Israël en guerre - Jour 403

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Il n’y a pas si longtemps, Netanyahu disait que Benny Gantz était « excellent »

Maintenant que l'ancien chef de l'armée est son rival le plus redoutable, le Premier ministre le traite de "faible gauchiste". En 2015, il vantait ses nombreuses qualités

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) avec le chef d'état-major sortant de l’armée israélienne Benny Gantz lors d'une cérémonie en l'honneur du nouveau chef d'état-major Gadi Eizenkot (hors champ), au bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 16 février 2015. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) avec le chef d'état-major sortant de l’armée israélienne Benny Gantz lors d'une cérémonie en l'honneur du nouveau chef d'état-major Gadi Eizenkot (hors champ), au bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 16 février 2015. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Il était une fois, il n’y a pas si longtemps, Benjamin Netanyahu avait une très haute opinion de Benny Gantz.

Le Premier ministre, par exemple, a salué Gantz comme un « excellent officier » qui a joué un rôle central dans le processus décisionnel aux plus hauts niveaux et à qui le peuple israélien est infiniment redevable.

Mais c’est de l’histoire ancienne. Février 2011, pour être précis.

Maintenant que le grand chef d’armée à la voix douce – « un Américain pourrait l’imaginer vivant dans une cabane en rondins », comme l’a décrit un jour le député Michael Oren – a mis fin à ses 38 ans de carrière militaire et est entré dans l’arène politique, il est devenu « un gauchiste » aux yeux de Netanyahu et du Likud, le parti qu’il dirige. En effet, un « faible gauchiste », selon une vidéo de campagne électorale que le Premier ministre a diffusée sur les réseaux sociaux la semaine dernière.

Netanyahu a commencé à attaquer Gantz en tant que gauchiste dès qu’il est apparu qu’il se présentait aux élections de la Knesset du 9 avril et qu’il allait devenir un véritable défi pour son poste de Premier ministre.

« Je ne me mêle pas de la manière dont la gauche divise ses votes », a-t-il déclaré à la presse le 28 décembre, le lendemain du jour où Gantz a enregistré son parti Hossen LeYisrael.

Mardi soir, après que Gantz a prononcé son premier discours de campagne à Tel Aviv, dans lequel l’éventuel futur Premier ministre a exposé des positions qui semblaient centristes, sinon un peu à droite, Netanyahu a réaffirmé que « quiconque qui se dit ni de gauche ni de droite – est de gauche ».

« C’est un commandant expérimenté et un excellent officier. Il a toutes les qualités et toute l’expérience nécessaires pour être un excellent chef d’état-major de Tsahal », a déclaré Netanyahu le 6 février 2011, quelques jours avant que le cabinet n’approuve à l’unanimité la nomination de Gantz.

A l’époque, le Premier ministre n’avait pas mentionné le cas de Madhat Yousef, un agent de la police des frontières druze tué par un tireur d’élite palestinien alors qu’il défendait le Tombeau de Joseph à Naplouse en octobre 2000, au début de la Seconde Intifada.

Gantz, général de brigade à l’époque, était le commandant de la division de Cisjordanie de l’armée israélienne.

Mais les ministres du Likud se sont souvenus au début du mois de l’incident qui s’est produit il y a 19 ans, après que l’aspirant politicien eut exprimé son soutien aux militants druzes qui exigent des changements à la loi controversée de l’État-nation juif, qui, selon eux, les transforme en citoyens de seconde classe. Gantz a été accusé d’avoir tourné le dos et abandonné Yousef, qui s’est vidé de son sang dans l’attente d’un sauvetage militaire. (Une enquête de Tsahal sur l’incident n’a révélé aucune faute dans les actions des commandants sur le terrain).

L’ancien chef d’état-major de Tsahal Benny Gantz avec des membres de la communauté druze et des militants devant son domicile à Rosh Haayin, lors d’une manifestation contre la loi sur l’État-nation, le 14 janvier 2019. (Flash90)

Au Likud et dans d’autres partis menacés par la montée en flèche des sondages de Gantz, plusieurs hommes politiques ont également attaqué son bilan en tant que 20e chef d’état-major de Tsahal, avec de plus en plus de férocité au fur et à mesure que sa stature politique progressait.

Le ministre de l’Éducation, Naftali Bennett, qui co-dirige le parti HaYamin HaHadash, a concentré ses critiques sur la performance de Gantz pendant l’opération Bordure protectrice, la guerre de 50 jours contre le Hamas à Gaza en 2014.

