Jugement le 10 février pour Renaud Camus, poursuivi pour injure raciale
L'extrémiste de droite avait déjà été condamné à 4 000 euros d'amende en avril 2014 pour provocation à la haine envers les musulmans, une peine confirmée en appel en 2015
L’extrémiste de droite Renaud Camus, chantre de la thèse contestée du « grand remplacement », a comparu mercredi à Paris pour injure raciale après un tweet publié en 2019, un dossier dans lequel le tribunal tranchera le 10 février.
Le 18 avril 2019, Renaud Camus écrivait sur le réseau social Twitter : « Une boîte de préservatifs offerte en Afrique c’est trois noyés en moins en Méditerranée, cent mille euros d’économie pour la Caf, deux cellules de prisons libérées et trois centimètres de banquise préservée. »
L’auteur de 74 ans a assuré à la barre qu’il n’y avait « aucun caractère injurieux » dans ce message.
« J’ai eu l’occasion de déplorer l’expansion démographique de bien d’autres régions de la Terre », a-t-il déclaré. « Le tweet a une dimension humoristique et caricaturale », « dans la limite des 280 caractères », a-t-il ajouté, affirmant « apprécier très profondément beaucoup de caractères de la civilisation africaine ».
Le message est « totalement dépourvu » d’humour, a au contraire lancé la procureure, requérant 4 mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende.
Évoquant des « qualificatifs méprisants et péjoratifs », la magistrate a estimé que le tweet « réduit la population africaine à des choses, des chiffres », un « procédé éprouvé d’une rhétorique raciste ». « Les mots sont choisis, la phrase est construite, pour mieux humilier, diviser et convaincre de cette division ».
« Il y a une atteinte directement à la dignité des populations visées », a plaidé Stéphane Lilti, avocat des associations J’accuse et de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), parties civiles.
« Il aurait pu évoquer le cas de la Chine et de l’Inde, ce n’est pas le cas. (…) Il s’en prend aux pays d’Afrique parce que aujourd’hui c’est la menace, le ‘grand remplacement' », a-t-il ajouté.
Affirmant que Renaud Camus est « d’abord un écrivain, pas un intellectuel », son avocat Yohann Rimokh a répliqué en citant d’autres tweets où sont évoquées une « surpopulation mondiale » ou « asiatique ».
« C’est un tweet humoristique et très légèrement caricatural, qui repose sur une base factuelle sérieuse », a-t-il soutenu, citant la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). Il a demandé la relaxe de son client.
La thèse conspirationniste du « grand remplacement », populaire dans les milieux d’extrême droite, dénonce une prétendue substitution des populations blanches européennes et chrétiennes par des immigrés de couleur, majoritairement musulmans.

L’extrémiste australien Brenton Tarrant, qui a massacré le 15 mars 2019 cinquante personnes dans deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, faisait référence à cette thèse dans son « manifeste ».
Renaud Camus avait dénoncé un geste « terroriste épouvantable », affirmant qu’il était, lui, « non violent ».
L’écrivain, qui a conduit une liste aux européennes en 2019 avec le président du micro parti identitaire Siel (Souveraineté, identités et libertés), a soutenu Marine Le Pen à la dernière présidentielle.
Il a été condamné à 4 000 euros d’amende en avril 2014 pour provocation à la haine envers les musulmans, une peine confirmée en appel en 2015.