Fatah et Hamas organisent un rassemblement « historique » à Gaza contre l’annexion
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le chef du groupe terroriste Hamas Ismail Haniyeh s'exprimeront lors de l'événement
Le secrétaire général du Fatah, Jibril Rajoub, a annoncé lundi que les factions palestiniennes rivales du Fatah et du Hamas organiseront un rassemblement commun dans la bande de Gaza contre l’annexion israélienne « dans les prochains jours », selon un communiqué publié par l’agence de presse officielle de l’Autorité palestinienne WAFA.
« Le rassemblement sera un point historique dans la consolidation de la position palestinienne unie face au projet d’annexion », a déclaré Jibril Rajoub, se référant au plan déclaré d’Israël d’annexer des parties de la Cisjordanie conformément au plan de paix controversé du président américain Donald Trump – un plan qui, ces dernières semaines, semble avoir été mis en veilleuse dans un contexte de résurgence du coronavirus et d’une Maison Blanche hésitante.
Selon le secrétaire général du Fatah, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et d’autres « dirigeants nationaux » prendront la parole lors de l’événement. Le communiqué n’indique pas clairement si Abbas y participera par visioconférence, bien que cela soit très probable.
Le chef de l’organisation terroriste du Hamas, Ismail Haniyeh, s’exprimera également lors de l’événement, indique Khalil al-Hayya, membre du bureau politique du Hamas.
« C’est un message pour toutes les parties. Nous soulignons la position unifiée de notre peuple dans toutes ses factions et forces, où qu’elles soient situées, contre le plan d’annexion », a déclaré al-Hayya.
Le Fatah et le groupe terroriste Hamas basé à Gaza sont amèrement divisés depuis 2007, lorsqu’une guerre civile sanglante entre les deux mouvements palestiniens rivaux s’est terminée par l’expulsion du Fatah de la bande de Gaza par le Hamas. Plusieurs tentatives ont été faites depuis lors pour réparer la brèche dans la politique palestinienne, mais aucune n’a abouti jusqu’à présent.
Jibril Rajoub a commenté que le rassemblement conjoint enverrait un message d’unité palestinienne au monde, tout en soulignant que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) dominée par le Fatah resterait aux commandes.
« Nous devons élever la voix du peuple palestinien uni, qui adhère à la création d’un État indépendant avec Jérusalem comme capitale, basé sur les frontières de 1967 et le retour des réfugiés conformément au droit international, sous la direction de l’Organisation de libération de la Palestine », a-t-il fait savoir.
Dans ce qu’ils ont appelé un pas vers « l’unité nationale », Jibril Rajoub et le député du Hamas Salih al-Arouri ont tenu une conférence de presse le 2 juillet, dans laquelle ils ont annoncé que les deux mouvements se coordonneraient dans leurs actions de lutte contre l’annexion.
Arouri a dirigé de nombreuses attaques terroristes contre des soldats et des civils israéliens, dont le meurtre de trois adolescents israéliens en Cisjordanie en 2014. En 2018, le Département d’État américain a versé une prime de 5 millions de dollars pour sa capture.
« Toutes les questions controversées sur lesquelles nous divergeons, nous les mettrons de côté… Le Fatah et toutes les factions palestiniennes sont confrontés à une menace existentielle, et nous devons travailler ensemble », a commenté M. Arouri.
Arouri a déclaré que la coordination entre les deux organisations marquerait le début « [d’]une nouvelle phase qui sera un service stratégique pour notre peuple », soulignant que le Hamas utiliserait « toutes les formes de lutte et de résistance contre le projet d’annexion ».
L’annonce a été reçue avec un large scepticisme par les Palestiniens, qui ont vu de nombreuses tentatives de réconciliation – et même des gouvernements d’unité sur le papier – aller et venir sans résultats tangibles. Alors que les deux dirigeants ont cherché à minimiser les différences entre les deux organisations, beaucoup ont semblé douter que cette fois-ci serait différente.
« Notre peuple est extrêmement sceptique quant au potentiel d’unité nationale. Les tentatives précédentes n’ont pas eu d’impact sur le terrain », a reconnu le député du Hamas Hussam Badran lors d’une conférence de presse ultérieure avec Ahmad Hilles, membre du Comité central du Fatah.
Un rassemblement commun avec un discours de Mahmoud Abbas, qui n’aime guère le groupe terroriste qui a expulsé son mouvement vers la bande de Gaza, pourrait apaiser une partie du cynisme des Palestiniens quant au potentiel de réconciliation.
Cependant, de profondes divisions entre les deux groupes subsistent encore. Alors que les responsables du Fatah ont fait des déclarations ces dernières semaines sur la coopération avec le Hamas, l’Autorité palestinienne dominée par le Fatah ne semble pas avoir permis au groupe terroriste d’avoir les coudées plus franches en Cisjordanie.
Le jour même où Rajoub et al-Arouri ont tenu leur conférence de presse, les forces de sécurité de l’AP ont interrompu un rassemblement à Jénine au cours duquel des drapeaux du Hamas avaient été hissés. Le Hamas a condamné cette action, appelant l’AP à « préserver l’esprit d’unité », selon l’agence de presse Safa, liée au Hamas.