GB : le meurtrier présumé de la députée pro-UE était un partisan néo-nazi
Thomas Mair était un lecteur des ouvrages de l'Alliance nationale, groupe qui a appelé à la création d'un pays peuplé exclusivement de Blancs et à l'éradication du peuple juif.
Jo Cox, une députée travailliste pro-UE de 41 ans, a été tuée jeudi par balles, un meurtre qui a aussitôt entraîné la suspension de la campagne pour le référendum sur la place du Royaume-Uni dans l’Union européenne, prévu dans une semaine.
Ce qui s’est passé
L’attaque s’est produite à proximité de la bibliothèque municipale de Birstall, une petite ville du nord de l’Angleterre où la députée avait pour habitude de rencontrer régulièrement ses administrés. La police indique avoir été alertée à 11H53 GMT.
Un témoin cité par l’agence Press Association (PA) rapporte qu’elle a été agressée par un homme portant une casquette de baseball blanche en possession d’une arme de poing dissimulée dans son sac.
L’homme et la députée se seraient battus avant qu’il ne tire sur elle, a-t-il dit, évoquant également un autre homme qui aurait tenté de s’interposer.
Selon le quotidien The Sun, elle aurait été touchée par trois balles et sept coups de couteau.
L’agresseur aurait crié « Britain first » (« Le Royaume-Uni d’abord »), selon plusieurs médias britanniques.
Le parti « Britain First », créé par d’anciens membres du parti d’extrême droite Ligue de défense anglaise (English Defense League, EDL), a affirmé ne pas être impliqué dans l’attaque.
Les autorités ajoutent qu’un homme de 77 ans a également été blessé mais ses jours ne sont pas en danger.
Jo Cox a succombé à ses blessures à 12H48 GMT, selon la police.
Un homme de 52 ans arrêté
Un homme de 52 ans, nommé Thomas Mair par les médias, a été rapidement interpellé à proximité du lieu où Cox a été tuée. Sans annoncer s’il s’agissait du meurtrier, la police a déclaré ne rechercher « à ce stade » aucune autre personne en lien avec l’agression, et évoqué un « incident isolé ».
Des armes, et notamment une « arme à feu », ont été retrouvées sur place.
Selon le Southern Poverty Law Centre, un groupe américain de défense des droits civiques, le tueur présumé de la députée est un « partisan dévoué » d’un groupe néo-nazi basé aux Etats-Unis.
Thomas Mair aurait dépensé plus de 620 dollars (550 euros) dans des ouvrages de l’Alliance nationale, groupe qui a appelé à la création d’un pays peuplé exclusivement de Blancs et à l’éradication du peuple juif.
Des habitants de Birstall ont décrit l’individu comme un homme « calme », « solitaire » et s’occupant de jardinage, rapporte l’agence PA. Le Yorkshire Post a publié une photo le montrant vêtu d’un treillis et d’une casquette blanche.
« J’ai toujours du mal à y croire. Mon frère n’est pas violent et n’est pas du tout politisé », a affirmé au Daily Telegraph Scott Mair, le frère du principal suspect. « Il a des antécédents de maladie mentale, mais il s’est fait aider ».
Jo Cox, militante pro-UE et des droits des femmes
Mariée et mère de deux jeunes enfants, Jo Cox avait été élue en 2015 dans la circonscription de Batley et Spen, dans le Yorkshire, selon son site internet.
Après des études à l’université de Cambridge, elle avait occupé différents postes dans des ONG, dont Oxfam, travaillant en Europe, aux Etats-Unis et dans des zones de conflits.
Ardente militante pour les droits des femmes, elle avait fait partie du réseau Labour Women’s Network, encourageant l’entrée des femmes dans la vie publique.
Au Parlement, elle faisait partie de la commission sur la gouvernance locale, mais aussi du groupe des amis de la Syrie.
Jo Cox partageait son temps entre son bateau sur la Tamise et sa maison dans sa circonscription. En dehors de ses activités politiques, elle appréciait l’escalade, la course à pied et le vélo.
Le journal The Independent a présenté la jeune députée comme une « étoile montante » du Parti travailliste.
Jo Cox avait fait l’objet de récents messages de menaces, a indiqué la police britannique vendredi, précisant que cette affaire, pour laquelle un homme a été arrêté en mars, est sans lien direct avec son meurtre.
La question de mesures de sécurité supplémentaires pour la députée travailliste était à l’étude, selon le quotidien The Times.
Campagne référendaire suspendue
L’annonce de la mort de Jo Cox a profondément bouleversé la campagne référendaire, dominée ces derniers jours par la progression dans les sondages des partisans du Brexit.
Les campagnes pro et anti-Brexit ont été suspendues jusqu’au week-end.
Des réactions d’effroi ont afflué de la part de personnalités politiques comme d’anonymes.
Des veillées se sont tenues jeudi soir dans l’église Saint Peter’s de Birstall et devant le parlement britannique, rassemblant des centaines de personnes.
Les drapeaux de Buckingham Palace, du Parlement et du 10 Downing Street, la résidence officielle du Premier ministre, étaient en berne vendredi.