Israël en guerre - Jour 643

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Interview

Exposition : la « folie humaine » d’Auschwitz-Birkenau vu par le photographe Depardon

Des dizaines de clichés de la découverte, en hélicoptère en 1979, du camp d'extermination nazi, font l'objet d'une exposition au mémorial de la Shoah à Paris

Le photographe français Raymond Depardon dans l'exposition consacrée à son travail sur le camp d'extermination d'Auschwitz au Mémorial de la Shoah à Paris, le 25 juin 2025. (Crédit : JOEL SAGET / AFP)
Le photographe français Raymond Depardon dans l'exposition consacrée à son travail sur le camp d'extermination d'Auschwitz au Mémorial de la Shoah à Paris, le 25 juin 2025. (Crédit : JOEL SAGET / AFP)

« Là tu te dis c’est la folie humaine »: c’est ainsi que le photographe français Raymond Depardon, 82 ans, décrit à l’AFP sa découverte en hélicoptère, en 1979, du camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau, objet d’une exposition inédite au Mémorial de la Shoah à Paris.

« Tu vois des choses que tu ne vois pas au sol et là tu te dis c’est la folie humaine (…) on ne peut comparer cela à rien, je n’avais jamais vu ça », ajoute celui qui a été l’un des tout premiers photographes professionnels occidentaux à photographier le site de plus de 40 km2 situé près de la petite ville d’Oswiecim (Pologne), entré la même année au patrimoine mondial de l’Unesco.

Plus d’un million de personnes dont 90% de Juifs y ont été exterminées pendant la Seconde Guerre mondiale.

« Pour moi ce camp c’était toute la guerre », ajoute cet « enfant de l’après-guerre » qui raconte avoir grandi dans la ferme de ses parents près de Villefranche-sur-Saône (Rhône), où travaillaient « deux prisonniers allemands » qui lui ont fabriqué une « luge » et qu’il voyait comme des « hommes normaux », son seul souvenir de la guerre.

Baraquements, quai de gare, potences, miradors, barbelés, chambres à gaz, fours crématoires… Les photographies en noir et blanc qu’il a réalisées à Auschwitz-Birkenau ont été reproduites en très grand format sur les murs de deux salles du Mémorial.

Des dizaines de planches contact de ce reportage commandé par Paris-Match sont également exposées aux côtés de magazines et extraits de journaux internationaux où elles ont été publiées à l’époque.

Le photographe français Raymond Depardon dans l’exposition consacrée à son travail sur le camp d’extermination d’Auschwitz au Mémorial de la Shoah à Paris, le 25 juin 2025. (Crédit : JOEL SAGET / AFP)

Parmi elles : une célèbre vue de la voie ferrée enneigée qui acheminait les convois de déportés jusqu’aux camps de la mort.

« Energie de l’enfermement »

« L’un des premiers convois, c’est le jour de ma naissance le 6 juillet 1942 (…) c’est un peu comme s’il avait été écrit que je devais faire ces photos », souligne le photographe, qui décrit un travail réalisé avec une « énergie de l’enfermement » qu’il ne s’explique toujours pas aujourd’hui.

« Les vues que j’ai faites sont inouïes parce que d’abord j’ai demandé du temps, j’ai survolé un peu autour, c’était très impressionnant car j’ai vu plein de petites fermes, des poules en liberté dans la neige, des petites fermes très modestes », raconte le photographe qui a survolé le site à bord d’un hélicoptère soviétique venu de Varsovie.

Au sol, il y avait, « la neige, le froid, les bouleaux » décharnés, mais ce qui l’a le plus frappé, dit-il, « c’est la parfaite organisation » de ce complexe en parfait état de conservation.

Il peine à décrire cet univers concentrationnaire avec des mots et pose sa main sur un mur où ses clichés en gros plan de cristaux de gaz toxique Zyklon B  (que les nazis utilisaient dans les chambres à gaz) ou de la porte d’un four crématoire entrouverte, parlent d’eux-mêmes.

Il évoque aussi avec émotion le film réalisé par les soldats de l’Armée rouge entrés à Auschwitz-Birkenau le 27 janvier 1945, « tous des jeunes qui ont 18, 20 ans et qui filment à la (Sergeï) Eisenstein (pionnier du cinéma soviétique, NDLR) », sans doute le « film le plus émouvant » qu’il ait jamais vu.

« Souvent la mort ça se sent, là en l’occurrence ce n’est pas le cas. La deuxième chose qui vient avec la mort c’est sans doute la lumière, là on voit l’apocalypse, la fin », ajoute le photographe, connu pour ses innombrables reportages en Afrique mais aussi pour ses documentaires sur le monde paysan, la vie d’un commissariat ou les urgences psychiatriques.

« Je sais qu’il y a des résistants polonais qui ont fabriqué un appareil photo (à l’époque, NDLR) pour garder une trace parce que la première chose que j’imagine, et je pense c’est dans l’esprit de tous ces gens qu’on a sacrifiés, c’est que c’est bien de garder une trace », ajoute-t-il, « content » que ses photos aient trouvé « leur place » au Mémorial de la Shoah.

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