Italie : une fresque représentant des survivants de la Shoah, dégradée à deux reprises, exposée à Rome
Le Musée de la Shoah de Rome a fait l'acquisition d'une peinture de rue déjà vandalisée deux fois pour des motifs antisémites

À Milan, la fresque représentant deux survivants italiens de la Shoah, dégradée en novembre dernier, restaurée puis à nouveau dégradée en décembre pour des motifs antisémites, a été acquise par le Musée de la Shoah de Rome pour son importance en tant que témoignage des crimes nazis et de l’antisémitisme contemporain, et fait désormais partie de sa collection permanente.
La fresque représente la sénatrice Liliana Segre et l’auteur Sami Modiano, tous deux rescapés de la Shoah. Ils sont vêtus des pyjamas rayés et un gilet pare-balle arborant l’étoile de David.
L’œuvre d’Alexsandro Palombo, située place Loreto à Milan, avait été vandalisée à deux reprises dans un contexte de montée généralisée de l’antisémitisme en Europe, depuis le pogrom du 7 octobre 2023. Le visage des deux survivants avait été effacé, ainsi que leur étoile jaune, symbole des discriminations nazies subies par les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
À l’époque, le Musée de la Shoah de Rome avait déploré ces actes de vandalisme et avait écrit dans un communiqué : « Ces actes ne portent pas seulement atteinte à l’art mais sapent la valeur de la mémoire, fondamentale pour construire une société consciente et juste ».
Désormais propriétaire de l’œuvre, le musée a choisi de l’exposer, jusqu’au 2 février devant l’important complexe monumental du Portique d’Ottavia, sous la plaque commémorant la rafle des Juifs du ghetto romain du 16 octobre 1943. La fresque rejoindra ensuite sa place à l’intérieur du musée.
Son directeur, Mario Venezia, a déclaré : « C’est notre réponse, un symbole qui revient à la vie plus fort qu’avant et une blessure qui guérit, nous ne nous sommes pas rendus à cette violence antisémite et négationniste, nous avons transformé la colère en un acte de beauté et de résistance parce que la mémoire ne peut pas être effacée ».
De son côté, le maire de Rome, Roberto Gualtieri, a affirmé que « la présence de cette belle fresque à Rome est le début d’une nouvelle histoire, un hommage aux grands témoins, un acte de justice et un engagement consciencieux contre l’antisémitisme ».

La sénatrice Liliana Segre, qui est représentée sur la fresque, est allée admirer l’œuvre en compagnie de Noemi Di Segni, présidente de l’Union des communautés juives italiennes, et de l’ambassadeur d’Israël à Rome, Jonathan Peled, ainsi que du grand rabbin Riccardo Di Segni.
Lorsqu’elle avait découvert les dégradations, Liliana Segre avait déclaré : « Ils m’ont enlevé mon visage, mon identité, ils ont effacé l’étoile jaune, mais ils ont laissé le numéro tatoué sur mon bras ».
« L’art est la plus haute expression de la liberté et les attaques répétées contre une œuvre qui représente deux survivants d’Auschwitz montrent à quel point la valeur même de la démocratie et de toutes nos libertés est en danger. Le geste de courage et de résistance du Musée de la Shoah de Rome et de la communauté juive italienne est une grande et précieuse leçon de civilisation pour nous tous, qui avons répondu à la violence et à la haine antisémites de ces nouvelles formes de terrorisme social et culturel par une puissante action du Risorgimento », a indiqué Alexsandro Palombo, l’auteur de la fresque.