Israël interdit les firmes de cryptodevises des indices de la bourse de Tel Aviv
Selon la décision, les actifs numériques et les sociétés qui les gèrent sont trop volatiles pour être vendus à des investisseurs passifs, mais peuvent être négociés en bourse
Simona Weinglass est journaliste d'investigation au Times of Israël
L’Autorité des titres israélienne (ATI) a annoncé mardi qu’elle exclurait les sociétés de crypto-devises des indices de la Bourse de Tel Aviv mais pas de la Bourse elle-même, adoptant l’une des deux règles proposées par l’ancien président de l’ATI, Shmuel Hauser.
« Nous avons décidé de ne plus exposer les investisseurs passifs aux risques des sociétés dont l’activité principale concerne les crypto-devises. Les investissements dans ces sociétés sont risqués, spéculatifs et volatils. Nous avons également publié un avertissement détaillé aux investisseurs sur les dangers d’investir dans les crypto-devises », a déclaré la nouvelle présidente de l’ATI Anat Guetta dans un communiqué de presse.
Cette décision, bien qu’attendue, a été un second coup dur pour l’industrie israélienne des crypto-devises, le jour où Google a annoncé qu’il allait bientôt interdire toute publicité pour les crypto-devises et les offres initiales de pièces de monnaie.
L’ATI a ajouté que la règle serait en vigueur pendant un an, après quoi elle serait réévaluée. Son objectif, a dit l’ATI, est d’empêcher les investisseurs passifs, qui investissent dans des fonds communs de placement et des ETF [Exchange Traded Funds] ou OPCVM [Organisme de placements collectif en valeurs mobilières], d’être exposés aux entreprises impliquées dans le secteur émergent de la crypto-devise, qui est notoirement volatil.
Par exemple, le prix du Bitcoin est passé de 900 dollars à la fin de décembre 2016 à plus de 20 000 dollars en décembre 2017, puis a commencé à baisser pour atteindre environ 8 300 dollars, après avoir perdu près de 9 % de sa valeur depuis le début de la journée.
« Nous exclurons les sociétés dont l’activité principale est la gestion, le placement ou le minage de crypto-devises [Vérification de la chaîne de blocs] des indices », a déclaré le communiqué de presse.
« L’extrême volatilité qui caractérise les crypto-devises peut également être observée dans les entreprises dont la valeur monte et baisse brutalement, souvent sans raison apparente. Cette volatilité pourrait conduire à une situation où de telles sociétés respecteraient les seuils requis pour rejoindre les indices. Cependant, si ces sociétés faisaient partie des indices, les fonds communs de placement et les ETF seraient obligés d’acheter leurs actions, exposant ainsi les investisseurs passifs à la volatilité et au risque de pertes importantes ».
Au début du mois de janvier, l’ATI avait ouvert une période de quatre semaines pour recueillir des commentaires sur deux règles possibles : la première excluait les sociétés de crypto-devises des indices et la seconde aurait empêché les sociétés de crypto-devises de s’inscrire au TASE [Bourse de Tel Aviv – Tel Aviv Stock Exchange] si elles ne disposaient pas d’au moins 100 millions de shekels (environ 28 millions de dollars) de fonds propres et d’au moins 36 mois de rapports financiers audités.
Après avoir étudié les commentaires, l’ATI a déclaré qu’elle avait décidé de mettre en œuvre la première règle proposée, mais pas la seconde.
La décision d’exclure les entreprises de crypto-devises des indices TASE est distincte de la décision très attendue de l’ATI sur la manière de réglementer les crypto-devises, décision qui sera publiée dans les prochains jours, a déclaré l’agence gouvernementale. L’ATI a également publié un avertissement aux investisseurs mercredi concernant les nombreux risques liés à l’investissement dans les crypto-devises et les offres initiales de pièces de monnaie, depuis la perte de tous les fonds jusqu’à devenir une victime de fraude.
En réponse à la décision et aux avertissements de l’ATI, Meni Rosenfeld, président de l’Association israélienne des bitcoins, a publié un communiqué de presse.
« Il existe en effet un certain nombre de risques associés aux investissements dans les monnaies numériques, qu’il faut prendre en considération pour prendre une décision éclairée. Investir dans ce domaine n’est pas pour tout le monde, mais seulement pour ceux qui comprennent le potentiel et les dangers. »
Néanmoins, Rosenfeld a dit qu’il espère qu’Israël ne jettera pas le bébé avec l’eau du bain.
« Les monnaies numériques comme le Bitcoin sont d’immenses promesses technologiques et un moteur de croissance important pour la haute technologie israélienne, et nous ne devons pas laisser les facteurs négatifs et les avertissements étouffer l’innovation et faire en sorte qu’Israël se retrouve à la traîne ».