Harris, « seul espoir » de convaincre les jeunes Américains de soutenir Israël – Tom Nides
A la Convention nationale démocrate, l'ex-envoyé a reconnu que les jeunes Américains soutiennent de moins en moins l'État juif ; des députés démocrates ont affirmé que les manifestants anti-israéliens ne représentent pas le parti
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
CHICAGO — L’ancien ambassadeur américain en Israël, Tom Nides, a déclaré au Times of Israel que la vice-présidente Kamala Harris avait les moyens de convaincre les jeunes Américains de soutenir Israël – et davantage que ne l’avait fait le président Joe Biden.
« Si nous avons le plus petit espoir de convaincre la prochaine génération qu’il est important de soutenir l’État d’Israël, c’est grâce à des personnes comme Kamala Harris qui se dressent pour dire aux jeunes de moins de 30 ans : ‘L’État d’Israël doit être soutenu et ce combat n’est pas celui du peuple palestinien’, » a dit Tom Nides lors d’une interview en marge de la Convention nationale du parti démocrate à Chicago.
« Elle n’est pas Joe Biden pour toutes sortes de raisons. C’est une Afro-Américaine, une Indienne qui dit : ‘C’est bien de soutenir la sécurité de l’État d’Israël’. C’est une voix différente, et si nous espérons créer le lien à l’avenir, nous devons pouvoir compter sur ces voix », a-t-il expliqué.
« Il ne s’agit pas de critiquer le président Biden. Il n’y a pas eu de président plus pro-israélien que Joe Biden. Mais il s’agit maintenant de passer le flambeau à une génération bien différente », s’est-il exclamé.
Nides a admis que les jeunes Américains s’éloignent de plus en plus du soutien à Israël.
« Nous devrions tous reconnaître que nous sommes dans un abîme profond. Son visage, ses positionnements sur l’État d’Israël sont le seul espoir que nous ayons de ramener les jeunes de moins de 30 ans vers nous pour les convaincre de soutenir l’État d’Israël », a affirmé Nides lors d’un événement organisé par le Jewish Democratic Council of America.
Par ailleurs, trois députés démocrates qui se sont entretenus lundi avec le Times of Israel dans l’enceinte de la Convention nationale démocrate, à Chicago, ont expliqué que les manifestants anti-israéliens qui se trouvaient à l’extérieur n’étaient pas représentatifs de leur parti. Les manifestants étaient d’ailleurs moins nombreux que ce qui était attendu.
« Ils sont dehors pour une bonne raison. Ce ne sont pas des délégués et ils ne font pas partie de cette Convention. Ce ne sont pas des Démocrates. Ils sont plutôt des démocrates socialistes », a estimé Steve Cohen, représentant du Tennessee.
Cohen a soutenu que ceux qui manifestaient à l’extérieur, dans la journée, et ceux qui avaient condamné la représentante démocrate progressiste Alexandria Ocasio-Cortez pour avoir organisé un événement consacré aux dangers de la recrudescence de l’antisémitisme aux États-Unis étaient les mêmes.
« C’est dire à quel point ils sont à côté de la plaque », a noté Cohen. « C’est soit ça, soit la recherche de l’anarchie ».
Un positionnement largement partagé par un autre représentant Démocrate, Brad Sherman, qui a également déclaré que les milliers de manifestants pro-palestiniens qui ont défilé aux abords de la Convention n’étaient « pas des Démocrates ».
« Ce sont des partisans de Cornel West (un activiste d’extrême-gauche), de Jill Stein et du Parti des verts », a continué Sherman, qui a fait remarquer que la seule candidate Démocrate qui a épousé les positionnements anti-israéliens des manifestants – Marianne Williams – est très peu connue.
Sherman a indiqué qu’il respectait la décision prise par Harris de dialoguer avec certains militants « non-engagés » qui avaient pris la tête d’un mouvement de protestation contre le président Joe Biden lors du vote des Primaires du parti Démocrate, dénonçant le soutien apporté par ce dernier dans la guerre contre le Hamas.
« Cette élection se jouera sur un si petit nombre de voix que personne ne veut exclure un groupe, aussi modeste soit-il. Si j’apprenais que des agriculteurs qui cultivent des kumquats étaient mécontents à l’égard du parti Démocrate, je leur tendrais la main, même si la culture de kumquat est tout de même rare en Amérique », a plaisanté Sherman.
Il a toutefois affirmé que Harris n’a fait « qu’un pas, peut-être un demi-pas » de plus que Biden dans l’ouverture de son dialogue avec les détracteurs d’Israël – et ce, sans pour autant accepter leurs positionnements.
Tout en prenant leurs distances avec les manifestants anti-israéliens, à l’extérieur, les députés ont mis un point d’honneur à faire part de leur mécontentement à l’égard du gouvernement israélien actuel et de sa prise en charge de la guerre à Gaza.
Sherman a précisé que « les images en provenance de Gaza sont terribles. Les déclarations de certains hommes politiques israéliens sont terribles ».
Le démocrate californien a estimé que les dirigeants israéliens « ont fait passer leurs propres intérêts électoraux avant les intérêts de l’Etat, et les électeurs doivent sanctionner ce comportement ».
