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Israël veut contraindre les médias sociaux à bloquer l’incitation à la haine

Gilad Erdan devrait élaborer une législation qui obligerait Facebook, YouTube, Twitter à assumer la responsabilité de leur contenu

David Shamah édite notre section « Start-Up Israel ». Spécialiste depuis plus de dix ans en technologies et en informatique, il est un expert reconnu des start-up israéliennes, de la high-tech, des biotechnologies et des solutions environnementales.

Une image encourageant aux attaques terroristes contre les Israéliens publié sur la page Facebook du Fatah, en octobre 2015 (Crédit : capture d'écran PMW)
Une image encourageant aux attaques terroristes contre les Israéliens publié sur la page Facebook du Fatah, en octobre 2015 (Crédit : capture d'écran PMW)

Israël cherche à bâtir une coalition internationale pour forcer les principaux géants des médias sociaux dans le monde à empêcher que leurs plates-formes deviennent une tribune à l’incitation au terrorisme.

La décision, qui a été dévoilée par le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan lors de la réunion du cabinet de dimanche, vise à exiger de Facebook, Twitter, Youtube, et d’autres réseaux sociaux à prendre une plus grande responsabilité envers un tel contenu.

Alors que certains experts considèrent que l’idée est irréalisable – en faisant valoir que les conditions d’utilisations de ces plates-formes les protègent de toute menace juridique, et que les mesures préventives qu’Erdan souhaite voir mises en place ne sont pas possibles sur le plan technologique, d’autres disent qu’une coalition qui pousserait à un changement pourrait être efficace, et qu’elle aura certainement plus de chance qu’un effort mené seul par Israël.

Les géants des médias sociaux «  se font des millions, mais affirment qu’ils ne sont pas responsables du contenu, et qu’ils ne fournissent qu’une plate-forme », a déclaré un porte-parole d’Erdan au Times of Israel. « Cela ne va pas passer. Nous prévoyons de mettre un terme à cette irresponsabilité, et nous allons le faire dans le cadre d’une coalition internationale qui en a assez de ce comportement aussi ».

Le ministre de la Sécurité publique Gilad Erdan arrivant à la réunion hebdomadaire du gouvernement à Jérusalem, le 3 janvier 2016 (Crédit : Alex Kolomoisky / POOL)
Le ministre de la Sécurité publique Gilad Erdan arrivant à la réunion hebdomadaire du gouvernement à Jérusalem, le 3 janvier 2016 (Crédit : Alex Kolomoisky / POOL)

Dimanche, Erdan a introduit l’idée de construire une coalition juridique internationale qui prendrait des mesures contre les plates-formes des médias sociaux si elles n’empêchent pas de manière proactive l’utilisation de leurs systèmes pour télécharger des vidéos, des chansons, des photos et d’autres contenus qui inspireraient d’éventuels terroristes à choisir les couteaux, les fusils, les pierres et d’autres armes pour attaquer les Israéliens.

Lors de la réunion hebdomadaire du cabinet, Erdan a présenté aux ministres un « indice d’incitation », montrant une corrélation entre le contenu anti-israélien et antisémite posté par les Palestiniens et le niveau de la violence commise par les Palestiniens contre les Israéliens.

D’innombrables messages, vidéos et de tweets ont vanté les vertus de l’attaque des Israéliens dans cette vague continue de terreur, avec des groupes terroristes et des personnes privées postant de messages incitant à la haine, des chansons saluant les terroristes, et des vidéos pédagogiques qui leur expliquent la meilleure façon d’attaquer. Dans plusieurs cas, les attaquants ont posté leurs propres messages avant de mener de telles attaques.

Une planche anatomique publiée sur Facebook par le Gazaoui Zahran Barbah, le 8 octobre, montrant quelles parties du corps viser lorsque l'on poignarde une victime. (Crédit : Autorisation de MEMRI)
Une planche anatomique publiée sur Facebook par le Gazaoui Zahran Barbah, le 8 octobre, montrant quelles parties du corps viser lorsque l’on poignarde une victime. (Crédit : Autorisation de MEMRI)

Il y a de nombreuses choses qu’Israël pourrait faire pour lutter contre le phénomène, a déclaré Erdan. Dans un communiqué publié dimanche, Erdan a dit qu’il « cherchait à exposer méthodiquement la culture palestinienne d’incitation [à la haine] au sein des communautés concernées à travers le monde ».

