Jérusalem riposte aux critiques de la France sur les démolitions en Cisjordanie
Après que Paris a décrié une augmentation “sans précèdent” de la démolition d’infrastructures qu’il a financé, Israël demande aux pays donateurs de ne pas prendre part aux provocations visant à mettre Israël devant le fait accompli
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Jérusalem a répondu aux critiques acerbes de la France au sujet de l’intensification de la campagne de démolition des constructions non autorisées des infrastructures humanitaires financées par l’Europe. Israël a accusé Paris et les donateurs de la communauté internationale de participer aux « provocations » des palestiniens, pour mettre Israël devant le fait accompli.
La semaine dernière, Israël a démoli des infrastructures dans le village palestinien d’Aqaba, qui se situe dans la zone C de Cisjordanie, contrôlée par Israël, déclenchant ainsi une condamnation de la part de la communauté internationale. Les immeubles avaient été construits par la France et d’autres pays membres de l’Union européenne (UE), mais n’avaient pas reçu l’approbation préalable du gouvernement israélien.
La démolition des constructions non autorisées, en Cisjordanie, grâce au financement de pays étrangers est un sujet de discorde depuis longtemps entre Israël et l’UE. En effet, l’UE soutient qu’Israël, en tant que puissance occupante, est responsable de la population civile palestinienne et que la communauté internationale est en droit de construire des infrastructures pour aider lorsque le besoin s’en fait sentir. Israël rejette cet argument.
La démolition à Aqaba la semaine dernière était la quatrième démolition d’immeubles financés par l’aide humanitaire française depuis le début de l’année 2016, a déploré le ministre des Affaires étrangères français, dans une déclaration publiée mercredi.
« La France exprime sa profonde préoccupation de la poursuite, à un rythme sans précédent, de la démolition et de la confiscation des infrastructures destinées à la population palestinienne », poursuit cette déclaration. Paris a appelé Jérusalem à mettre un terme à ces démolitions, qui violent le droit international et compromettent la solution à deux états.
Israël a rejeté la déclaration de la France, la qualifiant « d’inexacte ».
« La France, à l’instar des autres pays européens, s’est engagée à coopérer avec Israël sur les constructions en zone C », a déclaré Emmanuel Nahshon, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. « Ayant échoué, la France ne peut pas se plaindre de la démolition de constructions qui n’ont pas été construites avec l’accord d’Israël. »
Dans le cadre des Accords d’Oslo, Israël est seul responsable des affaires civiles dans la zone C, y compris la planification et la construction, a ajouté Nahshon. « Comme c’est le cas dans les états de droit, Israël ne permet pas de constructions pour lesquelles il n’a pas été délivré de permis. Dans ce cas, lorsque la construction est effectuée sans l’accord du gouvernement, dans des zones non résidentielles, Israël applique son autorité et détruit ces immeubles. »
Jérusalem attend de la communauté internationale qu’elle ne finance que les constructions légales et de s’abstenir de participer « aux provocations illégales, dont les intentions sont de nous mettre devant le fait accompli » et d’enfreindre les accords signés entre Israël et la Palestine, a déclaré Nahshon.