Gaza : Tsahal reconnaît avoir tué des civils près de sites d’aide humanitaire
L'armée israélienne affirme avoir tiré sur des cibles terroristes dans le nord de Gaza ; il y a eu 22 morts dans une frappe contre un café en bord de mer

Des dizaines de personnes ont été tuées dans la bande de Gaza, lundi, selon les médias palestiniens locaux. Onze au moins sont morts alors qu’ils se trouvaient aux environs d’un centre de distribution d’aide humanitaire géré par la la Fondation humanitaire de Gaza (GHF).
Tsahal a annoncé que les soldats ont attaqué des cibles terroristes dans le nord de Gaza.
Lundi également, l’armée a reconnu dans un communiqué avoir tué plusieurs civils aux abords de centres humanitaires de la GHF au cours des dernières semaines. Les militaires ont affirmé qu’ils ont été en mesure de tirer les leçons de ces incidents, ce qui permettra d’éviter qu’ils puissent se reproduire à l’avenir.
Aucune image des tirs qui ont été signalés lundi aux abords du site de la Fondation humanitaire de Gaza n’a été diffusée. Toutefois, des vidéos qui ont circulé sur les réseaux sociaux prétendent montrer les blessés pris en charge à l’hôpital Nasser de Khan Younès.
L’armée israélienne n’a pas réagi aux informations qui ont fait état de cet incident impliquant des coups de feu. La Fondation humanitaire de Gaza a déclaré au Times of Israel qu’elle n’avait pas eu connaissance de possibles tirs à proximité de ses centres.
Des Palestiniens ont été blessés à plusieurs reprises par des coups de feu alors qu’ils se trouvaient à proximité des centres de distribution d’aide humanitaire. Suite à ces incidents, l’armée israélienne a annoncé avoir ouvert une enquête, niant avoir donné l’ordre aux soldats d’ouvrir le feu en direction des civils gazaouis.
Lundi après-midi, l’armée israélienne a diffusé un communiqué dans lequel elle a reconnu que des civils palestiniens avaient été tués ou blessés par des tirs à balle réelle à proximité des sites humanitaires, notamment par des tirs d’artillerie. Elle a néanmoins affirmé que le bilan humain avancé par les autorités du Hamas était exagéré.
Les militaires ont également fait savoir qu’ils avaient « réorganisé les voies d’accès » aux centres humanitaires, posant de nouvelles clôtures et de nouveaux panneaux, et qu’ils ont aussi mis en place des chemins supplémentaires menant aux centres de la GHF.

Une déclaration qui a été faite quelques jours après que le quotidien Haaretz a rapporté que l’armée avait ouvert une enquête, la semaine dernière, sur d’éventuels crimes de guerre qui auraient été commis par ses soldats. Dans son article, le journal a cité les propos tenus par certains militaires sur le terrain qui, sous couvert d’anonymat, ont indiqué que les sites d’aide ressemblaient à des « champs de la mort », ajoutant qu’ils avaient reçu l’ordre de considérer que toute personne venant chercher une assistance précieuse était un combattant a priori , en utilisant des tirs à balles réelles pour contrôler la foule.
L’article qui a été publié par Haaretz a suscité une première réponse détaillée de l’armée concernant les tirs meurtriers qui ont eu lieu autour des centres humanitaires presque tous les jours depuis leur ouverture. Tsahal a toutefois vigoureusement avoir donné l’ordre d’ouvrir délibérément le feu en direction des civils palestiniens.
Selon les militaires, les troupes sur le terrain n’ont utilisé des armes à feu que lorsqu’elles ont été menacées, notamment quand des dizaines de suspects se sont approchés des forces armées en-dehors des itinéraires désignés qui mènent aux sites d’aide humanitaire gérés par la GHF, une fondation soutenue par Israël et les États-Unis, ou en-dehors des heures d’ouverture.
Dans ces cas, l’armée israélienne a déclaré qu’un petit nombre de personnes avaient été touchées par ses tirs et non des dizaines, comme l’a affirmé le Hamas.
Toutefois, l’armée a expliqué lundi dans un communiqué qu’au moins dans trois cas « tragiques », des tirs d’artillerie avaient été effectués en direction de secteurs situés à proximité des sites d’aide, afin d’empêcher les Palestiniens de s’approcher de zones spécifiques en-dehors des centres de distribution.

Selon les enquêtes de l’armée israélienne, les tirs d’artillerie dans ces cas ont été « imprécis » et ils ont fait entre 30 et 40 victimes palestiniennes, dont plusieurs morts.
L’armée a déclaré que ces victimes civiles « n’auraient pas dû se produire » et qu’elles étaient le résultat de tirs d’artillerie imprécis, qui ne visaient pas directement les civils présents sur les sites d’aide humanitaire.
L’armée israélienne a ajouté qu’elle avait cessé de bombarder les sites d’aide humanitaire à la suite de ces incidents. Selon un article qui a été publié lundi dans le journal Haaretz, un officier du commandement du sud de l’armée israélienne a indiqué que les tirs d’artillerie avaient été utilisés pour « maintenir l’ordre » sur les sites d’aide humanitaire et que l’armée avait désormais recours à « d’autres méthodes ».
אני מתחנן אליכם: תסתכלו על הסרטון הזה ממרכזי ״חלוקת הסיוע״ של צה״ל וארה״ב בעזה. כל האנשים כאן, שמנסים לחמוק מהכדורים, עומדים בתור לאוכל. מי שיורה עליהם הם החיילים שלנו. כן, היום נחשף סופית – בעדויות ישירות של חיילים בתחקיר הארץ – שצה״ל יורה יום יום על אנשים מורעבים בתור לאוכל >> pic.twitter.com/NBf0xwLYw6
— Alon-Lee Green – ألون-لي جرين – אלון-לי גרין ???? (@AlonLeeGreen) June 27, 2025
Chaque cas de victimes civiles signalé à proximité des sites de la GHF a fait l’objet d’une enquête, a indiqué Tsahal, qui a ajouté que les militaires s’efforçaient d’améliorer les infrastructures, les voies d’accès, la signalisation et les annonces concernant les sites d’aide.
Il n’y a actuellement aucun processus de contrôle des Palestiniens qui viennent chercher de l’assistance, ce qui signifie que des membres du Hamas sont également susceptibles d’arriver et de récupérer des colis alimentaires. Dans les semaines à venir, l’armée israélienne espère qu’un processus de contrôle pourra être mis en place, parallèlement à l’ouverture de sites d’aide supplémentaires.
Invoquant « les leçons tirées », l’armée israélienne a également expliqué que le site d’aide de Tel Sultan serait temporairement fermé pendant la construction d’un nouveau centre de distribution, « afin de réduire les tensions avec la population et de maintenir la sécurité des forces qui sont actuellement sur le terrain ».

