Israël est un « ami » de l’Espagne, assure Pedro Sánchez tout en restant sur sa ligne
Israël a annoncé jeudi rappeler "pour consultations" son ambassadrice en Espagne après des propos jugés "scandaleux" du Premier ministre espagnol
Pedro Sánchez a assuré vendredi qu’Israël était « un ami de l’Espagne », au lendemain du rappel par l’Etat juif de son ambassadrice dans le pays après des propos jugés « scandaleux » du Premier ministre espagnol sur la riposte militaire israélienne contre le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza qu’il contrôle depuis 2007.
L’Espagnol, l’une des voix les plus pro-arabes au sein de l’UE et des plus anti-Israël, a toutefois maintenu son positionnement sur le conflit entre l’Etat hébreu et le groupe terroriste qui provoque depuis plusieurs jours des tensions entre Madrid et le gouvernement de Benjamin Netanyahu.
Dans un message publié sur X (ex-Twitter), M. Sánchez indique avoir « répété qu’Israël est un allié, un ami de l’Espagne », lors d’une conversation téléphonique avec l’ex-ministre israélien de la Défense et actuel membre du cabinet de guerre, Benny Gantz.
« Une fois de plus, j’ai condamné les attentats terroristes du Hamas du 7 octobre », a poursuivi le Premier ministre espagnol, qui a rappelé « qu’Israël a le droit de se défendre ».
« Mais j’ai réaffirmé que l’Espagne jugeait insupportable la mort de civils à Gaza et qu’Israël devait respecter le droit international humanitaire », a-t-il conclu.
Israël a annoncé jeudi rappeler « pour consultations » son ambassadrice en Espagne après des propos jugés « scandaleux » du Premier ministre espagnol.
Ce dernier avait indiqué, à la télévision publique espagnole, avoir de « sérieux doutes » sur le respect par Israël du droit international, vu « le nombre croissant de personnes qui meurent, surtout de jeunes garçons et filles » à Gaza.
Les prises de positions de Pedro Sánchez, qui juge que la reconnaissance de l’Etat palestinien est dans « l’intérêt de l’Europe », suscitent des tensions depuis plusieurs jours avec le gouvernement Netanyahu qui l’a accusé de « soutenir le terrorisme ».
Géographiquement proche du Maghreb, l’Espagne s’est tournée vers les pays arabes durant la dictature de Franco (1939-1975) afin de contourner son isolement en Occident – une diplomatie dite de « substitution » longtemps cultivée par Madrid, rappelle Juan Tovar, professeur à l’université de Burgos.
Ce n’est qu’en 1986, en outre, que le pays a établi des relations officielles avec Israël. La conséquence de tensions nées de l’opposition de l’Etat hébreu à l’entrée dans l’ONU de l’Espagne au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en raison de sa proximité avec l’Allemagne nazie, rappelle Isaías Barreñada, professeur à l’Université Complutense de Madrid.
Madrid est ensuite allé jusqu’à jouer les médiateurs, accueillant ainsi en 1991 une Conférence de paix, avec pour la première fois l’ensemble des parties arabes en conflit direct avec l’Etat hébreu: Palestiniens, Syriens, Jordaniens et Libanais.
Deux ans après cette conférence, les accords d’Oslo, à travers lesquels Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) se reconnaissaient mutuellement, étaient signés à Washington.
Mais globalement, l’Espagne reste perçue par de nombreux acteurs comme pro-arabe.