Tsahal rejette la dispense de service pour les Haredim, propose de nouvelles mesures
Après les discussions avec Netanyahu sur le projet de loi pour abaisser l’âge d’exemption des ultra-orthodoxes, l'armée insiste sur l’importance de l’enrôlement pour tous
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

L’armée israélienne a présenté mardi un nouveau cadre pour le service militaire, en réponse au projet de loi du gouvernement qui offrirait un abaissement de l’âge auquel les membres de la communauté ultra-orthodoxe en Israël peuvent réclamer une exemption de service militaire.
Tsahal a signalé son opposition au projet discuté par le gouvernement en début de semaine, qui accorderait aux Haredim une dispense générale de service militaire, déclarant qu’il était primordial que les Israéliens de toutes les couches de la société soient enrôlés dans l’armée.
Selon le programme proposé par Tsahal, tous les conscrits seront enrôlés pour une durée minimale de 24 mois, les soldats de combat et ceux exerçant d’autres fonctions essentielles seront enrôlés pour une durée plus longue – jusqu’à 36 mois – et bénéficieront d’une augmentation de salaire significative pour ces mois supplémentaires.
Les soldats des unités spéciales dont la participation est considérée comme volontaire serviront pendant 36 mois, tandis que les soldats servant dans d’autres unités de combat, ceux servant dans des unités technologiques essentielles, les techniciens et les chauffeurs masculins serviront pendant 32 mois. Les soldates occupant des fonctions administratives et les techniciennes et conductrices effectueront un service minimum de 24 mois.
Le résultat de ce plan serait un temps de service moyen de 28,5 mois, selon Tsahal, ce qui ne nuirait pas à la compétence de l’armée. Par le passé, Tsahal s’est opposé à la réduction de la durée du service militaire obligatoire.
Actuellement, le service militaire est obligatoire pour les hommes israéliens, qui font un service de 32 mois, contre 24 mois pour les femmes. Plusieurs unités exigent cependant que les soldats effectuent leur service militaire pour une durée supérieure à celle du service obligatoire, en raison des longues périodes d’entraînement requises.
Alors que le gouvernement a l’intention de dispenser les Haredim du service militaire, Tsahal a déclaré qu’il continuerait néanmoins à envoyer des lettres d’enrôlement aux hommes ultra-orthodoxes qui ont 18 ans.

L’armée a indiqué qu’il continuerait aussi à proposer des procédures de recrutement spéciales pour les juifs ultra-orthodoxes.
Dans la pratique, cependant, seuls environ 1 000, sur les quelque 11 000 hommes ultra-orthodoxes qui atteignent l’âge de 18 ans chaque année, sont enrôlés dans l’armée israélienne annuellement.
Les critiques affirment que ni Tsahal ni le gouvernement ne font suffisamment d’efforts pour augmenter le nombre de recrues ultra-orthodoxes.
Tsahal affirme dans son nouveau programme que le modèle dit de « l’armée du peuple », selon lequel tous les Israéliens sont censés servir, est à l’origine de sa force.
Un officier supérieur de Tsahal a déclaré en début de semaine qu’abaisser l’âge de l’exemption, permettant ainsi aux Haredim d’entrer sur le marché du travail à un âge plus jeune plutôt que de rester dans les yeshivot pour échapper à l’appel, pourrait être acceptable à condition que les soldats en service bénéficient d’une « gratification ».
La dernière proposition provisoire du gouvernement, examinée dimanche par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et certains partenaires de la coalition, projette d’abaisser l’âge de l’exemption de service militaire de 26 ans, comme c’est le cas aujourd’hui, à 23 ou 21 ans.
Alors que les soldats sont généralement appelés sous les drapeaux à l’âge de 18 ans, on pense que de nombreux jeunes Haredim, dans les yeshivot, continueraient leurs études religieuses plus longtemps qu’ils ne le feraient normalement afin d’éviter d’être enrôlés dans l’armée en réclamant des sursis pour cause d’études jusqu’à ce qu’ils soient suffisamment âgés pour demander à être définitivement dispensés du service au sein de Tsahal. En abaissant l’âge, le gouvernement espère encourager les jeunes ultra-orthodoxes à quitter les yeshivot et à entrer plus tôt sur le marché du travail.
Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, serait favorable à ce que l’âge de l’exemption soit fixé à 23 ans, mais à condition qu’un autre projet de loi soit adopté, qui accorderait des avantages supplémentaires aux soldats et aux anciens combattants, en accordant aux soldats de combat et à ceux qui jouent un rôle essentiel une augmentation de salaire significative, et en réduisant la durée de service des soldats qui occupent des postes non essentiels.
La provenance du budget nécessaire à la réalisation de ces propositions n’est pas claire.
Un expert a déclaré lundi au Times of Israel que les propositions du gouvernement seraient probablement rejetées par la Haute Cour de justice.
La population haredi s’oppose dans sa grande majorité à toute sorte de service obligatoire, civil ou militaire, le considérant comme une intrusion de forces extérieures dans la communauté qui serait susceptible d’éloigner ses membres. Certains extrémistes ultra-orthodoxes n’ont pas hésité à utiliser la violence lors de manifestations contre le service militaire.