de Gaza.

« J’ai vu le téléphone de ma femme à Khan Yunis », a-t-il déclaré à la chaîne publique Kan. « J’ai contacté la police, le commandement du front intérieur, et je ne sais pas ce qui se passe. J’ai besoin de votre aide pour contacter ma femme, mes filles et ma belle-mère. »

Uri Rawitz, un acteur de théâtre, a publié dimanche une photo de sa mère, âgée de 84 ans, vue pour la dernière fois dans le kibboutz de Nachal Oz. La photo, tirée d’une vidéo diffusée par des Palestiniens sur les réseaux sociaux, donne à voir sa mère, assise sur une moto avec une autre femme prise en sandwich entre deux hommes armés et barbus qui se font face.

« Cette photo est la seule preuve de l’endroit où elle se trouve en ce moment », a écrit Rawitz, persuadé que sa mère se trouve à Gaza. « Personne ne s’occupe d’elle. Personne ne nous donne d’information ou d’aide. Les personnes installées non loin de la bande de Gaza continuent à être traitées négligemment, même après les horreurs qui se sont produites. »

La mère d’Uri Rawitz, deuxième à partir de la gauche, avec une autre femme otage, peu après leur enlèvement par des terroristes du Hamas au kibboutz Nachal Oz, en Israël, le 7 octobre 2023. (Facebook, utilisé conformément à l’article 27a de la loi sur les droits d’auteur)

Comme beaucoup d’autres images d’Israéliens enlevés, blessés ou morts, la photo que Rawitz a postée sur sa page Facebook dimanche, assorti d’un texte en hébreu, a suscité un torrent de réactions jubilatoires, la plupart en arabe. Certains commentateurs l’ont assortie d’emojis souriants, d’autres ont posté des mèmes de grands éclats de rire.

Dimanche, la police a mis en place une cellule de crise, non loin de l’aéroport Ben Gurion, où les proches de personnes portées disparues peuvent se rendre et obtenir des conseils, ainsi que toute information que la police juge bon de divulguer.

« C’est peu », estime Kobi Kimchi, 49 ans, à propos des informations qui lui ont été données. Son fils Ofek, âgé de 23 ans, est porté disparu depuis samedi matin, moment où il a rejoint des dizaines d’autres jeunes Israéliens pour une rave party nocturne, en pleine nature, près du kibboutz Reim – où près de 260 personnes ont été massacrées.

« Je veux simplement savoir s’il est mort ou s’il a été enlevé. Cela semble être l’explication la plus plausible à l’heure actuelle. Mais la police ne semble pas avoir ce genre d’informations ». Kimchi fait en sorte de ne pas regarder de vidéos de Gaza. « C’est un cauchemar. Des fragments et des rumeurs. »

Une de ces fêtardes, identifiée plus tard comme étant Shani Louk, 23 ans, est apparue dans une vidéo inhumaine et sans filtre – suscitant un intense débat sur les réseaux sociaux.

On y voit Louk, qui a la double nationalité germano-israélienne, allongée, dévêtue, face contre terre, à l’arrière d’un pick-up. Un homme lui tire les cheveux, tandis qu’un autre met sa jambe sur ses fesses et ses jambes, qui présentent une angle peu naturel. Extatiques, les hommes à bord de la camionnette et dans les alentours crient « Allah hu akbar », en arabe « Allah est le plus grand ». Ils montrent le poing lorsque le camion se met en route et qu’un autre lui crache sur sa tête ensanglantée.

Ricarda Louk, sa mère, a publié une vidéo dans laquelle elle demande plus d’informations sur ce qui est arrivé à sa fille.

Sa fille, explique Louk en allemand, « a été enlevée par le Hamas palestinien. On m’a envoyé une vidéo dans laquelle je vois clairement ma fille, inconsciente, dans un véhicule avec des Palestiniens ». « S’il vous plaît envoyez de l’aide ou des informations. »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a chargé le général de brigade Gal Hirsh du cas des personnes enlevées et disparues, a annoncé dimanche le cabinet de Netanyahu. Par voie de communiqué publié dimanche, Netanyahu a déclaré que les Israéliens « priaient » pour le retour de ceux qui ont été enlevés et que ceux qui leur feraient du mal seraient « traités en conséquence ».

Cela pourrait prendre des mois

Shelly Haroush, commandante de police chargée de la liaison avec les familles des disparus, a fait savoir que la police consacrait « d’importants moyens à l’identification et la localisation des personnes disparues ». Mais, a-t-elle ajouté lors d’une conférence de presse dimanche, « cela va prendre du temps. Des jours, des semaines. Des mois peut-être. Il faudra être patients. »

Iris et Eliran Zarbailov, le 8 octobre 2023, cherchent dans un poste de police près de Tel Aviv, en Israël, des informations sur leur mère, Michal, d’Ofakim, disparue la veille près de la bande de Gaza. (Crédit : Times of Israel/Canaan Lidor)

Devant le centre d’information de la police destiné aux proches des disparus, Iris et Eliran Zarbailov – qui sont frère et sœur – pleurent en regardant la vidéo d’une femme qui ressemble à leur mère, Michal, disparue près de Gaza samedi.

« Je ne peux pas regarder, ce sont les tongs de maman ? », demande Iris Zarbailov à son frère, Eliran, qui examine une autre vidéo publiée en ligne supposée montrer des Israéliens enlevés à Gaza. Eliran lui répond que ce n’est pas le cas.

Il se souvient des plats préparés par sa mère, pour Shabbat, avant son départ pour la mer Morte depuis son domicile d’Ofakim. Les terroristes l’ont peut-être enlevée, elle et son ami, alors qu’ils traversaient la zone tenue par les terroristes, explique Elirav Zarbalov.

Trois femmes fumant et discutant à l’extérieur d’une unité de police pour personnes disparues près de Tel Aviv, en Israël, le 8 octobre 2023. (Crédit : Canaan Lidor/Times of Israel)

« Je ne sais pas pourquoi je pense soudainement à ces plats, que nous avons mis dans le réfrigérateur pour qu’ils se conservent », dit le fils. « Nous avons maintenant de plus gros problèmes que les restes. »

Sa sœur Iris le reprend. « Tu penses à ces plats parce que c’est l’une des façons dont maman a toujours pris soin de nous, avec tout son amour », dit Iris à son frère avant de le serrer dans ses bras et de pleurer avec lui devant le poste de police.

A l’instar des dizaines de proches venus au centre d’information de la police dimanche pour obtenir des informations sur leurs proches disparus, Eliran Zarbailov alterne entre témoignages d’amour pour sa mère et colère envers les terroristes palestiniens en général. « Il faut raser Gaza. Tout détruire. Il faut en faire un parking ».

Kimchi dit pour sa part « tirer de la force du fait d’être en compagnie de personnes qui vivent la même épreuve ».

« Nous n’avons pas de nouvelles informations pour l’instant, mais au moins nous nous soutenons », dit-il. « Et être ici ensemble, c’est mieux que de tourner entre quatre murs à la maison. »

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