Helen Mirren : A cause de la Shoah, Israël doit exister « pour toujours »
A la télévision israélienne, l'actrice a évoqué son interprétation de l'ex-Première ministre Golda Meir et dit sa solidarité avec les manifestations anti-gouvernementales en Israël
L’actrice britannique Dame Helen Mirren estime qu’Israël doit exister pour toujours dans la mesure où c’est un héritage de la Shoah. Pour autant, elle s’oppose à l’orientation prise par le gouvernement actuel.
Dans une interview diffusée par la Douzième chaine dimanche, Mirren a évoqué son interprétation de celle qui reste la première et unique femme Premier ministre d’Israël, Golda Meir, dans le film « Golda », qui couvre la période de la guerre du Kippour de 1973. Cette interview avait été tournée en juillet, au moment de la présence de l’actrice en Israël pour la première du film au Festival du film de Jérusalem.
« Je crois en Israël, en l’existence d’Israël, et je crois qu’Israël doit continuer à exister, pour l’éternité », avait-elle déclaré. « Je crois en Israël à cause de la Shoah. »
Elle a confié que certains avaient tenté de la dissuader de tourner ce film en raison des controverses qui entourent Israël sur la scène mondiale, mais, a-t-elle dit, « j’ai rencontré des personnes extraordinaires en Israël ».
« Israël est un pays très spécial, avec des fondements, des sous-bassements profondément intelligents, pensés, engagés, poétiques aussi ».
Au sujet de son opposition au boycott culturel d’Israël, elle a expliqué : « Cela ne m’aurait pas paru juste » de « laisser tomber les artistes israéliens » qu’elle connait.
« Je pense que ce sont les artistes qui feront évoluer Israël ».
Mirren a admis qu’avant de faire le film, elle ne « savait pas grand-chose de Golda », mais dit se rappeler clairement « de la fierté, de la satisfaction et de la crainte qui a suivi l’élection d’une femme à la tête d’un pays. Un moment intense pour les femmes. »
Elle a expliqué s’être préparée à ce rôle en lisant l’autobiographie de Meir et en visionnant des images d’époque. « Comprendre sa souffrance physique… et aussi sa souffrance morale face au fardeau énorme de la guerre… Ce fut une révélation pour moi. »
Le film évoque également la relation de Meir avec le Secrétaire d’État américain de l’époque, Henry Kissinger, qui était juif lui aussi.
Selon elle, le film ouvre sur « une profonde réflexion sur ce que signifie être juif et où cela se niche dans la conscience ».
« C’est quelque chose qui me tient très à cœur », a dit Mirren à propos de son interprétation de plusieurs personnages juifs, que ce soit dans « La femme au tableau » ou « L’affaire Rachel Singer ».
Interrogée sur les troubles politiques en Israël au sujet de la refonte drastique du système judiciaire, qui donne lieu depuis des mois à des manifestations de grande ampleur, Mirren a déclaré: « Je suis du côté du peuple qui manifeste. »
« Si j’étais là ce week-end, je me joindrais certainement à eux… Je me trouverais un groupe d’amis et je manifesterais avec eux ».
Mais, a-t-elle ajouté à propos, « Israël n’est pas le seul dans ce cas, non ? »
« Il y tant de pays de par le monde, frappés de plein fouet par cette vague de droite incompréhensible qui s’abat, comme une sorte de réaction à l’ultra-libéralisme. »
La première visite de Mirren en Israël remonte à 1967, juste après la guerre des Six Jours, comme bénévole au kibboutz HaOn, près de la mer de Galilée. Elle se souvient avoir parcouru le pays en faisant de l’auto-stop.
« J’ai été témoin de choses qui n’allaient pas », a-t-elle dit à propos de ce moment de sa vie. « J’ai vu des Arabes chassés de chez eux à Jérusalem. Il y avait aussi cette énergie extraordinaire, magique, celle d’un pays qui commençait tout juste à planter ses racines dans le sol. C’était un moment unique. »
Sur le thème de sa longévité en tant qu’actrice, celle qui continue à tourner à l’âge de 78 ans a expliqué avoir « beaucoup de chance. Notamment celle d’être encore en vie pour assister à la reconnaissance de l’énorme contribution des femmes à l’art, la science, la politique. »
Surnommée la « Dame de fer » d’Israël, Golda Meir a tour à tour été encensée pour son rôle dans la fondation de l’État, vilipendée pour ses déclarations parfois peu amènes envers les Palestiniens et, plus notoirement, tenue pour responsable du fait qu’Israël ait été surpris par la sanglante guerre du Kippour, en 1973.
Le film retrace sa vie pendant les 19 jours de guerre, qui marqueront de manière indélébile à la fois son héritage et la conscience israélienne.
Réalisé par le cinéaste israélien Guy Nattiv, déjà lauréat d’un Oscar pour le court métrage « Skin » en 2018, « Golda » est sorti vendredi dans les cinémas des États-Unis.
La JTA a contribué à cet article.