Irak : deuil national et colère après les frappes meurtrières imputées à Ankara
L'opinion publique irakienne ne décolère pas après la tragédie qui a fait neuf morts et 23 blessés dans des jardins récréatifs du Kurdistan
Le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi a décrété une journée de deuil national jeudi, au lendemain de tirs d’artillerie imputés à la Turquie ayant tué neuf civils dans des jardins récréatifs du Kurdistan, dans le nord de l’Irak.
Les corps des victimes doivent quitter dans la matinée l’aéroport d’Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan, pour être transportés à Bagdad, avant d’être remis aux familles pour les funérailles, selon un responsable kurde.
L’opinion publique irakienne ne décolère pas après la tragédie qui a fait neuf morts et 23 blessés, pour la plupart des visiteurs irakiens du sud ou du centre du pays qui ont l’habitude de fuir les chaleurs caniculaires estivales pour trouver un peu de fraîcheur dans la région montagneuse du nord, située à la frontière avec la Turquie.
Jeudi matin, près d’un centre de délivrance de visas turcs à Bagdad, placé sous haute protection policière, quelques dizaines de manifestants réclamaient l’expulsion de l’ambassadeur turc, selon un photographe de l’AFP.
Des hauts-parleurs diffusaient des chants patriotiques. Certains manifestants tenaient à la main une feuille sur laquelle était écrit : « Je suis Irakien je demande l’expulsion d’Irak de l’ambassadeur turc. »
« A la Turquie et à l’ambassade, on leur dit ça suffit », assène Ali Yassine. « Ça sert à rien le pacifisme, nous voulons brûler l’ambassade, l’ambassadeur turc doit être expulsé. Notre gouvernement ne fait rien », fustige cet homme de 53 ans.
Ankara, qui dispose de dizaines de bases militaires depuis 25 ans au Kurdistan irakien, lance régulièrement des opérations militaires contre les insurgés kurdes turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé groupe « terroriste » par la Turquie et ses alliés occidentaux.
Accusé par l’Irak, Ankara a nié toute responsabilité dans les tirs d’artillerie de mercredi. Sur son compte Twitter, l’ambassade de Turquie a présenté ses condoléances « pour les frères Irakiens tués par l’organisation terroriste PKK ».
Ces opérations sur le sol irakien compliquent les relations entre le gouvernement central irakien et Ankara, un des premiers partenaires commerciaux de l’Irak.
Mercredi soir Bagdad a durci le ton en exigeant le retrait des forces armées turques de l’ensemble du territoire irakien.
Tout comme les autorités ont annoncé « le rappel du chargé d’affaires irakien à Ankara pour consultations, et l’arrêt des procédures d’envoi d’un nouvel ambassadeur en Turquie », selon un communiqué officiel.
La diplomatie allemande a condamné jeudi l’attaque contre des civils dans le nord de l’Irak mercredi, appelant à « faire la lumière de toute urgence sur les circonstances et les responsabilités » des tirs que Bagdad a imputés à la Turquie.
« Les attaques contre les civils sont totalement inacceptables, leur protection doit être une priorité absolue en toutes circonstances », a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, à propos des tirs d’artillerie qui ont fait neuf morts et 23 blessés civils.
L’Allemagne « attache la plus grande importance au respect de la souveraineté de l’État irakien et au respect du droit international », souligne encore le communiqué.