Israël en guerre - Jour 566

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Israël et la Turquie négocient une désescalade pour éviter un conflit armé en Syrie

Une source israélienne confirme que des discussions ont lieu après des frappes sur des sites convoités par la Turquie, tandis que Netanyahu affirme qu'Israël ne cherche aucune confrontation mais doit se défendre contre toute menace

Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan (à gauche), reçu par le chef du Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Ahmed al-Sharaa (également connu sous le nom d'Abu Mohammed al-Jolani), à Damas, le 22 décembre 2024. (Crédit : Ministère turc des Affaires étrangères/AFP)
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan (à gauche), reçu par le chef du Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Ahmed al-Sharaa (également connu sous le nom d'Abu Mohammed al-Jolani), à Damas, le 22 décembre 2024. (Crédit : Ministère turc des Affaires étrangères/AFP)

Israël et la Turquie ont tenu des discussions techniques visant à établir un mécanisme de désescalade en Syrie, a confirmé mercredi une source israélienne.

La source a déclaré à la chaîne d’information N12 « qu’un mécanisme sera établi, similaire à celui mis en place entre Israël et la Russie ».

Des propos qui ont fait suite aux paroles prononcées par le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, mercredi, qui a indiqué, lors d’une interview en direct sur CNN Turk, que les deux pays auraient des discussions sur la question « lorsque cela s’avérait nécessaire ».

Selon une information du site Ynet, un haut responsable israélien a déclaré que lors d’une réunion du cabinet de sécurité mercredi soir, Netanyahu a dit aux ministres qu’Israël ne cherchait pas la confrontation avec la Turquie en Syrie, mais qu’il n’hésiterait pas à agir si nécessaire pour se défendre.

Le Premier ministre a ajouté qu’il demanderait l’aide du président américain Donald Trump en cas de besoin, étant donné les relations étroites de ce dernier avec le dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan.

Intensification des frappes

Les remarques de Fidan sont intervenues une semaine après qu’Israël a intensifié ses frappes aériennes sur la Syrie, déclarant que ces attaques constituaient un avertissement au nouveau gouvernement de Damas, qui accuse la Turquie de tenter de transformer le pays en un protectorat turc.

Des débris jonchant le sol sur le site d’une frappe israélienne, dans une installation militaire, dans le gouvernorat de Hama, dans le sud de la Syrie, le 3 avril 2025. (Crédit : Abdulaziz Ketaz/AFP)

Israël a mené une campagne visant à détruire les capacités militaires syriennes afin qu’elles ne puissent pas constituer une menace pour Israël, et craint que si la Turquie établit une présence militaire en Syrie, cela pourrait entraver la liberté d’action de l’armée de l’Air israélienne dans la région.

La Turquie est l’un des principaux soutiens de la coalition dirigée par les islamistes qui a renversé Bashar el-Assad en Syrie après plus de 14 ans de guerre civile. Israël se méfie de la présence des islamistes à sa frontière et a fait pression sur les États-Unis pour qu’ils réduisent l’influence croissante de la Turquie dans le pays.

Samedi, Reuters a rapporté que la Turquie avait repéré au moins trois bases aériennes en Syrie où elle pourrait déployer des forces dans le cadre d’un projet de pacte de défense conjoint qui pourrait voir de nouvelles bases turques dans le centre de la Syrie et l’utilisation de l’espace aérien syrien, avant que l’aviation israélienne ne frappe les sites en question.

Les frappes israéliennes sur les trois sites convoités par la Turquie, y compris un barrage intensif mercredi soir, ont eu lieu malgré les efforts d’Ankara pour rassurer Washington sur le fait qu’une présence militaire plus importante en Syrie n’avait pas pour but de menacer Israël, selon le rapport, citant quatre responsables proches du dossier.

« Alors que nous menons certaines opérations en Syrie, il faut un mécanisme de désescalade avec Israël, qui fait voler des avions dans cette région, similaire aux mécanismes que nous avons avec les États-Unis et la Russie », a déclaré Fidan mercredi.