« Quelqu’un qui fait appel à vos émotions les plus brutes mais qui porte atteinte à votre positionnement en matière de relations internationales – d’accord, il répond peut-être à vos besoins psychologiques immédiats, mais un pays qui jouit d’autant de crédit qu’Israël devrait faire preuve de plus de finesse », a ajouté Sherman.
« La déception des démocrates, elle concerne Bibi Netanyahu. Sous sa direction, on a l’impression qu’Israël s’est égaré sous de très nombreux aspects », a déploré le représentant Bill Foster.
« Nous n’allons pas abandonner Israël, mais nous devons parler sévèrement à un ami qui s’est égaré », a renchéri le législateur de l’Illinois.
Selon Foster, les points de vue exprimés par les participants aux mouvements de protestation anti-israéliens « ne font pas l’objet d’un consensus ici, mais elles suscitent de très vives inquiétudes ».
Les délégués démocrates ont voté lundi soir pour la plateforme de leur parti qui inclut un engagement à maintenir un engagement « à toute épreuve » envers la sécurité d’Israël.
Aucun « non » n’a été entendu lors du vote à main levée au United Center où se tient la convention nationale démocrate.
Des milliers de délégués ont ensuite scandé « USA, USA, USA ! » à la fin du vote.
Une poignée d’activistes pro-palestiniens avaient cherché à inclure un embargo sur les armes contre Israël dans la plateforme de cette année, mais n’y étaient pas parvenus lors des réunions précédentes.
Les délégués présents à la conférence lors du vote avaient encore la possibilité de faire entendre leur opposition à la plateforme pro-israélienne, mais aucun ne s’est manifesté.
La première référence à Israël lors de la Convention nationale démocrate a été faite par la représentante démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, qui a reçu un accueil très chaleureux, et qui a déclaré que la vice-présidente Harris « travaille sans relâche pour obtenir un cessez-le-feu à Gaza et ramener les otages chez eux ».
La déclaration a été accueillie par des applaudissements nourris dans l’United Center de Chicago bondé.
Quant au sénateur de Géorgie Raphael Warnock, il a exprimé son empathie à l’égard des enfants israéliens et palestiniens dans le contexte de la guerre en cours à Gaza.
« J’ai besoin que les enfants de mes voisins aillent bien pour que mes enfants aillent bien… J’ai besoin des enfants pauvres d’Israël et des enfants pauvres de Gaza. J’ai besoin que les Israéliens et les Palestiniens – ceux du Congo, ceux d’Haïti, ceux d’Ukraine – aillent bien. Parce que nous sommes tous les enfants de Dieu », a déclaré Warnock sous les acclamations.
C’était la deuxième référence à Israël de la soirée et elle semble avoir été largement improvisée, car une grande partie de la phrase n’apparaissait pas sur le prompteur placé devant Warnock.
Une poignée de manifestants anti-israéliens ont ensuite tenté en vain de perturber le discours du président américain Joe Biden prononcé à la Convention nationale démocrate.
Plusieurs personnes assises sur le pont supérieur du United Center ont déployé une banderole sur laquelle on pouvait lire : « Arrêtez d’armer Israël ». Les lumières au-dessus de la section se sont alors rapidement éteintes et la banderole a été retirée à ceux qui la tenaient.
Les membres du public à proximité qui ont vu la pancarte ont alors scandé « Nous aimons Joe », et le président a continué son discours sans marquer de pause.
Audience members at the DNC in Chicago unfurl banner that says “Stop arming Israel.”
After audience sees the banner, they begin chanting “We love Joe.”
Man tries to rip banner away.
Stadium lights over this spot then dimmed and banner was ripped away. pic.twitter.com/3RfK1aUSV4
— Prem Thakker (@prem_thakker) August 20, 2024
Lors de son discours, le président américain a affirmé avec passion qu’il travaillait sans relâche pour mettre fin à la guerre à Gaza, déplorant la mort de nombreux civils innocents des deux côtés.
Il a souligné la dernière proposition de compromis que les États-Unis ont soumise à Israël et au Hamas vendredi, sous les applaudissements de la foule.
« Nous travaillons 24 heures sur 24 pour réunir les otages avec leurs familles et faire parvenir une aide humanitaire et une assistance alimentaire à Gaza dès maintenant. Pour mettre fin aux souffrances des civils palestiniens et enfin, enfin, enfin, instaurer un cessez-le-feu et mettre fin à cette guerre », a déclaré Biden en frappant du poing sur le pupitre.
Biden a déclaré que les manifestants pro-palestiniens qui ont manifesté lundi à Chicago lors de la convention démocrate pour dénoncer le soutien de son administration à la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza avaient « des arguments à faire valoir ».
Le rabbin Michael Beals a finalement conclu la première soirée de la Convention nationale démocrate en récitant la bénédiction sacerdotale en hébreu.
Une grande partie de la foule du United Center était déjà partie, mais ceux qui étaient encore dans le public ont répondu par un Amen.
Beals est devenu connu comme le « rabbin de Biden », faisant campagne pour le président après l’avoir rencontré lors de la shiva d’un fidèle en 2006.