Jake Sullivan : le Hamas a dépassé « toutes les normes qui définissent le concept même de civilisation »
"Le Hamas utilise les hôpitaux comme il utilise de nombreuses autres structures pour ses centres de commandements et pour ses cellules de crise, pour stocker des armes, pour héberger des combattants - et ce sont des violations des lois qui régissent les guerres", a dit le conseiller de Biden
Le Conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan a déclaré, dimanche, que l’administration Biden avait fait part à Israël de sa préoccupation concernant d’éventuelles victimes civiles dans le cadre de l’opération visant à capturer l’hôpital Al-Shifa de Gaza City, où le Hamas aurait installé un centre de commandement souterrain majeur.
« Les États-Unis ne veulent pas assister à des échanges de coups de feu dans les hôpitaux où des innocents, des patients recevant des soins médicaux sont pris entre des tirs croisés. Nous avons eu des discussions énergiques avec l’armée israélienne à ce sujet », a dit Sullivan lors de l’émission « Face The Nation », diffusée sur CBS News.
Sullivan a fait remarquer que Tsahal avait indiqué œuvrer en faveur de la sécurité des patients « tout en tentant de trouver un moyen de gérer le fait que le Hamas mène ses opérations en dehors de toutes les normes qui définissent le concept même de civilisation – concernant la manière dont il utilise un hôpital, dont il utilise des boucliers humains ».
« C’est une discussion active mais le plus important, c’est que nous ne voulons pas assister à des échanges de coups de feu dans des hôpitaux », a-t-il martelé.
Sullivan a aussi paru soutenir les affirmations d’Israël laissant entendre que le groupe terroriste se serait bien implanté à Al-Shifa.
« Sans entrer dans des informations transmises par les renseignements, nous pouvons nous contenter de prendre en compte les sources qui signalent que le Hamas utilise les hôpitaux comme il utilise de nombreuses autres structures pour ses centres de commandements et pour ses cellules de crise, pour stocker des armes, pour héberger des combattants – et ce sont des violations des lois qui régissent les guerres », a-t-il continué.
Le Conseiller national à la sécurité a été interrogé, pendant l’entretien, sur les évaluations du nombre de victimes palestiniennes à Gaza – le ministère de la Santé, placé sous l’autorité du Hamas, a dit que le chiffre dépassait les 11 000. Ce décompte ne peut pas être vérifié de manière indépendante et il comprendrait les terroristes eux-mêmes, ainsi que les Palestiniens tués par les tirs de roquette défaillants des factions terroristes au sein de l’enclave côtière.
« Nous n’avons pas confiance concernant le nombre de victimes, concernant le nombre de morts à Gaza. Nous ne savons pas combien étaient des combattants et combien étaient des civils innocents », a répondu Sullivan.
« Nous savons qu’il y a des milliers de civils innocents qui ont été tués au cours des opérations militaires qui ont commencé après le 7 octobre. Toute vie perdue d’un innocent… est une tragédie absolue et nous pleurons chacune d’entre elles », a-t-il ajouté.
« Nous continuons à maintenir l’affirmation suivante, celle qu’Israël a le droit, sinon la responsabilité, de s’en prendre au Hamas qui représente une menace pour l’État d’Israël – mais Israël doit le faire en respectant les lois de la guerre. »
Sullivan a aussi abordé la vision de l’administration Biden sur l’après-guerre à Gaza. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait indiqué que l’État juif s’opposerait au retour de l’Autorité palestinienne dans la bande à la fin des combats, ce qui était le souhait des Américains.
« Les principes de base de la route à suivre sont simples », a-t-il dit. « Pas de réoccupation de Gaza ; pas de déplacement forcé du peuple palestinien ; Gaza ne pourra plus jamais être une base pour le terrorisme à l’avenir et le territoire de Gaza ne sera pas réduit ».
« En définitive, nous voulons voir la reconnexion, la réunification du contrôle de la Cisjordanie et de Gaza, un contrôle placé entre les mains des Palestiniens », a-t-il ajouté.
Il a poursuivi en affirmant que « après le 7 octobre, nous ne voulons pas revenir à la situation qui prévalait encore le 6 octobre et cela passe par le fait de garantir que le Hamas ne pourra plus représenter une menace continue pour Israël – et, en fait, le porte-parole du Hamas a indiqué que le groupe terroriste voulait commettre des 7 octobre, encore et encore, jusqu’à ce qu’Israël soit éliminé ; il a dit que le Hamas voulait être dans un état de guerre permanent avec Israël ».
« Israël va poursuivre sa campagne contre un groupe terroriste mais il nous est également impossible de revenir à la situation du 6 octobre s’agissant de la gouvernance », s’est-il exclamé.
Dimanche également, le site d’information Axios a fait savoir que le responsable du Pentagone, Lloyd Austin, avait fait part de son inquiétude au ministre de la Défense, Yoav Gallant, lui disant qu’Israël s’efforçait de provoquer le Hezbollah avec ses ripostes militaires aux attaques transfrontalières répétées commises par le groupe terroriste libanais soutenu par l’Iran – des ripostes qui ont été parfois meurtrières.
Après l’entretien entre les deux hommes, dimanche, le Pentagone a diffusé un communiqué déclarant qu’Austin « a souligné la nécessité de contenir le conflit à Gaza en évitant une escalade régionale », sans mentionner le Liban. Mais selon des sources israéliennes et américaines citées par Axios, l’entretien téléphonique entre Austin et Gallant a porté sur le Liban, l’officiel américain demandant à Israël d’éviter de prendre des initiatives susceptibles d’entraîner une guerre ouverte contre le Hezbollah.
Gallant aurait répondu qu’Israël ne cherchait pas à ouvrir un nouveau front au Liban et qu’il ne pensait pas qu’un conflit allait éclater tout en faisant remarquer que le Hezbollah intensifiait ses frappes.
Des informations qui ont été transmises après que 14 civils au moins ont été blessés – l’un d’entre eux grièvement – lors d’une attaque au missile guidé anti-char commise dimanche depuis le sol libanais. Lors d’une autre frappe, sept soldats ont été blessés par un tir de mortier aux abords de Manara, une communauté du nord du pays.
Depuis l’assaut barbare commis par le Hamas, le 7 octobre, et la guerre qui a suivi dans la bande de Gaza – Israël cherche à renverser le groupe terroriste au pouvoir au sein de l’enclave côtière et à le démanteler – le Hezbollah et des factions palestiniennes alliées ont attaqué presque quotidiennement la frontière du nord d’Israël depuis le Liban. Le Hezbollah s’est toutefois abstenu de lancer une campagne d’ampleur.
Israël, de son côté, fait un exercice d’équilibriste, ripostant avec une puissance de feu suffisante aux agressions ou aux tentatives d’attaques tout en essayant d’éviter des actions qui intensifieraient le conflit à un moment où le pays cherche à se concentrer sur le front de Gaza.
Les échauffourées persistantes, le long de la frontière, ont entraîné la mort de deux civils sur le sol israélien et celle de six soldats.
Du côté libanais, ce sont plus de 80 personnes qui ont été tuées. Le bilan comprend au moins 71 membres du Hezbollah, huit terroristes palestiniens, un journaliste de Reuters et un certain nombre de civils.