Il y a 50 ans, un sous-marin israélien disparaissait mystérieusement
Les archives de l'Etat publient un enregistrement de Moshe Dayan annonçant aux familles des marins du Dakar que leurs proches étaient probablement morts, portés disparus
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Des images d’une expédition visant à percer l’un des plus grands mystères du pays ont été diffusées lundi, montrant un équipage israélo-américain scrutant le fond de la Méditerranée à la recherche de traces du sous-marin INS Dakar, qui a sombré, avec son équipage de 69 personnes, dans les eaux entre la Crète et Chypre, le 25 janvier 1968.
Ces images rares ont été prises en 1999 lors d’une expédition pour retrouver les vestiges du sous-marin en 1999.
Seules des extraits de la vidéo, que l’on peut voir ci-dessus, avaient été diffusés dans le passé.
Les images ont été publiées par les archives du ministère de la Défense pour marquer les 50 ans du naufrage.
Les recherches ont commencé le 24 mai 1999. Elles étaient dirigées par une équipe israélo-américaine, avec l’aide de l’American Nauticos Corporation, en utilisant du matériel de détection en haute mer.
La vidéo du ministère de la Défense montre le travail minutieux de l’équipe pour scruter les fonds marins à l’aide d’un système SONAR.
Après quelques jours, le balayage a donné des résultats et un véhicule sous-marin télécommandé a capté les premières images du Dakar depuis plus de 30 ans. Il a été identifié avec succès grâce à une écoutille originale spécialement conçue pour le Dakar.
Le Dakar, commandé par le major Yaakov Raanan, a coulé alors qu’il se dirigeait vers Israël en provenance du Royaume-Uni, où il avait reçu un certain nombre d’améliorations dans la ville de Portsmouth.
Il a quitté le Royaume-Uni au début du mois de janvier 1968 et a établi le dernier contact juste après minuit le 25 janvier 1968. Ses dernières transmissions provenaient des eaux au large de la côte sud de la Crète.
Le sous-marin a été déclaré disparu un jour plus tard, ce qui a donné lieu à une recherche internationale qui n’a pas été fructueuse.
Les raisons précises du naufrage du sous-marin n’ont jamais été déterminées, ou du moins n’ont pas été rendues publiques.
En 2015, l’armée israélienne a présenté ses conclusions officielles sur le Dakar aux familles des marins tombés au combat, ce qui indiquait que le scénario le plus probable était que le navire avait connu une défaillance technique grave ou une perte de contrôle.
Les informations présentées aux familles semblaient réfuter la possibilité que le sous-marin ait été délibérément pris pour cible par un navire ennemi.
Avec le temps, les autorités égyptiennes ont affirmé que leur marine avait attaqué le sous-marin avec des mines. Une rumeur disait que l’Union soviétique était responsable du naufrage du Dakar. Des documents publiés par Israël en 2013 ont montré qu’à l’époque, on soupçonnait Moscou d’être à l’origine de la disparition du sous-marin.
Un enregistrement audio en hébreu du ministre de la Défense de l’époque, Moshe Dayan, du 4 février 1968, a également été publié lundi, dans lequel on peut l’entendre dire aux familles des 69 marins que l’armée considérait officiellement l’équipage comme porté disparu – et non comme mort.
Dayan a expliqué que cette qualification n’était pas due au fait que l’armée pensait qu’il y avait des survivants, mais pour des raisons plus techniques.
« Selon toutes les hypothèses que nous avons pu faire, il est impossible que des personnes vivantes soient encore à bord du sous-marin Dakar. Mais nous nous n’avons pas la moindre preuve », a-t-il ajouté.
« Si seulement nous avions quelque chose en quoi croire ou espérer que nous aurions dissimuler. Il n’y a rien que nous savons que vous ne savez pas. Nous ne cachons rien », a précisé M. Dayan.
« Nous ne savons rien d’autre en dehors du fait qu’à un moment donné, le contact a été rompu et que nous n’avons plus rien entendu depuis », a-t-il dit.
« Si nous savions avec certitude, si nous avions des preuves factuelles que les membres de l’équipage ou que certains d’entre eux se sont noyés ou sont morts, nous irions le dire aux parents et aux familles », a affirmé M. Dayan.
Sans ces preuves, a déclaré le ministre de la Défense, Israël doit les « porter disparus – c’est à dire, qui sont partis au combat et n’en sont pas revenus ».
Nous ne savons rien d’autre en dehors du fait qu’à un moment donné, le contact a été rompu et que nous n’avons plus rien entendu depuis
Les 69 marins ont été considérés comme disparus pendant 13 autres années avant d’être officiellement déclarés morts. Cette démarche visait à permettre à leurs veuves de se remarier en vertu de la loi juive.
En plus des enregistrements vidéo et audio, une lettre du chef de la marine israélienne de l’époque, Shlomo Erell, à ses soldats dans les semaines qui ont suivi la catastrophe, a été publiée par les archives.
« Malgré l’ampleur de la perte et le poids de la tourmente, vous avez démontré une capacité à continuer, une maturité et une camaraderie », écrivait-il.
« Aujourd’hui, nous mettons notre drapeau en berne à la mémoire des 69 membres d’équipage de l’INS Dakar, marins et sous-mariniers chevronnés, joyaux de la jeunesse israélienne », concluait M. Erell.