George Kara, juge arabe israélien de la Cour suprême, prend sa retraite
Le juge sortant a appelé à une application plus stricte de la loi ; il a fait partie des juges qui ont condamné l'ancien président Moshe Katsav pour viol en 2010
Le juge de la Cour suprême George Kara a pris sa retraite dimanche à l’âge de 70 ans. Il est revenu sur les défis auxquels il a été confronté en tant que seul juge arabe de la plus haute juridiction et a exhorté les forces de l’ordre à adopter une approche dure contre la criminalité.
« Au cours de ces dernières années, l’État et la société en Israël ont connu des processus politiques et sociaux polarisants qui ont élargi le schisme entre Arabes et Juifs », a déclaré le juge de renom lors de la cérémonie de son départ à la retraite.
« Ça n’a pas été une période facile pour moi », a-t-il dit. Mais il a souligné que ses décisions et ses opinions professionnelles ont toujours été prises conformément à la loi et « à la recherche de la vérité ».
« Comme je le disais parfois à mes stagiaires, faire partie de la majorité est une bonne chose, mais faire partie de la minorité n’est pas mal non plus », a-t-il ajouté.
Abordant la violence rampante en Israël – en particulier, a-t-il dit, dans la société arabe – Kara a déclaré que c’était comme une maladie contagieuse.
« C’est plus comme une maladie qui se niche dans le corps d’un être humain », a déclaré Kara, « comme elle le fait au sein de la société. Lorsque la violence traverse les secteurs, elle en devient contagieuse. Tant que le système immunitaire est fort, la criminalité est faible et peut être contrôlée, mais dernièrement, le système immunitaire de la société est faible. »
Selon le juge, « la course à l’argent facile obtenu par l’activité criminelle, l’affaiblissement de la cellule familiale, le relâchement de l’autorité parentale, la violence du discours, le manque de répression et l’insuffisance dans le pouvoir de dissuasion » ont créé les conditions idéales pour que la criminalité refasse surface et se propage rapidement dans la société, « car ce sont souvent des citoyens innocents qui en paient le prix ».
« Comme première mesure d’urgence, l’application de la loi devrait être renforcée », a déclaré Kara. « Mais le défi est massif et il y a beaucoup de travail à faire ».
« À long terme », a-t-il ajouté, « nous devrions investir dans l’éducation et la tolérance, le dialogue et prôner la non-violence. Mais en attendant que ces graines puissent germer et afin de leur permettre de bénéficier de bonnes conditions, il faut immédiatement appliquer la loi sans compromis. »
Le juge a fait valoir qu’à cet égard, la Cour suprême a montré sa volonté de renforcer les efforts d’application en imposant des peines plus sévères pour les infractions liées à la violence et aux armes.
Kara a également suggéré de « réévaluer les procédures pénales » en « supprimant les obstacles qui prolongent les processus ».
« Grâce à la coopération de toutes les entités chargées de l’application de la loi, je suis sûr que l’État d’Israël, qui a surmonté la pandémie de coronavirus et servi d’exemple aux autres pays, est capable d’éradiquer une pandémie de criminalité qui porte un coup dur à la sécurité personnelle et à la qualité de vie de ses citoyens », a-t-il conclu.
Au cours de son mandat de cinq ans en tant que juge de la Cour suprême, Kara s’est opposé à plusieurs reprises à la démolition des maisons appartenant aux familles de terroristes en tant que mesure de dissuasion, affirmant que cela « nuit inévitablement aux innocents » et « agit comme une punition collective » qui n’a aucune justification.
Minoritaire parmi les juges de la Cour suprême sur cette question, son opinion était partagée par l’ancien juge de la Cour suprême Menachem (Meni) Mazuz, qui a pris sa retraite l’année dernière.
La présidente de la Cour suprême Esther Hayut a déclaré que Kara avait été un juge excellent et méticuleux tout au long de sa riche carrière.
« La combinaison de l’excellence judiciaire qui caractérise George et des valeurs de tolérance et de compréhension des autres qui ont guidé son chemin est évidente dans chacun de ses arrêts », a déclaré Hayut. « Cette combinaison est également ce qui a conduit George à gravir les échelons de la hiérarchie du système judiciaire jusqu’à la Cour suprême. »
Né dans une famille arabe chrétienne distinguée de Jaffa, Kara a obtenu son diplôme de droit à l’université de Tel Aviv en 1973 et a ouvert un cabinet d’avocats privé en 1975, avant d’être nommé juge au tribunal de première instance de Tel Aviv en 1989. En 2000, Kara a rejoint le tribunal de district de Tel Aviv et 10 ans plus tard, il a été nommé juge principal du tribunal. Il a été nommé à la Cour suprême en 2017.
Lors de sa cérémonie officielle de nomination, qui s’est tenue à la résidence officielle du président de l’époque, Reuven Rivlin, à Jérusalem, Kara a refusé de chanter l’hymne national « Hatikva » en raison de la phrase « L’âme d’un Juif se languit. »
Il prend sa retraite à l’âge de 70 ans – l’âge de la retraite obligatoire pour les juges israéliens.
Il a travaillé sur des centaines d’affaires au cours de sa carrière mais l’affaire la plus médiatisée de Kara a peut-être été celle de l’ancien président condamné pour viol, Moshe Katsav, en 2010.
Au début de l’année, la commission des nominations judiciaires a annoncé la nomination de quatre nouveaux juges à la Cour suprême, dont le premier musulman et la première femme d’origine sépharade.
Les quatre nouveaux juges nommés à la cour de 15 membres sont la juge Ruth Ronnen, le juge Khaled Kabub, la juge Gila Kanfi-Steinitz et l’avocat Yechiel Kasher.