Herzi Halevi : « Il n’y a pas de substitut au modèle de l’armée du peuple »
Alors que le gouvernement envisage d'abaisser l'âge d'exemption des haredim, le chef d'état-major a affirmé que "notre force est plus grande lorsque l'armée est unie et hétérogène"
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Le chef d’état-major de Tsahal, Herzi Halevi, a déclaré jeudi matin qu’il n’y avait « pas de substitut » au modèle dit de « l’armée du peuple » – dans lequel tous les Israéliens sont censés servir – alors que le gouvernement envisage d’abaisser l’âge auquel les hommes ultra-orthodoxes peuvent obtenir des exemptions permanentes de l’enrôlement dans l’armée.
« Le modèle de l’armée populaire a prouvé sans l’ombre d’un doute, depuis 75 ans, qu’il n’y a pas et qu’il ne doit pas y avoir de substitut à ce modèle. C’est le secret de la force de Tsahal, c’est le secret de la force d’une nation », a déclaré Halevi avant une marche organisée pour commémorer le 75e anniversaire de l’indépendance d’Israël.
« Aujourd’hui, nous marchons ensemble, que nous servions dans l’armée permanente ou en tant que réservistes, quelque soit l’unité de Tsahal ou le rôle, des différentes couleurs de l’État et de tout l’éventail des opinions et des croyances, afin de souligner qu’ensemble, notre force est plus grande », a-t-il ajouté.
L’armée israélienne a fait part de son opposition aux projets examinés par le gouvernement en début de semaine, qui auraient pour effet d’interdire aux haredim de servir dans l’armée, en déclarant qu’il était de la plus haute importance de procéder à une conscription universelle en recrutant des Israéliens issus de toutes les strates de la société.
Le dernier projet de loi du gouvernement, examiné dimanche par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et certains partenaires de la coalition, abaisserait l’âge de l’exemption définitive de l’armée de 26 ans actuellement à 23 ou 21 ans.
Alors que les soldats sont généralement incorporés à partir de l’âge de 18 ans, de nombreux étudiants en yeshiva demandent à bénéficier d’un sursis académique et sont supposés rester dans des programmes d’études religieuses plus longtemps qu’ils ne le devraient normalement afin d’esquiver le service militaire, en demandant des reports d’études jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de l’exemption définitive. En abaissant l’âge de l’exemption permanente, le gouvernement espère inciter ces haredim à quitter la yeshiva et à entrer dans la vie active à un âge plus jeune.

Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, serait favorable à ce que l’âge de l’exemption soit fixé à 23 ans, mais à condition qu’un autre projet de loi soit adopté, qui accorderait des avantages supplémentaires aux soldats et aux anciens combattants, en accordant à ceux occupant des fonctions essentielles une augmentation de salaire significative, tandis que les soldats occupant des fonctions non essentielles serviraient moins longtemps.
La provenance du budget nécessaire à la réalisation de ces propositions n’est pas claire.
Un expert a déclaré lundi au Times of Israel que les plans du gouvernement seraient probablement rejetés par la Haute Cour de justice.
La population haredi d’Israël s’oppose massivement à l’accomplissement d’un service civil ou militaire national obligatoire, considérant qu’il s’agit d’un moyen pour des forces extérieures d’attirer potentiellement ses membres. Certains éléments plus extrémistes de la communauté ultra-orthodoxe ont violemment protesté contre la conscription militaire.
Alors que le gouvernement a l’intention d’exempter plus tôt les haredim du service militaire, l’armée israélienne a déclaré qu’elle continuerait d’envoyer des lettres d’enrôlement aux hommes ultra-orthodoxes qui atteignent l’âge de 18 ans.
Tsahal a déclaré qu’elle continuerait à fournir des itinéraires de recrutement spéciaux pour les Juifs ultra-orthodoxes. Dans la pratique, cependant, seuls quelque 1 000 haredim sont enrôlés dans l’armée israélienne chaque année, sur les quelque 11 000 ultra-orthodoxes qui atteignent l’âge de 18 ans chaque année.
Les critiques affirment que Tsahal et le gouvernement n’ont pas fait assez pour augmenter le nombre de soldats ultra-orthodoxes.