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Analyse

Gaza: L’Égypte mobilisée pour les négociations avant le voyage de Bennett aux US

Un éminent responsable égyptien a rejoint l'équipe chargée des discussions entre Israël et le Hamas au Caire - une tentative de gagner les faveurs de Washington

Le ministre des Affaires étrangères égyptien Sameh Shoukry, à droite, rencontre le responsable palestinien du Fatah Azzam Al-Ahmad au ministère des Affaires étrangères du Caire, le 20 mai 2021. (Crédit : AP Photo/Nariman El-Mofty)
Le ministre des Affaires étrangères égyptien Sameh Shoukry, à droite, rencontre le responsable palestinien du Fatah Azzam Al-Ahmad au ministère des Affaires étrangères du Caire, le 20 mai 2021. (Crédit : AP Photo/Nariman El-Mofty)

Un responsable particulièrement éminent s’est ajouté à l’équipe égyptienne chargée d’intervenir comme médiatrice dans les pourparlers entre Israël et le Hamas depuis la fin du conflit de onze jours qui a opposé l’État juif et les groupes terroristes de Gaza, et ce alors même que le Caire renforce cette initiative diplomatique entreprise pour s’attirer les faveurs de Washington, a appris le Times of Israel.

Le négociateur vétéran Ahmad Abd al-Khalek a été rejoint par l’un de ses supérieurs, Amr Nazmi – ce qui indique un effort plus intense encore de la part du Caire de parvenir à un cessez-le-feu à long-terme au sein de l’enclave côtière agitée.

Les deux médiateurs sont des agents égyptiens des renseignements – mais Nazmi est hiérarchiquement supérieur à al-Khalek. Cela fait plusieurs années qu’al-Khalek prend part aux pourparlers, des discussions restreintes au cours de deux années de crise politique du côté israélien, une crise marquée par la présence de gouvernements intérimaires et l’organisation de quatre élections successives au sein de l’État juif.

La raison pour laquelle Nazmi a été inclus dans l’équipe chargée des pourparlers, a appris le Times of Israel, est le désir des Égyptiens d’être prêts pour le prochain voyage que doit effectuer le Premier ministre Naftali Bennett aux États-Unis. Les diplomates et les services étrangers égyptiens ont observé avec beaucoup d’attention la rencontre qui a eu lieu, au début de la semaine, entre le président Joe Biden et le président Reuven Rivlin, et ils n’ont pas manqué de noter l’invitation lancée par Biden à Bennett de venir à Washington « dans les meilleurs délais ».

Avant le premier séjour de Bennett aux États-Unis en tant que chef du gouvernement israélien, les Égyptiens veulent pouvoir montrer que les négociations ont avancé pour gagner des points auprès de la nouvelle administration américaine. Un tel progrès pourrait être la mise en place d’un échange de prisonniers, au cours duquel un certain nombre de détenus palestiniens – un nombre qui serait bien inférieur à celui que demandent actuellement les dirigeants du Hamas – seraient libérés en échange de la libération des deux civils incarcérés à Gaza et de la restitution des dépouilles des deux soldats qui se trouvent actuellement entre les mains du groupe terroriste. Les Égyptiens vont évidemment chercher à faire des avancées supplémentaires tout en montrant à l’administration Biden que le pays est pleinement engagé en faveur de la paix et attaché à la nécessité de trouver une solution.

Les relations, ces dernières années, entre Washington et le Caire ont transité via Jérusalem. Netanyahu avait dit et répété aux journalistes que les Égyptiens tentaient de se positionner plus favorablement face à Washington avec l’aide de leurs homologues israéliens et par leur biais. Les Égyptiens étaient parfaitement conscients de la relation chaleureuse qui unissait l’ex-président des États-Unis, Donald Trump, et Netanyahu. Ils considéraient alors que ce contact étroit du Premier ministre israélien leur ouvrirait la porte du Bureau ovale.

Le président Reuven Rivlin et le président américain Joe Biden à la Maison Blanche, le 29 juin 2021. (Crédit : Haim Zach/GPO)

Aujourd’hui, la situation semble ne pas avoir changé. Les États-Unis ont un nouveau président qui a accueilli avec chaleur les nouveaux dirigeants israéliens. Biden, face à Netanyahu, avait pris ses distances et, quand la crise politique au sein de l’État juif avait encore empiré avec le quatrième scrutin du mois de mars, il avait fait le choix d’inviter Rivlin pour une visite d’adieu.

