Israël, l’Inde, les USA et les EAU collaborent sur l’alimentation et l’énergie
Les dirigeants annoncent un investissement de 2 milliards de dollars dans des parcs alimentaires en Inde, qui feront appel à l'expertise des secteurs privés israélien et américain
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Les dirigeants d’Israël, de l’Inde, des États-Unis et des Émirats arabes unis ont annoncé jeudi deux projets de collaboration de grande envergure dans les domaines de la sécurité alimentaire et de l’énergie propre après s’être rencontrés lors d’un sommet virtuel à l’occasion de la visite du président américain Joe Biden à Jérusalem.
Joe Biden, le Premier ministre Yair Lapid, le président des Émirats arabes unis Mohamed bin Zayed et le Premier ministre indien Narendra Modi ont fait cette annonce dans un communiqué commun publié par leurs bureaux lors de leur réunion virtuelle – le rassemblement de plus haut niveau à ce jour du nouveau forum I2U2, créé par les États-Unis.
Dans des remarques publiques avant la réunion à huis clos, les quatre dirigeants ont souligné l’importance de travailler ensemble pour relever les défis mondiaux.
« Nous devons penser en termes nouveaux en ce qui concerne l’énergie, la sécurité alimentaire, les technologies de l’eau, la défense et le commerce », a déclaré Lapid/ « Au 21e siècle, les défis sont locaux mais les solutions sont internationales ».
Il a mis l’accent sur l’insécurité alimentaire résultant de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qualifiant le corridor alimentaire émergent entre l’Inde et les Émirats « d’exemple clair de solution à un problème auquel nous sommes tous confrontés. »
S’exprimant après Lapid, le président américain Joe Biden a déclaré que la réunion visait à « démontrer l’importance de faire connaître les impacts pratiques » de l’intégration croissante d’Israël.
« Notre défi collectif est de produire des résultats réels que les gens peuvent percevoir dans leur vie quotidienne », poursuit M. Biden.
« Nous pouvons faire beaucoup si nous nous serrons les coudes », conclut le président, soulignant qu’il a l’intention de rester mobilisé sur le sujet.
« Dans le cadre de l’I2U2, nous avons convenu d’accroître les investissements conjoints dans six domaines importants : l’eau, l’énergie, les transports, l’espace, la santé et la sécurité alimentaire. Il est clair que la vision et le programme de l’I2U2 sont progressistes et pratiques », a déclaré Modi.
« J’espère également que notre quatuor sera un modèle pour ceux qui désirent la paix et la prospérité », a ajouté M. bin Zayed.
Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré aux journalistes en route pour Israël mercredi que le fait de réunir Israël, l’Inde et les Émirats arabes unis, notamment pour utiliser leur expertise afin de relever les défis de la sécurité alimentaire, répondait à la vision de Biden d’un « Moyen-Orient plus intégré et plus engagé sur le plan mondial ».
« Nous pensons que l’I2U2 peut devenir une caractéristique de la région au sens large, tout comme la Quadrilatérale est devenue un pilier central de la stratégie indopacifique des États-Unis », a déclaré Sullivan, faisant référence au dialogue sur la sécurité que les États-Unis entretiennent avec l’Inde, l’Australie et le Japon.
Le communiqué conjoint établit que les partenaires souhaitaient « tirer parti de la dynamique de nos sociétés et de l’esprit d’entrepreneuriat pour relever certains des plus grands défis que notre monde doit affronter, avec une attention particulière portée aux investissements conjoints et aux nouvelles initiatives dans les secteurs de l’eau, de l’énergie, de l’espace, de la santé et de la sécurité alimentaire ».
Les pays du forum I2U2 utiliseront aussi leurs secteurs privés respectifs pour promouvoir des avancées vers une économie bas carbone, pour améliorer la santé publique et l’accès aux vaccins, pour créer conjointement de nouvelles solutions pour le traitement des déchets et pour développer les technologies vertes, continue le communiqué.
Les pays ont également souligné leur soutien à l’intégration d’Israël dans la région, faisant le lien entre les accords de normalisation, les Accords d’Abraham, et la formation de tribunes telles que le forum I2U2 et ont salué d’autres regroupements régionaux comme le Forum du Neguev, qui rassemble Israël, les EAU, Bahreïn, le Maroc, l’Égypte et les États-Unis.
Le communiqué conjoint ne fait aucune mention des Palestiniens. Les États-Unis, dans le passé, ont demandé l’inclusion d’un engagement en faveur d’un règlement du conflit israélo-palestinien par le biais de la solution à deux États dans ces documents, mais les Américains ont peut-être été placés en minorité par trois autres pays dont les dirigeants n’ont témoigné que peu d’intérêt à l’idée de promouvoir publiquement cette problématique.
Les leaders ont évoqué « des moyens innovants de garantir une production alimentaire à plus long-terme, plus diversifiée, et des systèmes de transport des produits alimentaires qui puissent mieux faire face aux chocs alimentaires mondiaux », continue le communiqué.
Concernant les deux projets annoncés jeudi, le premier verra les Émiratis investir la somme de deux milliards de dollars en vue du développement de parcs alimentaires, dans toute l’Inde, qui incorporeront les technologies vertes pour réduire les déchets, pour conserver l’eau potable et pour mieux promouvoir l’emploi de sources énergétiques renouvelables.
Dans le cadre de cette collaboration, l’Inde offrira des terres et intègrera ses agriculteurs dans le projet tandis que les États-Unis et Israël engageront leurs secteurs privés respectifs qui offriront leur expertise dans cette initiative, qui aidera à s’attaquer au problème de l’insécurité alimentaire dans le sud de l’Asie et au Moyen-Orient.
La seconde initiative sera la création d’un projet d’énergie renouvelable hybride dans « l’état Gujarat de l’Inde, avec 30 mégawatts produits par les énergies éolienne et solaire, avec un complément assuré par un système de stockage d’énergie en batterie », dit le communiqué conjoint.
L’Agence américaine pour le commerce et le développement a financé une étude de faisabilité de 330 millions de dollars pour le projet et les entreprises émiraties explorent les possibilités d’investissement, avec les encouragements des gouvernements américain et israélien. Le projet contribuera à la réalisation de l’objectif de l’Inde, qui est d’atteindre une capacité de 500 GW de combustibles non fossiles d’ici 2030 et de transformer le pays en une plaque tournante mondiale des énergies renouvelables.
Les dirigeants de l’I2U2 ont souligné que les deux projets n’étaient que le début d’un « partenariat stratégique à long terme qui… améliorera la circulation des personnes et des biens d’un hémisphère à l’autre et augmentera la durabilité… [grâce] à des partenariats de collaboration scientifique et technologique. »