Éric Danon : il est nécessaire « qu’on aille vers une disparition progressive de l’UNRWA »
L'ancien ambassadeur de France en Israël partage son analyse sur l'ONU et estime que le commissaire général de l'UNRWA aurait dû démissionner
Le diplomate français Éric Danon, chef de la délégation française lors de négociations aux Nations unies et ancien ambassadeur de France en Israël, s’est exprimé dans les colonnes du Journal du Dimanche pour partager sa lecture des tendances générales à l’ONU aujourd’hui et parler de l’avenir de l’UNRWA, l’agence pour les réfugiés palestiniens.
Il estime que le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, aurait dû démissionner quand l’armée israélienne a révélé que des écoles et hôpitaux de l’agence étaient utilisés comme caches d’armes par le Hamas à Gaza. Et d’autant plus lorsqu’a été révélée l’identité d’employés de l’UNRWA qui ont participé à l’attaque du 7 octobre par le Hamas.
« Le problème le plus grave est que l’UNRWA participe à la pérennisation du problème palestinien en contribuant à maintenir le statut de ‘réfugié’ pour les Palestiniens, y compris dans les territoires palestiniens eux-mêmes », a déclaré Éric Danon.
Interrogé sur le financement de l’UNRWA, suspendu en janvier après le scandale puis restauré, Éric Danon affirme qu’il est « nécessaire de mettre en place un plan sur trois ou quatre ans pour que les pays qui financent l’UNRWA, notamment les pays occidentaux, fassent évoluer l’agence et qu’on aille vers une disparition progressive de l’UNRWA ».
Mais faire disparaître l’UNRWA impliquerait de renforcer la capacité de l’Autorité palestinienne à subvenir aux besoins de la population. Or, le diplomate met également en évidence un dilemme profond : « Si on ne les aide pas [les Palestiniens], cela pourrait déclencher de graves troubles en Cisjordanie, voire une intifada. Mais si on les finance, une part des sommes versées risque d’être détournée vers des terroristes ou leurs familles. »
Au sujet de l’avenir de l’ONU, Éric Danon explique qu’elle « n’a jamais pu assurer parfaitement cette mission fondamentale » de maintien de la paix. D’autant que le Conseil de sécurité, « s’il est paralysé par des veto des membres permanents, les Nations unies ne peuvent [alors] jouer leur rôle pour faire baisser les tensions internationales et progresser la paix ».
Le diplomate dit par ailleurs du secrétaire général de l’organisation, Antonio Guterres, que son bilan est « bien maigre ». Il ajoute que « sous sa direction, l’ONU montre son inefficacité dans la résolution des conflits actuels ».
Enfin, Éric Danon a tenu à exprimer son inquiétude face aux critiques qui prennent de plus en plus de place au sein de l’organisation contre l’ancien colonisateur occidental.
« Pour les jeunes générations, le mal absolu n’est plus la Shoah mais le colonialisme » dit-il. Des critiques contre l’Occident sont, selon lui, relayées chaque jour à l’ONU, témoignant d’une fracture grandissante entre Occident et Sud global.