Jibril Rajoub du Fatah : Sinwar est « pragmatique, patriote et réaliste »
Le responsable du Fatah avait déjà justifié le pogrom du 7 octobre, et considère le Hamas comme un acteur légitime du « tissu politique palestinien »
Jibril Rajoub n’en est pas à son coup d’essai. Le site MEMRI a récemment publié une revue des récentes déclarations du secrétaire général du Comité central du Fatah en faveur du groupe terroriste palestinien du Hamas et de ses représentants.
En novembre dernier, Rajoub avait déjà justifié le pogrom du 7 octobre, perpétré par le Hamas en Israël, en expliquant qu’il s’agissait d’un acte s’inscrivant, selon lui, « dans le cadre de la guerre défensive que mène notre peuple ». Il tenait ainsi Israël pour responsable du massacre, estimant qu’il s’agissait d’une réponse à « l’agression sur toutes les terres palestiniennes ».
Dans une interview accordée le 6 août dernier à la chaîne de télévision Al-Mayadeen, affiliée au groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, Rajoub affirme : « Je connais personnellement le frère et le dirigeant Abou Ibrahim [Yahya Sinwar] et je sais qu’il est pragmatique, patriote et réaliste et qu’il peut participer à un accord de réconciliation nationale [entre le Fatah et le Hamas] ».
Rajoub accuse également Israël d’avoir fait de Sinwar une cible : « Les Israéliens essaient de le diaboliser parce qu’ils s’en prennent à tout [dirigeant] palestinien qui est respecté par la société palestinienne et qui peut être un partenaire dans une solution [politique] basée sur l’établissement d’un État palestinien… ».
Rajoub considère d’ailleurs le Hamas comme un acteur légitime de la société palestinienne et comme un partenaire potentiel pour l’avenir. Dans une interview donnée à la chaîne de télévision égyptienne MBC, il annonce : « Le Hamas fait et continuera de faire partie du tissu national [palestinien], de la lutte [palestinienne] et du tissu politique palestinien ».
À cette occasion, il redit que « ce qui s’est passé le 7 octobre n’est pas sorti de nulle part. Les crimes continus de l’occupation en sont responsables, car cela faisait partie de la guerre défensive des Palestiniens… L’explosion du 7 octobre était une réaction naturelle à cette terreur [d’Israël], car les dirigeants d’Israël représentent un nouveau modèle nazi ».
Le rapprochement entre Israël et le nazisme est régulièrement fait par certains critiques d’Israël, notamment le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui a osé la comparaison en mai dernier au Nations unies.
Sur sa page Facebook, Rajoub tient le même discours que dans ses interviews télévisées. Après la mort d’Ismaël Haniyeh, il a décrit le chef du bureau politique du Hamas comme un « grand dirigeant national » qui a servi sa patrie et son peuple et s’est battu pour leur liberté et leur indépendance, dans une publication datant du 31 juillet.
En tant que président du comité olympique palestinien, Rajoub était présent à Paris lors des Jeux olympiques 2024, où il accompagnait la délégation palestinienne. Il avait, à cette occasion, dénoncé le « deux poids deux mesures », selon lui, du CIO qui a permis aux athlètes israéliens de participer à la compétition. Il avait été accueilli à l’aéroport Charles de Gaulle par des militants pro-palestiniens enveloppés de keffieh et de drapeaux de la Palestine et criant « Free, Free Palestine » et « De Paris à Gaza, résistance, résistance ».
La guerre a éclaté lorsque le Hamas a envoyé 3 000 terroristes armés en Israël, le 7 octobre, pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage 251 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza. Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.
Le ministère de la santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, affirme que plus de 40 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent. Ce bilan, qui ne peut être vérifié et qui ne fait pas la distinction entre terroristes et civils, inclut les quelque 17 000 terroristes qu’Israël affirme avoir tués au combat et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Le Hamas est accusé de gonfler le nombre des victimes civiles et d’y inclure les Palestiniens tués par les roquettes tirées par les factions terroristes qui retombent dans la bande. Le Hamas ne fait pas non plus de distinction, dans ce bilan, entre les civils et les terroristes.
On estime que 111 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 39 otages dont le décès a été confirmé par l’armée. 105 civils ont été libérés au cours d’une trêve d’une semaine à la fin du mois de novembre, et quatre otages ont été remis en liberté avant la trêve. Sept otages, dont une soldate, ont été secourus vivants par les forces israéliennes, et les corps de 24 otages ont également été récupérés, dont trois ont été tués par erreur par l’armée lors d’un incident tragique en décembre.
Le Hamas détient par ailleurs les corps des soldats de Tsahal Oron Shaul et Hadar Goldin depuis 2014, ainsi que deux civils israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui sont tous deux censés être en vie après être entrés dans la bande de Gaza de leur propre chef en 2014 et 2015 respectivement.