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Fermeture de la Knesset : Edelstein et Netanyahu qualifiés d’anti-démocratiques

Le Likud est accusé par Kakhol lavan de profiter de la crise sanitaire pour se maintenir illégalement au pouvoir ; Edelstein promet d'autoriser le vote en commission lundi

Le président de la Knesset Yuli Edelstein s'exprime devant les nouveaux élus avant leur cérémonie d'intronisation pour la 21e Knesset, le 29 avril 2019. (Noam Revkin Fenton/Flash90)
Le président de la Knesset Yuli Edelstein s'exprime devant les nouveaux élus avant leur cérémonie d'intronisation pour la 21e Knesset, le 29 avril 2019. (Noam Revkin Fenton/Flash90)

Un député Kakhol lavan a menacé d’interrompre les pourparlers d’unité avec le Likud, les législateurs étant tenus à l’écart de la Knesset jeudi, au milieu d’une lutte de pouvoir acharnée qui a suscité des accusations de conduite dictatoriale par le gouvernement intérimaire sous couvert de l’urgence sanitaire du coronavirus.

Le président de la Knesset, Yuli Edelstein, a défendu sa décision de maintenir la plénière fermée tout au long de la semaine – sur fond de critiques et d’accusations cinglantes qu’il portait à l’encontre de la démocratie israélienne – et s’est engagé à former les commissions de la législature qui viennent de prêter serment lundi, en attribuant le retard au refus des partis de faire des compromis sur la composition des commissions.

Le député Kakhol lavan Ofer Shelah a déclaré que les discussions avec le Likud sur un éventuel gouvernement d’union pour faire face à la crise sanitaire devraient être gelées jusqu’à ce que la Knesset soit rouverte par Edelstein et autorisée à commencer à former des comités.

« Sous le couvert d’une crise nationale, Benjamin Netanyahu cherche à annuler les résultats des élections, à paralyser la Knesset et à détruire les fondations de l’État », a-t-il tweeté. « Chaque député devrait se consacrer dès maintenant à un seul combat : le combat pour les fondements de notre vie en tant que nation démocratique. Le reste attendra ».

Mercredi, Edelstein, du parti Likud de Netanyahu, a ordonné la fermeture de la Knesset au moins jusqu’à lundi après que le parti Kakhol lavan a refusé sa proposition d’avoir une représentation égale à celle du Likud au sein de la Commission des Arrangements de la Knesset, qui est chargée de superviser la formation et le fonctionnement du Parlement.

Edelstein a déclaré jeudi à la radio de l’armée qu’il veillerait à ce que tous les députés puissent voter sur la formation des commissions après que les parties ne sont pas parvenues à un accord sur leur composition.

Kakhol lavan et le Likud se sont battus pour le contrôle et la dotation en personnel des commissions du nouveau Parlement. Le président de Kakhol lavan Benny Gantz a été chargé par le président cette semaine de former un gouvernement après avoir reçu le soutien de 61 députés, bien que le parti de Netanyahu ait reçu plus de sièges que le sien.

Mercredi soir, le conseiller juridique de la Knesset, Eyal Yinon, a chargé Edelstein de permettre la formation de la commission des Arrangements – qui supervise la création des autres commissions – dès que possible et a déclaré que si aucun accord n’était trouvé d’ici le début de la semaine, la question devrait être soumise à un vote en plénière sans délai. Le Likud risque de perdre un tel vote car il n’a pas obtenu de majorité parlementaire.

Jeudi, l’Institut israélien pour la démocratie a averti Edelstein que le fait de ne pas permettre la formation de la commission des Arrangements « outrepasse de manière flagrante » les limites de son bureau et « constitue un mépris inacceptable des règles fondamentales de la démocratie ».

Le chef du parti Kakhol lavan Benny Gantz tient une conférence de presse à Kfar Maccabiah, le 7 mars 2020. (Crédit : Tomer Neuberg / Flash90)

Le Mouvement pour un gouvernement de qualité en Israël a demandé à la Haute Cour de justice de contraindre Edelstein à autoriser la Knesset à se réunir, affirmant que ses « calculs politiques étroits » avaient pris le pas sur sa responsabilité de permettre à la législature de fonctionner alors que le pays était plongé dans « des questions critiques de sécurité publique, de droits civils et de santé publique ».

