Gantz sur ses partenaires de Kakhol lavan : je ne suis sûr d’aucun d’entre eux
Dans une série d'enregistrements fuités, le candidat se dit ouvert à la possibilité de siéger dans un gouvernement Netanyahu avant son audition pré-inculpation pour corruption
Le chef du parti Kakhol lavan Benny Gantz a déclaré qu’il « n’était sûr » d’aucun des membres de la direction de son parti, selon une série d’enregistrements diffusés dimanche soir par la Treizième chaîne.
La chaîne télévisée a diffusé une série de propos tenus par le candidat au poste de Premier ministre sur une série de sujets, notamment son avis sur ses confrères, sur la possibilité de rejoindre un gouvernement dirigé par Netanyahu et sur la performance du procureur général Avichai Mandelblit dans l’enquête sur la corruption autour de l’achat de sous-marins à l’Allemagne.
La Treizième chaîne n’a pas daté les propos mais il semblerait qu’ils remontent à ces dernières semaines.
Gantz aurait des soupçons à l’égard de Yair Lapid, Moshe Yaalon et Gabi Ashkenazi, les trois candidats les plus haut placés sur la liste de Kakhol lavan.
« Je ne suis sûr d’aucun des trois. Je ne suis sûr de personne, » a ainsi déclaré l’ancien chef d’état-major.
A propos d’Ashkenazi notamment, le chef de Kakhol lavan a déclaré qu’il était préoccupé par une interview que le numéro 4 du parti a accordée à la Douzième chaîne le mois dernier, dans laquelle il n’a pas clairement affirmé que Gantz était le candidat du parti le plus apte à être Premier ministre.
« Je pense que ce n’était pas correct, » a déclaré Gantz au sujet de la réponse d’Ashkenazi à la question de savoir si Gantz était le candidat du parti le plus apte à être Premier ministre. « Il aurait dû dire ‘Benny sera un excellent Premier ministre… A ce stade, il est plus apte que moi à être Premier ministre’, » peut-on entendre de la bouche de Gantz dans une autre conversation non datée.
Ironie du sort, ces enregistrements ont été diffusés sur la Treizième chaîne juste après que Lapid a déclaré aux journalistes lors d’un meeting de campagne de Kakhol lavan dimanche qu’il entretenait des liens étroits avec Gantz.
« Il y a des valeurs d’amitiés ici, en plus de la compréhension que cette (élection) est plus grande que nous. J’ai confiance en Benny, et Benny me fait confiance, » a déclaré Lapid aux journalistes. « Nous savons que nous saurons comment travailler ensemble. »
Intégrer un gouvernement Netanyahu
Gantz a été entendu dire qu’il envisageait la possibilité qu’il ne parvienne pas à vaincre Netanyahu le 9 avril. Mais en dépit des déclarations publiques dans lesquelles il exclut de siéger dans un gouvernement Netanyahu, les enregistrements montrent qu’il l’envisage tout de même.
« Imaginons qu’il remporte l’élection, une semaine plus tard, [le président américain Donald] Trump annonce un plan [de paix] et le peuple d’Israël regarde Benny Gantz et dit « Allez, soutenons Netanyahu, » parce que sinon (le député d’extrême droite Bezalel) Smotrich tuera la dernière option et (nous devrons) faire quelque chose. »
Gantz a semblé suggérer que Netanyahu aura besoin de partenaires modérés dans la coalition, afin d’accepter le plan de paix que soumettront les Etats-Unis.
« Donc, quand nous y serons, je verrai, » a-t-il poursuivi. Parallèlement, il a reconnu que le calendrier de la proposition américaine coïnciderait avec l’audition pré-inculpation du Premier ministre avec le procureur général.
Le président de Kakhol lavan a suggéré que le Premier ministre devrait démissionner pour deux mois, le temps que le processus d’audience se termine. Durant cette période, « nous ferons quelques arrangements. »
Mais si le procureur général décidait d’inculper Netanyahu à l’issue de l’audience, prévue en juillet, selon Gantz, le président de Kakhol lavan a déclaré qu’il ne pourrait plus s’associer politiquement au Premier ministre.
« Je ne pourrais pas siéger avec lui s’il y a inculpation après l’audience. Ce serait complètement dingue. »
Mandelblit a « peur »
Gantz a déclaré, au sujet du procureur général, que Mandelblit a « trop peur » d’enquêter sur le rôle de Netanyahu dans l’achat par Israël de sous-marins au constructeur naval allemand et sur l’autorisation donnée à Berlin de vendre des sous-marins à l’Egypte.
