Israël passe du chagrin à la joie : Tzohar propose une nouvelle prière pour une nation meurtrie
Cette prière vise à aider les Israéliens à surmonter la transition douloureuse entre Yom HaZikaron et Yom HaAtsmaout - dans un contexte de traumatismes et de crise des otages

Chaque année, alors que le soleil se couche sur Yom HaZikaron, au moment qui marque le début de la fête de Yom HaAtsmaout, les Israéliens de tout le pays passent du deuil à la joie.
Un grand nombre d’entre eux effectuent cette transition émotionnelle individuellement et d’autres choisissent plutôt de prendre part à l’une des centaines de manifestations publiques qui sont organisées sur les places et dans les synagogues, dans les parcs et dans les théâtres – bien qu’un nombre élevé de ces événements aient été annulés cette année en raison des vents violents et des gigantesques incendies qui font rage dans tout le pays.
Au cours des deux dernières années, cette transition est devenue plus complexe encore – la nation continuant à lutter contre les pertes sans précédent enregistrées lors de l’attaque sanglante qui avait été commise par le Hamas, le 7 octobre 2023, et lors de la guerre qui a suivi, et alors même que 59 otages se trouvent encore entre les mains du groupe terroriste à Gaza. 24 seulement seraient encore en vie.
Afin de soutenir le public face à ces difficultés, l’organisation rabbinique Tzohar, qui aide les Israéliens dans leurs besoins religieux et qui offre une alternative au Grand rabbinat, a rédigé cette année une prière particulière, adaptée à la période.
« Nous avons eu le sentiment qu’une prière pourrait aider le public à traverser la transition entre Yom HaZikaron et Yom HaAtsmaout », explique le rabbin Tzachi Lehman au Times of Israel lors d’un entretien téléphonique. « Ce moment a toujours été un moment difficile et dans la réalité actuelle, il est plus dur qu’il ne l’a jamais été ».
Lehman, qui est le cofondateur de Tzohar, a rédigé le nouveau texte, qui a été mis à disposition du public en hébreu et en anglais.
« Nos cœurs sont submergés à la fois par la douleur et par la fierté », est-il notamment écrit dans la prière. « La douleur pour les horribles fléaux que nous avons traversés. Mais nous sommes fiers de l’immense héroïsme dont nous avons été les témoins. Et c’est avec un cœur brisé, un cœur qui croit encore en la bonté, que nous tendons nos mains vers Toi, afin que Tu nous remplisses, ainsi que le monde entier, de réconfort et d’espoir, de vie et de paix ».

Selon l’organisation, environ 600 rabbins travaillent avec Tzohar, et 1 000 autres font du bénévolat au sein du groupe.
Lehman explique que pour rédiger le texte, il s’est concentré sur ce qui, selon lui, unit les Juifs israéliens.
« Quand on écrit une prière publique, la sagesse ne consiste pas à imposer des mots mais à donner une voix à l’émotion des personnes, à ce qu’elles portent dans leur cœur », affirme le rabbin.
« C’est ce que j’ai essayé de faire : écouter ces voix intérieures », ajoute-t-il. « À première vue, les voix israéliennes peuvent sembler fracturées et divisées, mais en y regardant de plus près, on s’aperçoit que, malgré les différences, les aspirations les plus profondes sont remarquablement similaires ».

Selon Lehman, les Israéliens partagent un sentiment de profonde douleur – un sentiment accompagné de la conviction que les choses finiront par s’arranger.
« C’est pour cette raison que la prière s’ouvre sur les mots suivants : ‘Nous nous présentons devant Toi les yeux remplis de larmes et le cœur brisé, mais nous croyons en Ta bonté’. »
La prière met également l’accent sur le sort réservé aux otages.
« Rends-nous tous nos otages, guéris les blessés, renforce l’unité entre nous », dit le texte.
Malgré les difficultés, le rabbin estime qu’il est possible et même nécessaire d’aborder le 77e anniversaire d’Israël avec joie.
« Je crois que non seulement nous pouvons être heureux de célébrer cette journée de l’Indépendance, mais que nous devons l’être », s’exclame-t-il. « Ce qui ne signifie pas qu’il ne faut pas ressentir la douleur qui est la nôtre actuellement. Parfois, les gens pensent que la réalité est soit noire, soit blanche, mais ce n’est pas le cas. La réalité est multicolore. La vie comporte des joies et des peines, et nous sommes capables de supporter les deux ».
Lehman confie qu’il a toujours trouvé que les cérémonies de transition entre Yom HaZikaron et Yom HaAtsmaout étaient très importantes et pleines de sens.
« J’ai l’impression qu’après le 7 octobre, un nombre croissant d’individus sont attirés par ces cérémonies », fait-il remarquer.
Selon le rabbin, pour ceux qui se reconnaissent en elle, la prière peut aider à clarifier les émotions.
« La prière aide à organiser nos pensées et nos sentiments », dit Lehman. « Elle nous permet de reconnaître la douleur sans nous laisser submerger par elle, laissant place à l’espoir et à l’optimisme. »