Alors que le calendrier du voyage du président israélien à Washington était encore en cours, un nouveau gouvernement israélien a prêté serment et Biden a déclaré à Rivlin qu’il souhaitait que Bennett soit son invité dans les meilleurs délais, élément que l’Égypte a noté avec soin.

Des acteurs majeurs au Moyen-Orient – notamment l’Arabie saoudite, l’Égypte et la Turquie – savent que l’une des questions urgentes, pour l’administration américaine, est la possible réintégration des États-Unis au sein de l’accord sur le nucléaire iranien ainsi que le calendrier serré des négociations qui permettraient ce retour dans le pacte alors qu’Ebrahim Raissi, personnalité de la ligne dure du régime, doit devenir président de la République islamique en date du 3 août. Le statut de l’Arabie saoudite à Washington est fragile et la situation en Turquie est compliquée, mais les Égyptiens ne veulent surtout pas revenir à l’ère Obama et cherchent à mettre en place de bonnes relations de travail avec Biden. Ils veulent être appréciés.

Les dirigeants égyptiens constatent que les portes du Bureau ovale sont grandes ouvertes au nouveau jeune Premier ministre israélien ainsi qu’aux membres de sa coalition diverse – une alliance qui comprend aussi des partis de gauche, et la formation islamiste Raam.

Un garde de sécurité du Hamas devant un portrait du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, près des bureaux gouvernementaux de Gaza, le 3 octobre 2017. (Crédit : Mohammed Abed/AFP)

Tandis que le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi ne s’est pas entretenu au téléphone avec Netanyahu pendant plus d’un an (pas même durant les sept mois d’existence du 35e gouvernement israélien, dont la vie a été courte, qui était dirigé par Netanyahu et Benny Gantz), la discussion qui a eu lieu, au début de la semaine, entre Bennett et Sissi a été extrêmement positive. Le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid et Sameh Shoukry ont également échangé lors d’un premier appel téléphonique. Deux premiers contacts qui, selon les Égyptiens, ont été positifs et productifs.

Accélérer la cadence est la raison pour laquelle Amr Nazmi a rejoint l’équipe de négociateurs.

Du côté israélien, le responsable du Conseil de sécurité nationale, Nimrod Gez, et le principal négociateur en charge de la question de la libération des Israéliens détenus par le Hamas, Yaron Blum, se trouvaient au Caire récemment en compagnie d’autres membres de l’équipe sécuritaire.

Une question déterminante, aux yeux de l’État juif, est celle de ses civils détenus à Gaza — Hisham al-Sayed et Avera Mengistu — ainsi que celle des dépouilles de deux soldats israéliens, Hadar Goldin et Oron Shaul, tués pendant la guerre de 2014 qui a opposé Israël et le Hamas. Israël insiste sur le fait qu’aucun accord ne pourra avancer sans le retour des uns et le rapatriement des autres.

Dans le sens des aiguilles d’une montre, à partir du haut à gauche : Avera Mengistu, Hisham al-Sayed, Hadar Goldin et Oron Shaul. (Crédit : Flash 90/The Times of Israel)

Les Égyptiens, de leur côté, tentent d’obtenir des avancées avant la visite qu’effectuera Bennett à Washington.

Au cours d’une série récente de négociations au Caire, les Égyptiens se sont focalisés sur les premières informations qui ont émergé sur le calendrier exact de déplacement du leader israélien. Leur objectif est que Bennett entre dans le Bureau ovale en présentant une approche positive de la coopération mise en place entre Israël et l’Égypte – voire même qu’il fasse l’éloge du travail de cette dernière.

L’ambition des Égyptiens est de conclure une sorte d’accord-cadre d’ici là et de fixer le nombre de prisonniers palestiniens qui seront libérés à l’occasion d’un échange potentiel de prisonniers, tout en faisant baisser drastiquement le nombre de détenus dont le Hamas exige la remise en liberté. De plus, les Égyptiens, avec les Israéliens, devront trouver un moyen de démontrer qu’une telle initiative ne sapera pas davantage la crédibilité du président de l’Autorité palestinienne, et qu’elle ne renforcera pas le Hamas politiquement parlant.

Du point de vue des Égyptiens, la route vers Washington passe par Jérusalem – indépendamment de l’identité du Premier ministre israélien ou de celle du président américain.

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