Insigne nazi et Zyklon B: enquête sur les tatouages d’une dentiste lyonnaise
Le Conseil de l'Ordre des chirurgiens-dentistes du Rhône a convoqué la praticienne et "décidera d'éventuelles poursuites disciplinaires" en fonction des réponses de la dentiste
« La dentiste de votre quartier est une nazie »: des militants antifascistes lyonnais ont dénoncé les tatouages, à la gloire du IIIe Reich, d’une praticienne que son cabinet a décidé de licencier, tandis que le parquet ouvrait une enquête.
Des photos récupérées sur le compte Instagram de cette jeune femme travaillant dans un cabinet de Sathonay-Camp, près de Lyon, ont été publiées mardi sur Twitter par le « groupe antifa Lyon » et signalées par le site d’information LyonMag.
Elles montrent plusieurs tatouages dont un sur la nuque reproduisant la « Totenkopf » (tête de mort en allemand), insigne de la 3e division SS qui a sévi notamment dans les camps de concentration du régime nazi ; et un autre sur le bras reproduisant une bouteille de « Zyklon B », le poison mortel utilisé dans les chambres à gaz.
Les militants d’extrême-gauche ont également placardé sur les murs du centre dentaire les photos en question. « Une dentiste nazie est absolument contraire à l’idée même de la médecine », juge le groupe « antifa » sur son site internet.
L’intéressée, identifiée nommément par les « antifas », a depuis supprimé son compte Instagram et le cabinet, l’un des trois du groupe Labelia dans la région lyonnaise, a porté plainte « pour identifier les auteurs de cette campagne de dénigrement ».
Ben alors Carolina, on assume plus autant ses tatouages ni ses amis fascistes ?
Tu peux commencer à les recouvrir pour la plainte en diffamation, ca serait un premier pas.
Par la suite, présenter tes excuses aux victimes de la shoah.https://t.co/dl2VbjgOmT— Groupe Antifa Lyon (@antifa_lyon) October 14, 2020
Une enquête a donc été ouverte « du chef d’atteinte à la vie privée en vue de troubler la tranquillité d’autrui », selon le parquet de Lyon qui a parallèlement ouvert une enquête pour « provocation à la haine raciale », visant cette fois les tatouages portés par la jeune femme.
La direction de Labelia assure qu’elle n’était au courant « ni de ces tatouages, ni de leur signification » avant leur révélation. Il a convoqué la dentiste, salariée depuis plus d’un an, appréciée de ses patients et de ses collègues, « pour comprendre précisément le contexte dans lequel ses tatouages ont été réalisés et la signification qu’elle leur attribue ».
Au vu des explications fournies, le groupe a décidé de s’en séparer « avec effet immédiat », indique un communiqué transmis à l’AFP.
Le Conseil de l’Ordre des chirurgiens-dentistes du Rhône, de son côté, a convoqué la praticienne jeudi. L’instance n’a pas à connaître des opinions politiques de ses membres, « à moins que cela nuise à l’éthique ou à l’honneur de la profession », explique son président, Alain Chantreau.
« Ce qui est préjudiciable, c’est de s’afficher avec des tatouages comme ça sur un réseau social ouvert à tout le monde, en se montrant dans sa salle de soins et en tenue professionnelle », considère le responsable. « On a un rappel à l’ordre à lui faire et en fonction de ses réponses, on décidera d’éventuelles poursuites disciplinaires », précise M. Chantreau.