Dans un communiqué publié cette semaine, HaYamin HaHadash a qualifié Gantz et son nouveau partenaire politique, l’ancien chef de Tsahal Moshe Yaalon qui était ministre de la Défense (Likud) pendant cette guerre, comme étant « les architectes du blocage » avec le Hamas. « La dernière fois que [Yaalon] et Gantz ont travaillé ensemble, cela s’est terminé avec 30 tunnels terroristes [de Gaza] dans le sud », peut-on lire dans le communiqué.

Le Likud lui-même s’est montré plus circonspect dans les critiques de la performance de Gantz en temps de guerre, conscient du fait que le commandant en chef, finalement responsable de ce qui s’est passé sur le champ de bataille, était Netanyahu.

En effet, le Premier ministre a qualifié l’opération Bordure protectrice de « grande réussite militaire », ce qui fait qu’il est quelque peu difficile pour son parti de blâmer maintenant le chef d’état-major pour la manière dont il a géré ce conflit sans avoir l’air particulièrement hypocrite.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, (au centre), Moshe Yaalon, alors ministre de la Défense, (à droite), et Benny Gantz, alors chef d’état-major au QG de l’armée de l’air, le 10 juillet 2014. (Crédit : Ariel Hermoni/ministère de la Défense/Flash90)

Depuis que Gantz est entré en politique, Netanyahu est resté silencieux sur la prestation du lieutenant général pendant l’opération Bordure protectrice.

Pourtant, le ministre du Tourisme Yariv Levin (Likud) a déclaré mercredi à la radio de l’armée que Gantz était, dans l’ensemble, un « épouvantable » chef d’état-major, qui était incapable de proposer aux échelons politiques les choix militaires les plus appropriés.

Netanyahu a remercié Gantz pour son « excellent travail ».

Le 12 février 2015 – quatre jours avant que Gantz ne quitte officiellement l’armée – Netanyahu faisait l’éloge de son chef d’armée sortant.

« Nous avons participé activement à deux opérations sur le front de Gaza et dans d’autres secteurs, y compris beaucoup de choses dont le public n’est pas au courant. Je tiens à vous remercier pour cet excellent travail », a-t-il déclaré.

Nous avons travaillé ensemble en harmonie, et je crois aussi dans le respect mutuel

Comme cadeau d’adieu, Netanyahu remit à Gantz un exemplaire des « Lettres de Yonathan Netanyahu », de son frère décédé. « C’est avec une grande reconnaissance pour votre contribution à la sécurité d’Israël et pour votre leadership au cours d’une période très difficile », a écrit Netanyahu dans sa dédicace de ce livre.

Trois jours plus tard, lors d’une autre cérémonie d’adieu, Netanyahu prononça un long discours [lien hébreu] vantant Gantz, en insistant sur sa bienveillance mais aussi son professionnalisme.

« Je peux témoigner de mon point de vue, en tant que Premier ministre, que j’ai toujours su que j’avais à mes côtés un chef d’état-major de qualité, éthique, responsable, équilibré et réfléchi », a-t-il déclaré avec enthousiasme.

« Nous avons travaillé ensemble en harmonie, et je crois aussi dans le respect mutuel », a ajouté M. Netanyahu, soulignant que M. Gantz a joué « un rôle central » dans le processus de prise de décision concernant les questions cruciales de la sécurité en Israël.

IDF Chief of Staff Benny Gantz in a meeting with Prime Minister Benjamin Netanyahu earlier this month. The two men have different views on Iran sanctions (photo credit: Avi Ohayon/GPO/Flash 90)
Le chef d’état-major de Tsahal Benny Gantz (à gauche) lors d’une réunion avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu en 2015. (Avi Ohayon/GPO/Flash 90)

Se référant à la confrontation d’Israël avec le Hamas, le Premier ministre a félicité Gantz pour avoir tout fait pour frapper durement l’organisation terroriste basée à Gaza « sans mettre inutilement en danger la vie des soldats israéliens ».

Gantz n’a jamais hésité à prendre ses responsabilités et n’a jamais hésité à prendre la bonne décision, a souligné M. Netanyahu.

« C’est pourquoi », a conclu le Premier ministre, « le peuple d’Israël a une grande dette envers vous, Benny. Une grande dette pour les années où vous avez servi, pour le professionnalisme et le dévouement dont vous avez fait preuve en tant que combattant, commandant et chef d’état-major ».

C’était il y a un peu moins de quatre ans.

L’ancien chef d’état-major d’Israël Benny Gantz (C) passe parmi les militants pendant une manifestation électorale après avoir prononcé son premier discours à Tel Aviv, le 29 janvier 2019. (Jack Guez/AFP)

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