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Israël à la traîne de l’indice 2021 de la corruption de Transparency International

L'État juif est 29e sur 37 pays ; la cheffe d'un groupe de veille évoque un "signal inquiétant" avec un "renforcement" du phénomène de la corruption en Israël

Des manifestants anti-Netanyahu aux abords de la cour de district de Jérusalem alors que le Premier ministre Netanyahu arrive à son procès, le 8 février 2021. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)
Des manifestants anti-Netanyahu aux abords de la cour de district de Jérusalem alors que le Premier ministre Netanyahu arrive à son procès, le 8 février 2021. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Un groupe de veille anti-corruption a attribué, mardi, à Israël la pire note de toute l’histoire du pays dans son classement global qui s’intéresse à la manière dont les gouvernements traitent la corruption gouvernementale.

L’Indice sur la perception de la corruption de Transparency International pour l’année 2021, un indice qui mesure la perception de la corruption dans le secteur public sur la base des appréciations des experts et des hommes d’affaires, attribue ainsi à Israël une note de 59 sur 100. Les notes les plus hautes sont données aux pays où il y a le moins de corruption perçue.

Depuis que cet Indice a commencé à suivre Israël, il y a une décennie, la note la plus basse à avoir été attribuée à l’État juif avait été 60 – une note donnée en 2020, mais pas seulement. Le note la plus haute attribuée à l’État juif, au cours des dix dernières années, avait été de 64, et remonte à 2016.

Israël est 36e sur cent pays dans le rapport de 2021 après avoir été classé 28e il y a cinq ans. Parmi les pays de l’OCDE, l’État juif est 29e, et perd quatre places par rapport à l’année précédente.

Les notes, explique l’organisation, sont attribuées conformément « au niveau perçu, dans chaque pays, de corruption dans le secteur public, sur la base des analyses des experts et des hommes d’affaires », à partir de données collectées auprès de 13 institutions – notamment la Banque mondiale, le Forum économique mondial et Freedom House.

Les Israéliens manifestent contre la corruption et pour la démocratie aux abords de la résidence du Premier ministre de Jérusalem, le 3 mai 2020. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Transparency International n’a fourni aucun détail sur ce qui a justifié l’attribution de cette note à Israël – ou celles de n’importe quel pays contrôlé – et le groupe n’a pas placé l’État juif dans sa division « Moyen-Orient et Afrique du nord », ni dans aucune section régionale.

Nili Arad, la présidente de Transparency International Israel, a estimé que l’indice publié cette année « indique que le phénomène de la corruption se renforce » dans le pays.

Elle a souligné que ce phénomène était particulièrement inquiétant au vu de la pandémie de COVID-19, « une période où une plus grande transparence est nécessaire pour protéger ce que sont les fondements de la démocratie ».

« Ce classement bas est un signal inquiétant qui doit alerter », a-t-elle poursuivi.

En 2019, un Premier ministre israélien en exercice avait été mis en examen, pour la toute première fois, pour pots-de-vin, fraude et abus de confiance. Benjamin Netanyahu, qui est aujourd’hui chef de l’opposition, ne cesse de clamer son innocence et le procès devrait continuer en 2022 alors qu’il a refusé un accord de négociation de peine en tout début de semaine.

Mais les affaires de corruption vont bien au-delà de Netanyahu.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, entouré des députés du Likud, fait une déclaration télévisée avant le début de son procès pour corruption au tribunal de district de Jérusalem, le 24 mai 2020. Parmi les ministres du Likud photographiés (de gauche à droite) figurent Amir Ohana, Miri Regev, Israel Katz, Tzachi Hangebi, Yoav Gallant et David Amsalam. (Yonatan Sindel/Flash90)

Le jour même de la publication de l’indice de Transparency International pour 2021, le chef du parti Shas et ancien ministre Aryeh Deri a plaidé coupable dans une affaire de délits fiscaux devant la cour des magistrats de Jérusalem, dans le cadre d’une négociation de peine avec les procureurs qui a également entraîné son départ des bancs du Parlement, où Deri était député.

Les députés de l’opposition Yaakov Litzman, David Bitan et Haim Katz pourraient, de leur côté, être inculpés pour des délits de corruption variés qu’ils auraient commis alors qu’ils suivaient une carrière au service du public.

Les pays les mieux placés dans l’indice, cette année, sont le Danemark, la Finlande et la Nouvelle-Zélande, qui obtiennent une note de 88. Au bas du classement, la Somalie et la Syrie – avec 13 – et le sud-Soudan avec 11.

Israël est aux côtés de 27 pays – notamment l’Australie, le Canada, Chypre, le Liban et le Honduras – qui obtiennent la note la plus basse de leur Histoire cette année.

Les États-Unis obtiennent une note de 67, les Émirats arabes unis de 69 et le Royaume-Uni de 78.

Avec sa note de 59, Israël figure toutefois parmi les pays les mieux notés de la région, en comparaison avec la Jordanie (49), le Liban (24) et l’Égypte (33).

L’ancien député Aryeh Deri, leader du parti Shas, arrive pour une audience au tribunal de première instance de Jérusalem le 25 janvier 2022 . (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Dans l’ensemble, la majorité des pays ont fait peu progrès – voire aucun – dans la lutte contre la corruption au cours de la dernière décennie et la réponse apportée par les autorités à la COVID-19, dans de nombreuses nations, a pesé sur le contrôle de la corruption, a fait savoir ce rapport très attendu.

Dans un communiqué de presse expliquant le rapport, Transparency International a estimé que « de plus en plus, les droits et l’équilibre des pouvoirs sont sapés – non seulement dans les pays touchés par une corruption systémique et dont les institutions sont faibles, mais aussi parmi les démocraties établies ».

L’organisation a notamment cité, entre autres, l’utilisation du logiciel-espion Pegasus du NSO Group israélien, l’année dernière, qui a été liée à des activités de surveillance d’activistes de la défense des droits de l’Homme, de journalistes et de politiciens dans le monde entier.

Le rapport a ajouté que la pandémie « a été utilisée dans de nombreux pays comme justification pour réduire les libertés fondamentales et pour marginaliser des contre-pouvoirs importants. »

Les États-Unis, qui avaient chuté dans le classement ces dernières années pour atteindre la note de 67 en 2020, ont maintenu cette note, cette année, mais ils perdent deux places au classement, arrivant à la 27e. Transparency a expliqué que le pays était sorti du Top 25 pour la toute première fois dans la mesure où il y a, aux États-Unis, « des attaques continues contre le système d’élections libres et justes, ainsi qu’un système des finances de campagne opaque. »

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