France : 2 ans ferme requis contre un ex-policier pour la séquestration d’une femme juive
D'après les premiers éléments de l'enquête, la victime avait été ciblée par les malfrats qui pensaient que son frère avait caché chez elle une somme de 200 à 500 000 euros issus de la fraude à la taxe carbone
Le parquet a requis jeudi quatre ans de prison dont deux années de sursis contre un ancien policier et un an ferme à l’encontre d’un complice jeudi au procès à Bobigny de la séquestration et du vol d’une femme en 2015.
En mars 2015, la jeune femme de 19 ans se fait arrêter par une voiture de police banalisée qui la suit.
Trois hommes se présentant comme policiers, brassards aux bras, l’interpellent et l’amènent pour une fausse perquisition de son domicile au Raincy (Seine-Saint-Denis).
Devant son refus, ils la menottent et la font attendre avec l’un d’eux dans sa voiture.
Moins d’une heure après, ils en repartent avec une enveloppe de 5 000 euros.
D’après les premiers éléments de l’enquête, la victime avait été ciblée par les malfrats qui pensaient que son frère avait caché chez elle une somme de 200 à 500 000 euros issus de la fraude à la taxe carbone.
A l’audience, les deux principaux prévenus ont reconnu leur participation mais se sont renvoyés la responsabilité de l’organisation. Le troisième homme n’a jamais été identifié.
« Des gens sont venus me menacer. Je ne savais pas vers qui me tourner. Au bout d’un moment j’ai suivi, j’aurais pas dû », se défend l’ex-policier de 50 ans.
Révoqué en avril 2018 et à l’époque en poste au commissariat de Bobigny, il travaille aujourd’hui dans la logistique.
Il a reconnu avoir accédé frauduleusement aux fichiers de police pour connaître l’adresse de la victime.
« J’habitais toute seule dans un studio, personne ne vient cacher de l’argent chez moi », a témoigné à la barre la jeune femme.
Son « seul objet de valeur », sa Mercedes classe A. Ou « parce que je suis d’origine (juive) ils ont cru que j’avais beaucoup d’argent… », tente d’expliquer la jeune femme de confession juive, au chômage au moment des faits.
Malgré les dénégations de l’ex-policier, le procureur a estimé qu’il était « l’auteur principal des faits » et a décrit un « scénario prémédité, organisé ».
Il a requis quatre ans de prison dont deux avec sursis et l’interdiction définitive d’exercer toute profession en lien avec la sécurité.
Contre son complice, trois ans de prison dont deux avec sursis ont été requis.
Six mois de prison avec sursis et six mois d’interdiction d’exercer ont été requis contre son ex-femme, également policière, pour avoir aussi fait des recherches illégales dans les fichiers.
A l’encontre du quatrième prévenu, qui avait sollicité auprès de son ami policier la consultation de ces fichiers, quatre mois avec sursis et une amende de 1 500 euros ont été requis.