« Il y a des contacts techniques pour éviter que les éléments militaires ne se comprennent mal », a poursuivi Fidan, ajoutant que les équipes techniques communiquent « lorsque c’est nécessaire ».

Le président turc Recep Tayyip Erdogan (à gauche), serre la main du président syrien par intérim Ahmed al-Sharaa lors de leur entrevue au palais présidentiel d’Ankara, en Turquie, le 4 février 2025. (Présidence turque via AP)

Le ministre turc des Affaires étrangères a déclaré que ces discussions ne visaient qu’à assurer la désescalade en Syrie et non à normaliser les relations.

La semaine dernière, le ministère turc des Affaires étrangères a qualifié Israël de « plus grande menace pour la sécurité régionale ».

Vendredi dernier, Fidan a déclaré à Reuters : « Nous ne voulons pas d’une confrontation avec Israël en Syrie parce que la Syrie appartient aux Syriens », mais les frappes israéliennes répétées dans ce pays érodent la capacité du nouveau gouvernement à dissuader les menaces de ses ennemis, y compris le groupe terroriste État islamique.

L’Azerbaïdjan et les États-Unis se proposent comme médiateurs

Lors du forum politique annuel de l’université ADA à Bakou, mercredi, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a fait référence au rôle passé de son pays dans la facilitation des relations israélo-turques, notant que « les deux pays sont des amis proches de l’Azerbaïdjan ».

Nous espérons que le processus aboutira à une normalisation », a déclaré Aliyev à propos de ce nouveau développement, ajoutant : « Je pense que, malgré les préoccupations légitimes et le niveau assez élevé de méfiance, il est encore possible de trouver des motifs de normalisation et des domaines d’intérêt mutuel. Je pense donc que le processus ne doit pas s’arrêter et l’Azerbaïdjan fait tout ce qui est en son pouvoir pour faciliter ce processus ».

Le président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev (à droite) et le président turc Recep Tayyip Erdogan lors d’une cérémonie de bienvenue à Nakhchivan, en Azerbaïdjan, le 25 septembre 2023. (Présidence turque via AP)

Lundi, Trump s’est présenté également comme un médiateur entre Israël et la Turquie dans leur lutte pour la Syrie, un pays politiquement fragile.

Le président américain, qui s’exprimait aux côtés de Netanyahu lors de la visite du Premier ministre à la Maison Blanche, a déclaré que les négociations pourraient être facilitées par les « excellentes relations » du président avec Erdogan, qu’il a dit apprécier beaucoup et qu’il a qualifié de « très intelligent ».

Trump a semblé reconnaître la domination de la Turquie en Syrie, déclarant qu’il avait dit à Erdogan qu’il l’avait « prise en charge par l’intermédiaire de substituts ».

J’ai dit au Premier ministre [israélien] : « Bibi, si vous avez un problème avec la Turquie, je pense vraiment que je vais pouvoir le résoudre », a déclaré Trump aux journalistes, en utilisant le surnom de Netanyahu.

« Vous savez, j’ai une très, très bonne relation avec la Turquie et avec son dirigeant, et je pense que nous pourrons trouver une solution », a-t-il ajouté. « Tant que vous êtes raisonnables, vous devez être raisonnables. »

Netanyahu a exprimé les inquiétudes d’Israël concernant l’influence de la Turquie en Syrie, tout en présentant le président américain comme un médiateur.

Le président américain Donald Trump (à droite) et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 7 avril 2025. (Kevin Dietsch / Getty Images via AFP)

« Nous avons eu des relations de voisinage avec la Turquie qui se sont détériorées, et nous ne voulons pas que la Syrie soit utilisée par qui que ce soit, y compris la Turquie, comme base d’attaque contre Israël », a-t-il déclaré.

« Nous avons discuté des moyens d’éviter ce conflit de différentes manières, et je pense que nous ne pouvons pas avoir de meilleur interlocuteur que le président des États-Unis à cette fin », a ajouté Netanyahu.

