Jean-Yves le Drian plagié : « On ne peut pas se faire passer pour moi »
Trois suspects auraient usurpé depuis 2018 notamment l'identité du ministre des Affaires étrangères pour soutirer à des personnes fortunées d'importantes sommes d'argent
Le chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian, a affirmé vendredi que personne ne pouvait se faire passer pour lui, après l’arrestation fin février en Israël de trois personnes accusées d’avoir usurpé son identité pour escroquer des Français de plusieurs millions d’euros.
« On ne peut pas se faire passer pour moi », a-t-il dit à New York à quelques médias avec un éclat de rire, en marge de réunions à l’ONU auxquelles il participe. « Si on essaye de se faire passer pour moi, on va en prison, c’est ce qui arrive », a-t-il ajouté.
Coups de téléphone, courriels, conversations via Skype mettant en scène un faux ministre dans un faux bureau : le scénario de l’arnaque reprenait un modus operandi déjà utilisé par d’autres escrocs dans un passé récent.
Interrogé sur la vraisemblance avec le sien du bureau utilisé par les escrocs, le ministre a répondu : « ils étaient assez forts et malheureusement il y a des gens qui en ont été victimes ». « Ils imitaient bien ma voix, mais bon, on ne peut pas me ressembler », a-t-il ajouté.
Le coup de filet des policiers israéliens s’est déroulé le 26 février à Netanya, dans la banlieue de Tel-Aviv, selon une source proche de l’enquête. Le trio de Franco-israéliens s’est inspiré d’une arnaque qui avait déjà visé Jean-Yves Le Drian en 2015 alors qu’il était ministre de la Défense sous François Hollande.
Ce genre d’escroquerie, dite aux « faux ordres de virement » (Fovi) ou « fraude au président », est un classique où les malfaiteurs se font généralement passer pour le patron d’une entreprise pour se faire transférer de grosses sommes d’argent par des collaborateurs.
Selon l’enquête, les trois suspects franco-israéliens, âgés de 37 à 47 ans, auraient usurpé depuis l’automne 2018 l’identité du ministre des Affaires étrangères ou de son chef de cabinet pour soutirer à des hommes d’affaires ou des personnes réputées fortunées d’importantes sommes d’argent.
Pour convaincre leurs proies, ils affirmaient que ces fonds serviraient à libérer des otages français en toute discrétion pour ne pas contrevenir à la ligne officielle de Paris qui consiste à ne pas verser de rançon.
Multipliant les tentatives, ils ont réussi à flouer une victime et à la délester de quelque 8 millions d’euros qui ont transité sur des « comptes-rebonds » en Europe puis en Asie avant de s’évaporer en partie dans le maquis de circuits financiers opaques.