Kakhol lavan a déclaré qu’il déposerait également une requête à la Haute Cour contre Edelstein plus tard jeudi, et a annoncé une conférence de presse jeudi après-midi.

Moshe Yaalon, un ancien ministre de la Défense du Likud qui dirige l’une des factions qui composent Kakhol lavan, a indiqué que Netanyahu et ses alliés pourraient être traînés devant un tribunal. « Quand un comité d’enquête sera mis en place pour examiner la tentative de Netanyahu de régner en dictateur, en profitant de la crise du coronavirus, vous devrez expliquer où vous étiez », a-t-il averti les membres de son ancien parti dans un tweet.

Un convoi de protestation composé de véhicules brandissant des drapeaux noirs s’est dirigé jeudi de Tel-Aviv vers la capitale et la Knesset pour manifester contre les actions d’Edelstein sous la bannière « Sauver la Knesset ». Il y avait au moins une centaine de véhicules.

מחכים לכם בכנסת !

Posted by Ido Zuk on Thursday, March 19, 2020

Shahar Argaman, un ancien chef de l’unité d’élite du commando Sayeret Matkal de l’armée israélienne, a été arrêté jeudi par des policiers lors de cette manifestation dénonçant la fermeture de la Knesset par le gouvernement.

Des images publiées par le journaliste Ronen Bergman montrent l’interpellation de Shahar Argaman au niveau de l’échangeur Shoham, à l’est de Tel-Aviv. Il n’aurait pas été conduit dans un poste de police.

L’ancien général aurait déclaré qu’il était accusé d’avoir perturbé la circulation, bien que trois des quatre voies étaient libres. Il a accusé la police de cibler les manifestants pour des raisons politiques, après avoir reçu des « ordres » pour le faire.

Edelstein a dénoncé les « rumeurs pernicieuses » selon lesquelles il cherchait à maintenir le Parlement israélien fermé et impuissant alors que le pays est aux prises avec la crise du coronavirus dans un contexte de bouleversements politiques.

« Tout ce que j’ai fait ces deux derniers jours, c’est parler aux représentants des factions » afin de parvenir à un accord sur la composition des différentes commissions, a déclaré Edelstein. Il a déclaré que ses appels avaient été ignorés.

« Pour les 22 [législatures] précédentes de la Knesset, les commissions ont été formées d’un commun accord. La semaine prochaine, j’en parlerai en séance plénière pour prendre une décision », a-t-il déclaré. La Knesset qui a prêté serment cette semaine est la 23e législature.

Le député Ofer Shelah du parti Yesh Atid assiste à une réunion de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset, le 30 avril 2018. (Miriam Alster/Flash90)

Un ancien président de la Knesset, Dan Tichon, a déclaré mercredi au site d’information Ynet que les actions d’Edelstein étaient « dangereuses » et « absurdes ». Il a déclaré que l’absence de commissions fonctionnelles relevaient de la « folie ». C’est la troisième fois qu’un gouvernement de transition est mis en place et il peut faire ce qu’il veut [sans surveillance] ».

Au-delà des désaccords entre les partis sur la composition des commissions, Edelstein a également cité la menace de la pandémie de coronavirus pour tenter de justifier la limitation drastique des activités du législateur. Jeudi, il s’est engagé à utiliser des « moyens technologiques » pour permettre aux commissions de se réunir malgré l’interdiction de rassembler plus de 10 personnes en un même lieu, faisant probablement référence aux appels de vidéoconférence.

Entre autres choses, le commission des Arrangements supervise la création des autres commissions de la Knesset, y compris celles qui assureraient le contrôle parlementaire des efforts du gouvernement pour contenir la pandémie. La commission pourrait également permettre au parti Kakhol lavan de demander un vote sur la présidence de la Knesset, ce qui entraînerait probablement l’éviction d’Edelstein du poste qu’il occupe depuis 2013.

Edelstein a nié jeudi qu’il essayait d’empêcher son remplacement, en disant : « Je ne pense pas que deux ou trois semaines supplémentaires en tant que président enrichiront mon CV ».