Liens avec le Hamas et rhétorique dure

Erdogan est un partisan déclaré du Hamas et l’un des principaux détracteurs d’Israël sur la scène internationale, et son pays a souvent fait l’éloge de l’attaque du 7 octobre 2023 du groupe terroriste palestinien soutenu par l’Iran, qui a déclenché la guerre actuelle, lorsque des milliers de terroristes ont envahi le sud d’Israël depuis la bande de Gaza, tuant quelque 1 200 personnes et prenant 251 otages.

Erdogan a été cité dans un discours il y a deux semaines, appelant Allah à « détruire l’Israël sioniste ».

Moins d’un mois après l’attentat du 7 octobre, Erdogan, dont le gouvernement venait tout juste de rétablir des liens diplomatiques complets avec Israël, a multiplié les critiques à l’encontre de ce pays. Fin octobre 2023, il a affirmé que le Hamas n’était pas une organisation terroriste mais un groupe de libération composé de « moudjahidines » luttant pour leurs terres et leur peuple, et a déclaré, dans un discours prononcé lors d’un grand rassemblement pro-palestinien à Istanbul, que son pays se préparait à proclamer Israël « criminel de guerre » pour ses actions à Gaza.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’adresse aux participants d’un rassemblement en solidarité avec les Palestiniens, à Istanbul, en Turquie, le samedi 28 octobre 2023. (Crédit : AP Photo/Emrah Gurel)

Israël a annoncé qu’il retirerait ses diplomates de Turquie en réponse aux déclarations incendiaires d’Erdogan.

La Turquie accueille plusieurs responsables du Hamas, et on s’attendait à ce qu’elle en accueille d’autres lorsque le Qatar a expulsé les dirigeants du groupe terroriste en novembre 2024, apparemment sous pression des États-Unis.

En mai 2024, la Turquie a interrompu tout commerce bilatéral avec Israël, dans le but de faire pression sur ce pays pour qu’il autorise l’acheminement sans entrave de l’aide à Gaza.

Efforts de normalisation passés

En septembre 2023, moins d’un mois avant que l’attaque du Hamas ne déclenche le conflit actuel, Netanyahu et Erdogan ont discuté des efforts de normalisation des relations avec l’Arabie saoudite lors de leur toute première rencontre connue, qui s’est déroulée en marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York.

Les dirigeants ont alors convenu de coordonner des visites mutuelles « dans un avenir proche », selon le cabinet de Netanyahu.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu rencontrant le président turc Recep Tayyip Erdogan en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, le 19 septembre 2023. (Crédit : Avi Ohayon/GPO)

Cette rencontre s’inscrit dans un contexte de réchauffement des liens entre Israël et la Turquie, après des années d’animosité entre les dirigeants des deux pays. Le président Isaac Herzog a été accueilli par Erdogan en mars 2022 à Ankara. Il s’agissait de la première visite israélienne de haut niveau depuis 2008.

Israël était un allié régional de longue date de la Turquie avant l’arrivée au pouvoir de Erdogan, mais les liens se sont détériorés après le raid d’un commando israélien en 2010 contre le navire Mavi Marmara en partance pour Gaza, qui faisait partie d’une flottille de lutte contre le blocus, et qui a fait 10 morts parmi les militants turcs qui avaient attaqué les soldats de Tsahal à bord du navire.

Netanyahu et Erdogan se sont mutuellement échangé des passes d’arme à plusieurs reprises au cours des années qui ont suivi. En juillet 2014, Erdogan a accusé l’État hébreu de « maintenir l’esprit d’Hitler en vie » pendant la guerre contre Gaza.

Confronté à un isolement diplomatique croissant et à des difficultés économiques, Erdogan a commencé à afficher publiquement une ouverture au rapprochement en décembre 2020.

En août 2022, Israël et la Turquie ont annoncé le renouvellement complet de leurs relations diplomatiques, une décision qui aurait été facilitée par l’Azerbaïdjan d’après la déclaration d’Aliyev mercredi.

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

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