Enquête en Irak après la visite de 3 délégations qui seraient venues en Israël
Selon Hadashot TV, les voyages secrets visaient à établir les bases de futurs liens ; les Irakiens ont visité Yad Vashem, vu des universitaires, discuté du patrimoine juif irakien
Dans une série de visites sans précédent, trois délégations de représentants locaux irakiens se seraient rendues en Israël ces derniers mois et auraient rencontré des responsables israéliens.
Ce sont au total 15 Irakiens qui ont rencontré des universitaires israéliens, visité le mémorial de la Shoah de Yad Vashem et, surtout, rencontré des représentants du gouvernement israélien, a rapporté la chaîne d’information Hadashot dimanche soir.
L’Irak est en guerre contre Israël et soutient fermement le boycott d’Israël de la Ligue arabe. Ses passeports ne sont pas valables pour se rendre en Israël.
Les groupes ont effectué ces visites, fermement désignées comme non officielles, dans le plus grand secret, selon le reportage télévisé, en partie pour éviter de contrarier les voisins iraniens de l’Irak.
Le premier adjoint du président du Parlement irakien, Hassan Karim al-Kaabi, a réclamé lundi dans un communiqué « une enquête » de l’Assemblée pour « identifier ceux qui se seraient rendus en territoire occupé, en particulier si ce sont des députés », faisant référence à Israël.
« Se rendre en territoire occupé est une ligne rouge et une affaire extrêmement sensible pour tous les musulmans », selon ce proche du leader chiite Moqtada Sadr.
Les dirigeants irakiens locaux ne venaient pas du Kurdistan irakien, souligne le reportage télévisé, mais plutôt de « l’Irak à proprement parler – c’est-à-dire de Bagdad”. Les trois délégations étaient composées de membres sunnites et chiites – « influents en Irak ».
Les voyages étaient principalement de « nature socio-culturelle », selon le reportage télévisé, et comprenaient également des rencontres avec des organisations s’intéressant au patrimoine juif irakien. L’objectif était de « construire les bases des relations futures » entre l’Irak et Israël, ces délégués retournant en Irak en tant que « futurs ambassadeurs » d’Israël dans leur pays.
Le reportage ne mentionne aucun nom des membres des délégations irakiennes et ne précise pas avec quels responsables israéliens ils se sont entretenus. Il indiquait que la visite la plus récente remontait au mois dernier.
L’Irak est officiellement en état de guerre avec Israël depuis le début de son histoire moderne, et ses forces ont participé aux guerres de 1967 et 1973 contre Israël.
En 1981, l’armée de l’air israélienne détruisait le réacteur nucléaire construit par le président irakien Saddam Hussein à Osirak. Dix ans plus tard, lors de la première guerre du Golfe, Saddam avait tiré plus de 40 missiles Scud sur Israël.
Néanmoins, d’après le reportage télévisé, dans un contexte d’hostilité régionale générale à l’égard de l’Etat juif, la population irakienne est « relativement favorable » à Israël, un facteur qui aurait permis les récentes visites.
En mai dernier, le ministère israélien des Affaires étrangères a ouvert une page Facebook consacrée exclusivement à la promotion des liens avec l’Irak. Les diplomates à Jérusalem déclaraient que la page en langue arabe servirait « de sorte d’ambassade numérique » dans ce pays déchiré par la guerre.
Au cours des derniers mois, Israël a intensifié ses efforts pour tendre la main au pays, faisant valoir que les Irakiens étaient intéressés par l’établissement de relations avec l’État juif.
Un mois plus tard, la représentante de l’Irak au concours de Miss Univers 2017, s’est rendue en Israël et y a retrouvé Miss Israël. Sarah Idan, née en Irak, vit aux États-Unis, mais sa famille avait été forcée de quitter le pays arabe après la propagation virale de sa photo avec Adar Gandelsman, sa concurrente israélienne.
La communauté juive irakienne est la plus ancienne en dehors d’Israël, remontant au prophète Abraham, qui vivait à Ur dans le sud de l’Irak. En 1950-1952, quelque 120 à 130 000 Juifs avaient été amenés par avion en Israël, ramenant à environ 10 000 personnes le nombre de Juifs irakiens restés dans le pays. Aujourd’hui, on pense qu’ils ne sont plus qu’une poignée.