GPA aux couples gays : Des dizaines de milliers d’Israéliens dans la rue
Le Premier ministre israélien va devoir s'expliquer sur son revirement de dernière minute suite à une pétition signée par 40 députés
Des milliers d’Israéliens ont manifesté dimanche, notamment à Tel-Aviv, contre une loi excluant les couples de même sexe du droit de recourir à la gestation pour autrui (GPA).
L’appel aux manifestations et à une grève dimanche a été lancé après le vote mercredi par le Parlement d’une loi autorisant le recours à une mère porteuse pour les femmes célibataires ou stériles, mais l’interdisant aux couples de même sexe et aux hommes célibataires.
Auparavant, ce droit n’était accordé en Israël qu’aux couples hétérosexuels mariés.
Une des principales artères de Tel-Aviv a été bloquée dimanche pendant vingt minutes par des centaines de manifestants.

Dans le centre de Jérusalem, la circulation a également été bloquée par des protestataires dont deux ont été arrêtés, a précisé à l’AFP un porte-parole de la police.
Quelque 200 entreprises ont annoncé qu’elles permettaient à leurs employés qui le souhaitent de ne pas travailler pour aller manifester sans que cette journée soit retranchée de leurs vacances.
« C’est une mesure symbolique, mais qui exprime un réel soutien », a affirmé à l’AFP Julien Bahloul, porte-parole de l’Association des pères homosexuels d’Israël.
« Nous demandons l’égalité pour la communauté LGBT », a affirmé à l’AFP l’influente militante Chen Arieli, présente sur la place Yitzhak Rabin à Tel-Aviv et qui s’est dit heureuse de voir un tel taux de participation sur la place Rabin.
« Quand nous avons annoncé la grève, nous n’attendions pas autant de soutien du public israélien », a-t-elle déclaré à la Dixième chaîne. « Nous pensons qu’aujourd’hui est un jour historique », a-t-elle déclaré. « Aujourd’hui, tout le monde comprend qu’une attaque contre la communauté LGBT est une attaque contre Israël même. »
« La communauté LGBT a connu une semaine difficile, et nous avons décidé qu’il était temps de retirer nos gants », a ajouté Arieli. Selon elle, les protestataires ne manifestent pas uniquement pour la GPA, mais pour la sécurité des personnes homosexuelles dans la rue.
« C’est très important, je ne fais pas partie de la communauté, mais je crois en l’égalité », a déclaré une manifestante, Eti, au Times of Israël. « Ce n’est pas juste que certaines personnes ne puissent pas avoir d’enfants. »
« Je pense que cela fera une différence – je n’ai jamais vu une telle effervescence en ligne pour une cause. C’est différent cette fois « , a-t-elle dit. « Bibi sera obligé de faire des changements. »
« Trop souvent, nous avons entendu dire que nous étions privilégiés ici, et qu’il n’y avait pas de discrimination. Parce qu’ils ne nous lapident pas, ils veulent que nous nous asseyions et restions silencieux », a-t-elle dit.
« Mais êtes-vous prêt à vous asseoir et à vous taire? » a-t-elle demandé à la foule, qui a répondu par un « non » retentissant.
Un autre manifestant, Shahar Abramovitz, a déclaré au Times of Israël que le fait d’avoir ses propres enfants via une mère porteuse l’obligeait à participer à la manifestation.
« Je suis ici parce que nous avons eu nos enfants via une mère porteuse à l’étranger », a-t-il dit. « Nos jumeaux ont maintenant 3 ans et demi, et nous voulons aider les autres à ne pas avoir à payer un demi-million de shekels et à voyager pour avoir des enfants. Il devrait y avoir égalité pour tous. »
« Nous savons qu’il y a un temps pour courir et un autre pour se battre. Et maintenant il est temps de se battre », a ajouté Abramovitz.
« C’est une mesure symbolique, mais qui démontre un réel soutien », a déclaré dimanche à l’AFP Julien Bahloul, porte-parole de l’Association des pères homosexuels d’Israël.
En 2015, Shira Banki, une adolescente de 16 ans avait été poignardée à mort par un juif ultra-orthodoxe lors de la Gay Pride.
Plusieurs entreprises ont par ailleurs annoncé qu’elles étaient prêtes à contribuer à hauteur de l’équivalent de plus 15 000 dollars (12 700 euros) aux frais engagés par les couples homosexuels contraints de recourir à la GPA à l’étranger.
Selon M. Bahloul, les couples homosexuels souhaitant avoir des enfants doivent trouver une mère porteuse aux Etats-Unis ou au Canada, ce qui revient à plus de 100 000 dollars alors que si la GPA était autorisée en Israël, la coût serait deux fois moindre.
Israël est considéré comme un pays pionnier en termes de droits des gays et lesbiennes, mais l’homosexualité demeure un tabou dans les milieux religieux, très influents au sein du gouvernement de Benjamin Netanyahu.
Le député d’opposition Ofer Shelah (Yesh Atid) a affirmé dimanche avoir réuni suffisamment de signatures de parlementaires pour forcer le Premier ministre à venir s’expliquer devant le Parlement sur la loi controversée après son revirement de dernière minute.
« Netanyahu ne peut éviter d’apporter des réponses à la discrimination flagrante dont est victime la communauté LGBT dans la loi sur les mères porteuses », écrit le député de Yesh Atid Ofer Shelah dans un tweet.
Shelah a déclaré que la séance exigerait de Netanyahu « d’expliquer pourquoi il dit une chose et fait le contraire ».
« La délibération n’est que le début du processus, dont le but est clair : changer la loi et abolir la discrimination contre les homosexuels », a déclaré Shelah.
Selon la chaîne de télévision publique 11, la Cour suprême israélienne doit examiner dans les jours qui viennent une requête de deux couples d’hommes contre la loi.