GB : Une organisation invite les familles à « laisser une place dans la soucca » pour les otages
Cette initiative du Conseil des députés des Juifs britanniques rappelle celle, séculaire, qui consiste à recevoir des invités symboliques dans ces huttes temporaires construites pour Souccot
JTA — Pendant des siècles, les Juifs ont symboliquement invité les patriarches Abraham, Isaac et Jacob dans leurs souccah. Plus récemment, certains ont pris l’habitude d’y inviter Sarah, Rebecca, Rachel et Leah. Et cette année, ils inviteront Omer, Matan, Itay et Liri.
Au moment où, un peu partout dans le monde, les Juifs célèbrent la fête automnale de Souccot, la plus grande organisation juive britannique les invite à penser aux otages du Hamas à Gaza en leur laissant un siège dans la soucca. Cette initiative s’inscrit dans le droit fil d’une tradition juive séculaire appelée « ushpizin », laquelle consiste à recevoir des invités symboliques à l’intérieur de ces cabanes temporaires construites pour prendre ses repas le temps de la fête.
« À Souccot, nous accueillons traditionnellement les Ushpizin – les saints visiteurs – lors de nos repas de fête », rappelle dans un communiqué Phil Rosenberg, président du Board of Deputies of British Jews, une organisation de coordination.
« Cette année, nous pensons à ces invités cruciaux qui nous manquent terriblement, les otages qui ne ne peuvent pas célébrer la fête avec leurs proches. »
Il ajoute : « Ces 101 hommes, femmes et enfants sont détenus dans des conditions effroyables par le Hamas à Gaza. Nous prions pour leur libération le plus vite possible, et nous invitons tout le monde à se joindre à l’opération « Gardez une place dans la Soucca ». Faisons tous tout ce qui est en notre pouvoir pour les faire libérer maintenant ! »
Selon le rituel d’ushpizin, qui signifie « invités » en araméen, les Juifs « invitent » les trois patriarches juifs plus quatre personnages masculins de la Bible, à dîner avec eux et dédient chacune des sept nuits de la fête à l’un d’entre eux.
Ces dernières décennies, nombre de Juifs ont associé une femme à chaque personnage masculin de la Bible – Sarah avec Abraham, Rebecca avec Isaac, et ainsi de suite. Les interprétations plus récentes incluent d’autres personnes importantes ou des figures juives contemporaines, et dans certaines traditions, une place est laissée libre pour « l’invité ».
Dans le cadre de cette campagne, le Board of Deputies of British Jews a diffusé des affiches numériques et imprimables des 101 otages détenus à Gaza, un kit pour les réseaux sociaux et de nouveaux hashtags pour faire connaître l’initiative, comme #SukkotUshpizin et #SaveASeatInTheSukkah.
L’organisation, qui a promu cette initiative avec l’Union britannique des étudiants juifs et le Forum des otages et des proches de disparus, invite les Juifs à placer une affiche d’otages sur le siège laissé vide autour de la table.
« Il y a 101 personnes – hommes, femmes et enfants toujours retenus en captivité par le Hamas », peut-on lire sur l’affiche imprimable. « Cette année, gardez-leur une place dans votre Souccah. Parlez d’eux. Ne les laissez pas sombrer dans l’oubli. »
Cette initiative illustre les nombreuses manières d’utiliser la souccah pour attirer l’attention sur le sort des otages enlevés il y a de cela maintenant plus d’un an, lors de l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023. D’autres optent pour une décoration de la souccah avec des rubans jaunes ou des symboles des communautés frontalières dévastées.
« Nous célébrons la fête, mais nos cœurs sont toujours otages à Gaza », confie Orit Kehaty, qui dirige une maternelle à Tel Aviv dont la souccah porte le message « Nous attendons le retour des otages », en plus d’un ruban jaune.
En avril dernier, comme tant d’autres organisations juives, le Board of Deputies of British Jews avait organisé une opération semblable pour que l’on garde une place à la table du Seder de Pessah pour les otages – appel suivi par de nombreuses familles juives un peu partout dans le monde, comme au 20e siècle en faveur de la communauté juive soviétique. On retrouvait le même principe dans la table de Shabbat exposée sur la Place des Otages, à Tel Aviv, reproduite dans des espaces publics du monde entier.
« Nous vous invitons à rendre hommage à leur lumière et à parler d’eux », explique le Board of Deputies of British Jews en présentant l’opération sur son site Internet. « Ce ne sont pas que des affiches ; ce sont des mondes entiers, des témoignages en faveur de ceux qui ont été brutalement et cruellement arrachés à leur famille. Nous vous invitons à diffuser sur les réseaux sociaux des photos de ce siège laissé libre avec une affiche d’otage, à dire un mot sur cet otage et faire connaitre sa détresse. »