La semaine dernière, le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, a déclaré qu’au moins 549 personnes avaient été tuées et que 4 000 personnes avaient été blessées en tentant de récupérer de l’aide dans les centres de la Fondation humanitaire de Gaza ou en attendant les camions de nourriture de l’ONU depuis le 27 mai, date du lancement de la GHF.
Ces chiffres n’ont pas été vérifiés – mais entre le 27 mai et le 24 juin, il y a eu au moins 19 incidents impliquant des tirs de l’armée israélienne en lien avec la distribution de l’aide humanitaire, selon une analyse des informations en provenance de Gaza qui a été réalisée par le Times of Israel.
Plus tard dans la journée de lundi, un responsable israélien a déclaré au Times of Israel que le gouvernement pourrait élargir l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza « dans un avenir proche, dans le cadre d’un plan plus large et plus ambitieux ».
« Cela permettrait de réduire les tensions entre la population et les soldats, et cela présenterait d’autres avantages que je ne vais pas détailler pour l’instant », a ajouté le responsable. « Il s’agit d’un plan plus vaste, mais il est encore en discussion et rien n’a pas été décidé ».
Ce plan devait être discuté lors de la réunion du cabinet lundi dans la soirée, a dit l’officiel.

Violentes frappes dans le nord de Gaza
Dans le nord de Gaza, les Palestiniens ont fait savoir, lundi dans la matinée, que la nuit précédente avait été l’une des plus violentes depuis des semaines, après que l’armée a ordonné l’évacuation massive de larges pans du territoire de Gaza City et de Jabaliya, en prévision d’une offensive majeure de l’armée israélienne dans la région.
« Les explosions n’ont jamais cessé ; ils ont bombardé des écoles et des maisons. On aurait dit des tremblements de terre », a commenté Salah, 60 ans, père de cinq enfants, originaire de Gaza-City. « Aux informations, on entend dire qu’un cessez-le-feu est proche ; sur le terrain, nous voyons la mort et nous entendons des explosions ».
Selon des habitants, des chars israéliens sont entrés dans les quartiers est de la banlieue de Zeitoun, à Gaza-City, et ils ont bombardé plusieurs zones dans le nord. De plus, des avions ont frappé au moins quatre écoles après avoir ordonné à des centaines de familles qui s’y étaient réfugiées de quitter les lieux.
Au moins 58 personnes ont été tuées lundi lors de frappes israéliennes, selon les autorités de la Santé qui sont placées sous le contrôle du Hamas. Dix personnes ont perdu la vie à Zeitoun. Ces chiffres ne peuvent être vérifiés et ils ne font pas de distinction entre civils et hommes armés.
Tsahal a annoncé avoir attaqué des cibles terroristes dans le nord de Gaza, notamment des centres de commandement et de contrôle, après avoir pris des mesures pour minimiser le risque de porter atteinte à la population civile.
Dans la journée de lundi également, les médias de Gaza ont rapporté qu’environ 22 personnes avaient été tuées et d’autres blessées lors d’une frappe israélienne qui a pris pour cible l’Ouest de Gaza City, à proximité de la côte. Selon les informations mises à la disposition du Times of Israel, la structure visée était un café en bord de mer.
Des images de la scène ont montré un pavillon détruit et des victimes évacuées du site.
L’armée israélienne n’a pas encore réagi à cette frappe ni précisé ce qu’elle avait voulu réellement viser.

Israël avait lancé sa campagne à Gaza dans le sillage de l’attaque meurtrière commise par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. Les terroristes avaient massacré plus de 1200 personnes, et ils avaient kidnappé 251 personnes qui avaient été prises en otage.
Les groupes armés, au sein de l’enclave côtière, retiennent encore 50 otages en captivité – 40 d’entre eux avaient été enlevés lors du pogrom du 7 octobre 2023. Parmi eux se trouvent les corps sans vie d’au moins 28 personnes, dont la mort a été confirmée par l’armée israélienne. Vingt personnes seraient encore en vie et deux autres seraient dans un état critique, selon des responsables israéliens. Le Hamas retient également en otage la dépouille d’un soldat de l’armée israélienne qui avait été tué à Gaza en 2014.
Le ministère de la Santé de Gaza, qui est placé sous la direction du Hamas, affirme que plus de 56 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent, un bilan qui est invérifiable et qui ne fait pas de distinction entre civils et hommes armés. De son côté, Israël affirmait, au mois de janvier, avoir tué environ 20 000 terroristes et 1 600 autres à l’intérieur du territoire israélien, lors de l’attaque meurtrière du 7 octobre.