En Israël, inégalités salariales et sous-représentation des femmes à l’échelon local
Matanyahu Englman dénonce aussi des disparités dans tous les domaines de la vie entre les Israéliens d'origine éthiopienne et le reste de la population juive
Le contrôleur de l’État, Matanyahu Englman, a appelé mardi les autorités locales de tout Israël à « formuler un plan stratégique pour réduire les écarts entre les hommes et les femmes parmi les employés », dans un nouveau rapport soulignant les disparités persistantes en matière de rémunération et de représentation des femmes parmi les élus à l’échelon municipal.
« Les conclusions de l’audit sur la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes dans les collectivités locales mettent en évidence l’ampleur des écarts qui subsistent entre les salaires des employés masculins et féminins dans les collectivités locales », a écrit Englman, précisant que le salaire mensuel moyen des employées était égal à 69 % seulement de celui de leurs homologues masculins.
Il a également noté que seuls 20 % des élus locaux et 26 % des hauts fonctionnaires des autorités locales étaient des femmes. En outre, en novembre dernier, seules 5 % des autorités locales (14 sur 257) étaient dirigées par des femmes.
Ces disparités sont encore plus importantes dans les collectivités à faible niveau socio-économique, celles situées dans les zones dites périphériques et celles qui desservent des populations non juives ou ultra-orthodoxes.
« Face à ces questions et à la baisse du classement d’Israël dans l’indice mondial des disparités entre les sexes, il est de plus en plus important de prendre des mesures proactives pour promouvoir l’égalité des sexes et réduire les disparités entre les sexes au sein des autorités locales », a déclaré Englman.
Le contrôleur a demandé au ministère de l’Intérieur de collaborer avec l’Autorité pour la promotion du statut des femmes et l’Union des conseillers des maires sur le statut des femmes en Israël, et aux « organismes gouvernementaux de réglementation de travailler ensemble pour établir des objectifs nationaux de réduction des écarts entre les sexes et consolider un plan d’action ordonné et systématique pour contrôler et imposer le respect de ces objectifs ».
En juin dernier, Israël s’est classé 83e sur 146 pays dans le Global Gender Gap Report du Forum économique mondial, un classement annuel sur l’égalité des sexes, perdant 23 places par rapport à 2022.
Le score d’Israël est de 0,701, ce qui signifie que le pays a comblé 70,1 % de l’écart entre les hommes et les femmes dans les quatre domaines mesurés et que l’écart moyen entre les hommes et les femmes est encore de 29,9 %. Le pays est passé d’un score de 0,727 l’année dernière à son plus mauvais score depuis dix ans.
En ce qui concerne la participation et les opportunités économiques, Israël est passé de la 69e à la 75e place, l’écart entre les hommes et les femmes ayant été comblé à 68,8 %.
Selon les chiffres publiés par la Banque d’Israël en décembre 2023, « les écarts de salaires entre les hommes et les femmes en Israël sont parmi les plus élevés de l’OCDE », les femmes sont « surreprésentées dans les industries qui paient des salaires plus bas » et, en 2019, l’écart salarial entre les hommes et les femmes s’élevait à 30 %.
Les disparités raciales subsistent
Le rapport du contrôleur de l’État indique également que les Israéliens d’origine éthiopienne sont toujours à la traîne par rapport à leurs pairs dans un certain nombre de domaines, et qu’ils constituent « l’un des groupes dont l’intégration optimale dans la société n’est pas encore achevée ».
« Plus de 40 ans après les grandes vagues d’immigration de Juifs éthiopiens en Israël, de véritables écarts dans tous les domaines de la vie entre les Éthiopiens et le reste de la population juive en Israël subsistent », a écrit Englman, notant que, selon une étude réalisée en janvier 2023, les Israéliens éthiopiens nés entre 1979 et 1983 gagnaient 33 % de moins que le salaire moyen du reste de la population juive.
De plus, alors que l’initiative gouvernementale New Way – dont l’objectif est de promouvoir l’intégration des Éthiopiens – a porté ses fruits, il n’y a aucune coordination entre le Bureau du Premier ministre et le ministère de l’Intérieur sur le sujet.
Pour cette raison et « en l’absence de contrôle de la part des ministères gouvernementaux et des autorités locales en ce qui concerne le budget, une proportion très partielle des budgets alloués au programme ont été utilisés, parfois dans une ampleur qui est à même de susciter des inquiétudes s’agissant de la nature et de la portée des activités menées », estime Englman.
A la fin de l’année 2022, 168 900 Juifs d’origine éthiopienne vivaient en Israël. Cela fait longtemps que les activistes communautaires se plaignent d’un racisme institutionnel et des violences dont ils sont victimes de la part des forces de l’ordre.
Les statistiques révèlent qu’il y a d’importantes inégalités entre la communauté éthiopienne, en Israël, et le reste de la population.
Les soldats éthiopiens sont envoyés dans les prisons militaires à un taux disproportionnellement plus élevé que ceux des autres groupes et les civils sont arrêtés par la police à un pourcentage supérieur à celui de la population en général. En 2017, approximativement 4 % des soldats de Tsahal étaient d’origine éthiopienne et pourtant, ils représentaient 15,07% des soldates incarcérées et 10,78% des soldats emprisonnés, selon l’Association des Juifs éthiopiens.
Selon un rapport établi en 2020 par l’Unité de coordination contre le racisme, qui dépend du gouvernement, le nombre de plaintes reçues pour discrimination raciale avait été multiplié par deux en 2019, 37% d’entre elles provenant de la communauté éthiopienne. Le rapport avait aussi fait remarquer que si les Juifs éthiopiens représentaient 1,7% de la population, le taux d’arrestation, au sein de la communauté, était de 3,27%. L’Unité avait été établie sur la recommandation d’une commission qui avait été créée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu suite à une vague de mouvements de protestation qui avaient secoué le pays, en 2015.
Dans un entretien accordé au mois de juin 2020, Aweke « Kobi » Zena, qui était alors coordinateur de l’Unité nationale contre le racisme, avait déclaré que la police ne luttait pas suffisamment contre le racisme systémique, ajoutant qu’il espérait qu’un jour, « elle sera prête à comprendre qu’il y a réellement un problème dans ses pratiques de maintien de l’ordre ».
La JTA et l’équipe du Times of Israel ont contribué à cet article.