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Fin de la taxe sur les sodas en Israël : la communauté scientifique réagit

Pour les experts, « la science est unanimement » défavorable aux boissons sucrées. A ce titre, ils recommandent de reconsidérer cette décision

Des bouteilles de Coca-Cola empaquetée dans l'usine Coca-Cola à Bnei Brak, le 23 novembre 2009. (Yaakov Naumi / Flash90)
Des bouteilles de Coca-Cola empaquetée dans l'usine Coca-Cola à Bnei Brak, le 23 novembre 2009. (Yaakov Naumi / Flash90)

Les experts israéliens des questions de santé ont accueilli avec consternation la décision du nouveau gouvernement d’annuler la taxe sur les boissons gazeuses, et les plus grands spécialistes de l’obésité de par le monde font écho à leurs réserves.

Ce ne sont pas moins de 32 chercheurs, parmi les plus réputés des États-Unis, du Royaume-Uni, du Mexique et d’ailleurs, qui ont écrit à deux ministres israéliens pour les inviter à rétablir la taxe pour des raisons de santé publique.

Parmi les signataires de ce courrier international, on distingue notamment le Dr Tim Lobstein, directeur des politiques à la Fédération mondiale de l’obésité et le Dr Juan Rivera Dommarco, directeur du Centre national de recherche sur la nutrition et la santé du Mexique, aux côtés de chercheurs de prestigieuses universités.

Le Professeur Aron Troen, expert israélien et membre de la Fédération mondiale des associations de santé publique, qualifie la décision du gouvernement de « scandaleuse », notant que cette taxe avait permis de réduire la consommation de boissons sucrées d’environ 10 % depuis son introduction il y a un an.

« La Fédération, comme d’autres organisations agissant dans le même domaine, sont consternées par le précédent néfaste que cela crée pour le monde entier », a-t-il déclaré jeudi au Times of Israel.

Le député d’extrême droite Bezalel Smotrich a en effet supprimé la taxe sur les boissons gazeuses et celle sur les articles en plastique jetables, introduites il y a de cela un an. Il s’agissait de sa toute première décision en tant que ministre des Finances.

Il avait déjà évoqué son opposition à la taxe sur les boissons gazeuses avant le scrutin de novembre. Cette taxe, variable suivant la concentration en sucre des boissons, était pour lui « délirante ». Il en a fait une question de coût de la vie plutôt qu’un sujet de santé publique.

Illustration : Le chef du parti HaTzionout HaDatit, le député Bezalel Smotrich, après des discussions de coalition avec le leader du Shas, Aryeh Deri, et le chef du Likud, Benjamin Netanyahu, à l’extérieur d’un hôtel, à Jérusalem, le 5 décembre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Le député du parti Yahadout HaTorah, Moshe Gafni, s’est réjoui de la décision prise par Smotrich.

« C’est l’une des choses que nous nous étions engagés à réaliser immédiatement après la mise en place du gouvernement, et j’en suis très heureux », a-t-il déclaré.

Mais les experts des questions de santé qui ont écrit à Smotrich et au ministre de la Santé Aryeh Deri, mercredi, estiment que le prix à payer, en termes de santé publique, suite à la suppression de la taxe, sera élevé.

« Nous prônons le rétablissement de la taxe sur les boissons sucrées que vous avez supprimée », ont-ils écrit.

« Il n’y a aucun doute pour la science. La consommation excessive de sucre est une cause majeure d’obésité et d’autres maladies connexes. »

« De nombreux chercheurs, tout comme l’Organisation mondiale de la santé ou la Fédération internationale du diabète, ont montré que le sucre, en particulier dans les boissons, ne présentait aucun intérêt nutritionnel et était même source de gros problèmes de santé. »

« Les taxes sur les boissons sucrées sont particulièrement efficaces pour réduire la consommation et améliorer la santé des consommateurs à faible revenu, car ce groupe est plus sensible aux hausses de prix. C’est important parce que les personnes à faible revenu souffrent souvent de manière disproportionnée des effets néfastes de l’obésité », ont ils ajoté.

Aron Troen, professeur à l’Université hébraïque et membre de la Fédération mondiale des associations de santé publique (Crédit : Avec l’aimable autorisation d’Aron Troen)

Troen, professeur à l’Université hébraïque, se réjouit de la réaction de ses collègues étrangers.

« Le fait qu’ils aient réagi montre à quel point le problème est important », affirme-t-il.

« L’annulation de la taxe est totalement irresponsable. C’est erreur au regard de la santé publique et un véritable scandale. »

« Nous perdons par là un levier important de limitation de la consommation et de changement des habitudes alimentaires des gens. Le diabète est une maladie régressive, qui affecte principalement les pauvres. Les frais médicaux induits par la surconsommation de boissons sucrées sont, eux, considérables, raison pour laquelle nous parlons de taxe progressive. Une question de santé est utilisée comme arme politique », a ajouté Troen.

La professeure Ronit Calderon-Margalit, experte en santé publique au Centre hospitalier Hadassah et à l’Université hébraïque, explique qu’Israël connait un taux élevé d’obésité et de plus en plus de cas de diabète, particulièrement ces deux dernières années.

« Il a été démontré que la consommation de boissons sucrées avait diminué depuis l’introduction de la taxe, de sorte que les partis qui la révoquent négligent sciemment la santé de leurs électeurs, car dans un sens, ils encouragent la consommation de ces boissons », a déclaré Calderon-Margalit au Times of Israel.

« C’est de la pure démagogie. »

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