Un plénum presque vide, en raison des restrictions contre le coronavirus, lors de la prestation de serment de la 23e Knesset, le 16 mars 2020. À gauche, Benny Gantz. Au centre, de dos, Benjamin Netanyahu. (Gideon Sharon/ Porte-parole de la Knesset)

Le nœud du désaccord entre le Likud et Kakhol lavan est lié à la taille de la commission des Arrangements, Kakhol lavan souhaitant que le comité comprenne 17 membres, ce qui donnerait au bloc de 61 sièges dirigé par Kakhol lavan une majorité de 9 sièges – contre 8 pour l’opposition – au sein du comité. Le Likud, affirmant que les lignes directrices du ministère de la Santé ne permettent pas à plus de 10 personnes de se rassembler en même temps, souhaite que le comité soit limité à ce nombre, ce qui entraînerait un état de parité au sein du comité.

Mercredi, Edelstein a officiellement interdit les réunions de plus de 10 personnes dans le Parlement qui compte 120 sièges, en raison du coronavirus. Il a déclaré que cette interdiction serait en vigueur pendant 14 jours.

Edelstein a déclaré que ce décret n’empêchera pas le vote, mais qu’il se déroulera de la même manière que la cérémonie d’investiture du Parlement, au cours de laquelle les membres de la Knesset sont entrés dans la plénière par groupes de trois.

Cette décision a été prise après que deux ministres et deux membres de la Knesset ont été placés en quarantaine après avoir été en contact avec une personne dont le test de dépistage du coronavirus s’est révélé positif.

Lors d’une intervention extraordinaire, le président israélien a appelé mercredi le président de la Knesset et lui a demandé de rouvrir le Parlement suite à sa fermeture – une mesure qui a empêché toute forme de contrôle parlementaire du gouvernement concernant les mesures de grande envergure prises par le gouvernement pour lutter contre le virus.

Le président israélien Reuven Rivlin lors d’une conférence sur le climat à Tel Aviv, le 24 novembre 2019. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

« Une Knesset qui n’est pas en activité nuit à la capacité de l’État d’Israël de fonctionner correctement et de manière responsable en cas d’urgence. Nous ne devons pas laisser cette crise, aussi grave soit-elle, nuire à notre système démocratique », a déclaré le président Reuven Rivlin à Yuli Edelstein par téléphone.

Rivlin a « imploré » Edelstein « d’assurer une activité parlementaire continue, même pendant la crise du coronavirus », a rapporté un communiqué du bureau du président.

« Nous devons tout faire pour faire face à la crise, en veillant à ne pas nuire gravement à notre système démocratique », a ajouté Rivlin.

Gantz a été chargé de former un gouvernement en début de semaine après les élections du 2 mars, mais il ne pourra probablement pas le faire sans le Likud, puisque plusieurs membres de son parti s’opposent à la formation d’un gouvernement minoritaire soutenu de l’extérieur par la Liste arabe unie.

Alors qu’ils se battent à la Knesset, le Likud et Kakhol lavan ont également négocié pendant des jours pour établir un gouvernement d’unité nationale d’urgence, Kakhol lavan exigeant plusieurs ministères de haut niveau, a rapporté mercredi soir le radiodiffuseur Kan.

Les partis seraient toujours en train de négocier pour savoir si et pour combien de temps Netanyahu serait Premier ministre avant que Gantz ne lui succède dans le cadre d’un tel arrangement.

Depuis le début de l’épidémie de coronavirus, Israël a mis en place une série de restrictions draconiennes, exigeant que tous les Israéliens de retour dans le pays se mettent en auto-quarantaine pendant 14 jours et interdisant l’entrée des étrangers. Les autorités sanitaires ont également fermé les écoles, les cafés, les centres commerciaux, les gymnases… Les ministres ont approuvé tôt mardi une mesure très controversée pour permettre au gouvernement de pister les téléphones des Israéliens afin de localiser les porteurs du virus.

Mardi, renforçant les restrictions, le ministère de la Santé a dit aux Israéliens de ne pas quitter leur domicile ni de se rendre dans les parcs et sur les plages, sauf en cas de nécessité absolue, comme les achats de nourriture, de médicaments, les consultations médicales et le travail.

Jeudi matin, il y a eu 529 cas confirmés de COVID-19 en Israël, dont six dans un état grave.

Raoul Wootliff a contribué à cet article.

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