« Je pense aussi que Mandelblit avait trop peur d’enquêter sur ça, et s’il avait enquêté’ (sur Netanyahu) dans cette histoire, Israël n’aurait pas reçu ces sous-marins. (Mandelblit) a peur que les gens disent que (la décision d’enquêter) porte atteinte à (notre) sécurité nationale, » peut-on entendre Gantz dire.
Selon les médias, des responsables de la défense, entre autres, se sont dit préoccupés par une transaction entre le constructeur naval allemand ThyssenKrupp et le voisin et ancien ennemi d’Israël, l’Egypte. L’Allemagne n’a pas besoin de l’approbation israélienne pour cette transaction, mais a été à l’écoute des préoccupations israéliennes. Les Etats-Unis et d’autres alliés ne vendent aux pays du Moyen-Orient que des armes de la génération précédente de celles vendues à Israël, ou font passer la transaction par Jérusalem d’abord, pour protéger l’Etat hébreu dans un éventuel conflit.
La semaine dernière, Mandelblit et Jacob Nagel, l’ancien conseiller à la sécurité nationale ont tous deux nié l’affirmation du Premier ministre, qui disait qu’ils connaissaient la raison derrière l’approbation.
Netanyahu avait des parts dans SeaDrift Coke, une société qui a été rachetée par un fournisseur de ThyssenKrupp, le constructeur naval au cœur de l’enquête.
Ses opposants ont évoqué un possible conflit d’intérêts de la part du Premier ministre. Le fait qu’il n’ait pas révélé ses investissements aux autorités par le passé fait maintenant l’objet d’une enquête et les procureurs envisagent une enquête criminelle. Selon un reportage diffusé jeudi par la Treizième chaîne, les procureurs soupçonnent Netanyahu d’avoir induit en erreur le contrôleur de l’Etat sur ses avoirs financiers.
Gantz : le Mossad a fait fuiter l’affaire du piratage du téléphone par l’Iran
Dimanche soir, la Douzième chaîne a rapporté que Gantz avait demandé aux services de sécurité du Shin Bet d’enquêter pour déterminer si l’agence d’espionnage du Mossad était à l’origine de la fuite dans la presse du piratage de son téléphone par l’Iran.
Le Shin Bet et Kakhol lavan ont refusé de commenter le reportage de la Douzième chaîne, indiquant qu’il s’agissait d’une « question sécuritaire. »
Au début du mois, la Douzième chaîne a rapporté que les renseignements iraniens avaient réussi à avoir accès au contenu du téléphone de Gantz. Un second reportage assurait qu’aucune information sensible n’était stockée sur le téléphone au moment du piratage, mais que cet incident était « gênant. »
Durant une conférence de presse avec le président brésilien Jair Bolsonaro, Netanyahu s’est adressé directement à Gantz à ce sujet : « N’embarquez pas le Mossad dans des considérations politiques. Ce sont des gens qui ne peuvent pas se défendre. »
Kakhol lavan a répliqué en demandant à Netanyahu de cesser de diffuser des infox sur Gantz.
Le Likud, parti de Netanyahu au pouvoir, a tenté de se servir du piratage du téléphone de Gantz pour dépeindre ce dernier comme inapte à diriger le pays. L’intéressé a déclaré que son téléphone ne contenait aucune information confidentielle et que l’annonce de ce piratage dans les médias était une manœuvre politique. L’Iran a nié avoir piraté le téléphone de Gantz.
Le Mossad, le service de renseignement israélien, est actuellement dirigé par Yossi Cohen, qui avait été choisi par Netanyahu après qu’il eut été son conseiller à la sécurité nationale.
Les membres du parti de Gantz ont déjà suggéré que Netanyahu était à l’origine de cette fuite, ce que le Premier ministre a démenti. Gantz a par la suite déclaré que la Russie était également impliquée.
Le reportage de la Treizième chaîne de dimanche était la seconde série d’enregistrements diffusés par la chaîne autour du candidat centriste. Dans la première série, le chef du parti Kakhol lavan a été enregistré alors qu’il spéculait que Netanyahu serait heureux de le voir mort, et qu’il se peut qu’il ait demandé aux Russes d’interférer dans les élections.