Parmi les plans d’action Erdan, on retrouve : lier la réduction de l’incitation à la violence à l’assistance fournie par Israël ou d’autres parties à l’Autorité palestinienne ; connaître le lien entre l’incitation à la violence, à la fois des Palestiniens individuels et de l’Autorité palestinienne elle-même, à la violence contre les Israéliens ; et développer une législation en Israël et à l’étranger pour poursuivre les plate-formes de médias sociaux qui ne réussissent pas à empêcher la publication des appels à la violence et de matériaux haineux sur leurs plates-formes.

Caricature anti-israélienne sur a page officielle du Fatah sur Facebook (Crédit : Facebook)
Caricature anti-israélienne sur a page officielle du Fatah sur Facebook (Crédit : Facebook)

Le plan d’Erdan, a déclaré son porte-parole, appelle à l’élaboration de lois en collaboration avec les pays européens, dont la plupart « sont très intéressés par cette idée. Le projet de loi aurait des caractéristiques communes, telles que la définition de ce qui constitue une incitation [à la violence] et quelles sont les responsabilités des réseaux sociaux à cet égard. Les entreprises qui ne se conforment pas vont se retrouver devant la cour, à payer une pénalité ».

Les pays participants feraient partie d’une coalition qui garderait un oeil sur le contenu et d’où cela a été posté, et les membres de la coalition travailleraient pour exiger que les plates-formes retirent le contenu qui a été publié dans n’importe quel pays [de la coalition] à la demande des membres.

« Ce projet est parfaitement logique et juste », a déclaré le porte-parole de Erdan.

« Si un hôtel était utilisé comme un lieu de réunion pour un groupe de haine, nous exigerions que l’hôtel rompe son contrat, et nous contacterions d’autres hôtels pour les empêcher de les accueillir, de sorte que le groupe de haine ne soit pas en mesure d’organiser son événement. Ceci n’est pas différent ».

Richard Lakin (à gauche) lit un livre à sa petite-fille pendant que son fils Micah Avni regarde en janvier 2014 (Crédit : Autorisation)
Richard Lakin (à gauche) lit un livre à sa petite-fille pendant que son fils Micah Avni regarde en janvier 2014 (Crédit : Autorisation)

La proposition d’Erdan survient des semaines après que le fils d’un homme de Jérusalem, qui a été tué dans un attentat terroriste, a exhorté les législateurs à faire davantage pour empêcher l’incitation à la violence dans les médias sociaux.

Richard Lakin, un enseignant et militant pour la paix d’origine américaine, a été grièvement blessé par balle le 13 octobre, et a succombé à ses blessures deux semaines plus tard.

Son fils, Misha Avni, a fait campagne contre l’incitation à la violence dans les médias sociaux, avec Lakin qui a été nommé comme demandeur principal dans une action collective contre Facebook, qui comprend 20 000 plaignants.

Lors d’une audience à la Knesset en novembre, Avni a fait valoir que les plates-formes des médias sociaux comme Facebook, YouTube et Twitter, qui sont quasiment habitées par des millions de personnes chaque jour, devraient être considérés comme des pays ou des continents.

Ce qui signifie, a-t-il dit, est qu’il est nécessaire de réglementer les médias sociaux de la même manière que les nations réglementent d’autres domaines tels que la finance, le transport, la communication, la diffusion, de la santé, et la nourriture.

Les avocats répondent

Les réactions à la proposition Erdan des avocats qui ont parlé au The Times of Israel étaient mitigées. Une avocate impliquée dans les plus hautes sphères de l’activité Internet en Israël a demandé à rester anonyme en raison de la sensibilité de sa position. Elle a dit que les conditions d’utilisation des plate-formes des médias sociaux les protègent contre les poursuites.

« Le but des plates-formes des médias sociaux est de fournir un forum pour les utilisateurs pour s’exprimer », a déclaré l’avocate.

