Première décision de Smotrich : supprimer la taxe sur les plastiques et les sodas
Cette décision, saluée par les haredim qui estimaient que la taxe desservait les intérêts de leur communauté, constitue pour l'ex-ministre de l’Environnement un net "recul"
Il s’agit là de la toute première décision du nouveau ministre des Finances Bezalel Smotrich : demander, dimanche, aux services de son ministère de revenir sur la hausse des taxes sur les articles plastiques à usage unique et les boissons sucrées, mise en place par son prédécesseur, Avigdor Liberman.
Lors de sa première réunion de travail en tant que ministre des Finances, Smotrich a demandé à ses services « de faire le nécessaire, dans les tout prochains jours, pour annuler la taxe sur les articles plastiques à usage unique et les boissons sucrées introduite par le gouvernement sortant », a déclaré le ministère des Finances dans un communiqué.
Smotrich a déclaré en début de réunion qu’il avait « une grande confiance dans les services du ministère ».
« Je souhaite que le dialogue soit ouvert et sincère entre nous. Des décisions sérieuses seront prises pour stimuler l’économie domestique au profit de tous les citoyens », a-t-il déclaré, selon des informations parues dans plusieurs médias israéliens.
Les Israéliens ultra-orthodoxes ont perçu les hausses de taxes – visant à prévenir les dommages causés par ces produits à la santé et à l’environnement – comme les concernant au tout premier chef, en raison de leur grande consommation de ces produits.
Les députés haredi se sont réjouis de la décision prise par Smotrich, après s’être insurgé à plusieurs reprises contre les taxes et avoir exigé dans les négociations de coalition que le gouvernement les annule.
Selon l’Autorité fiscale israélienne, la suppression de ces taxes causera une perte annuelle de 1,2 milliard de shekels de recettes fiscales pour le Trésor.
Le député YaHadout HaTorah, Moshe Gafni, a salué la décision d’annuler « la taxe Liberman ».
« C’était l’une des promesses les plus urgentes du nouveau gouvernement, et j’en suis très heureux », a-t-il déclaré.
Le député Yahadout HaTorah, Uri Maklev, a déclaré pour sa part qu’une fois la taxe annulée, « nous instaurerons des actions publiques et éducatives pour protéger l’environnement et promouvoir la consommation de boissons bonnes pour la santé ».
Cette décision a été vivement critiquée par la précédente ministre de la Protection de l’environnement, Tamar Zandberg, qui a accusé le gouvernement de « donner la priorité à la politique politicienne, aux détriments de l’environnement et de la santé ».
« Au lieu d’aller dans le bon sens, cette décision est un net recul », a déclaré Zandberg, ajoutant que la décision « allait favoriser la pollution et la maladie ».
L’Union israélienne pour la défense de l’environnement a également reproché à cette décision « de nuire à la santé publique, et plus encore, de faire que l’État d’Israël se transforme en une grande décharge ».
De son côté, l’Association israélienne des médecins de santé publique a qualifié la suppression de la taxe de « malheureuse et mal informée », ajoutant qu’en dépit des affirmations selon lesquelles la taxe visait les ultra-orthodoxes, « les données des ministères des Finances et de la Santé indiquent que la taxe a conduit à une diminution de la consommation [de boissons sucrées] de tous les Israéliens, ultra-orthodoxes compris ».
Le professeur Nadav Davidovitch, responsable de la politique de santé au Centre Taub spécialisé dans l’études des politiques sociales, a déclaré au radiodiffuseur public Kan : « Il ne s’agit pas d’une taxe Liberman, pas plus qu’une taxe anti-Haredi : elle est au contraire favorable aux Haredi. C’est une honte que les politiciens jouent avec la vie des gens. »
Ce dimanche, les ministres sortants ont organisé des cérémonies de passation de pouvoir avec leurs successeurs du gouvernement qui a récemment prêté serment.
Lors de son entretien avec Smotrich, Liberman a rappelé que le rôle du ministère des Finances n’était pas seulement de « garder les coffres », mais de générer des revenus pour dégager des marges de manoeuvre budgétaires, allusion à peine voilée aux accords de coalition conclus par le nouveau gouvernement aux termes desquels les prestations sociales des ultra-orthodoxes – dont le taux d’emploi est faible – devraient être relevées.