« Nous ne voulons pas qu’il fasse de la micro-gestion sur chaque bout de données que nous publions, et vous ne voulez probablement pas que les admins de Facebook et de Twitter lisent ou regardent toutes les images que nous publions, aussi », a-t-elle ajouté.

« En outre, cela serait à peu près impossible à mettre en place technologiquement », a poursuivi l’avocate.

« Comment le site saurait quand quelque chose de négatif aura été téléchargée ? Et même si une telle loi était adoptée, la plate-forme pourrait décider que cela ne vaut pas la peine de faire des affaires dans le pays où ils sont poursuivis – comme Israël – et juste couper l’accès à leur plate-forme tout simplement. Est-ce c’est ce que nous voulons vraiment ? ».

Caricature antisémite et anti-israélienne partagée par un groupe pro-palestinien autrichien sur Facebook
Caricature antisémite et anti-israélienne partagée par un groupe pro-palestinien autrichien sur Facebook

Cependant, l’avocate Nitsana Darshan Leitner du Israel Law Center n’est pas d’accord. En fait, dit-elle, « c’est exactement pour cette raison qu’Erdan cherche une coalition ».

Il se trouve qu’Israël a déjà mis en place la législation nécessaire pour poursuivre Facebook et autres médias sociaux pour contenu antisémite ; une loi, qui permet à Israël de poursuivre les antisémites qui menacent l’existence ou le bien-être du peuple juif, existe depuis des décennies. Cette loi, dit-elle, pourrait être utilisée pour poursuivre les réseaux sociaux qui ne font pas assez pour empêcher l’incitation anti-Israël ou anti-juif.

Mais si Israël fait cavalier seul « alors ils pourraient décider de couper les liens avec nous », a déclaré Darshan-Leitner.

« Voilà pourquoi Erdan cherche à construire cette coalition internationale. Il y a une sécurité dans les nombres ; si Facebook et autres savent qu’ils vont devoir affronter la tempête dans une douzaine de pays, ils seront beaucoup plus disposés à être proactif à ce sujet que si elles se disputaient simplement avec Israël. »

Darshan-Leitner a dit qu’elle pense que l’idée d’Erdan va réussir. « Alors que nous sommes peut-être les plus grandes victimes de l’incitation à la violence arabe, nous ne sommes pas les seuls. Les Européens, après tout, ont eu ces dernières années un avant-goût dévastateur de ce que cette incitation à la haine peut susciter – avec les attaques terroristes à Marseille, Paris, Toulouse ; avec le flux des Musulmans en Suède qui s’identifient avec l’EI, et de nombreux autres incidents et attaques, grandes et petites ».

« Cela n’a pas de rapport avec la liberté d’expression », a déclaré Darshan-Leitner. « Il est depuis longtemps établi que crier ‘au feu’ dans une salle de cinéma est un délit passible de poursuites. Vous êtes libre de dire ce que vous voulez, mais quand ce que vous dites conduit à des dégâts – encore plus aux meurtres – c’est une autre histoire ».

Twitter et Youtube n’ont pas pu être joints pour obtenir un commentaire pour cet article.

Dans un communiqué, Facebook a déclaré que « nous travaillons régulièrement avec les organismes de sécurité et les décideurs du monde entier pour veiller à ce que les gens sachent comment rester en sécurité lorsqu’ils utilisent Facebook. Il n’y a pas de place pour le contenu incitant à la violence, des menaces directes, le terrorisme ou les discours de haine sur notre plate-forme ».

« Ceci est une communauté de plus d’1,5 milliard de personnes, dont plus de 4 millions de personnes en Israël, avec des règles claires. Nous avons un ensemble de normes communautaires pour aider les gens à comprendre ce qui est permis sur Facebook, et nous exhortons les gens à utiliser nos outils s’ils trouvent du contenu qu’ils estiment contraire à ces normes, afin que nous puissions enquêter et de prendre des mesures rapides. Nous sommes impatients de poursuivre le dialogue avec le gouvernement sur ces questions », a ajouté le communiqué.

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