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Analyse

Kamala Harris marche sur la corde raide dans ses rapports avec les militants anti-Israël

La vice-présidente des États-Unis et candidate démocrate à la présidentielle doit jongler avec deux des groupes électoraux naturels de son parti, les Arabes américains et les Juifs

La candidate démocrate à l'élection présidentielle, la vice-présidente Kamala Harris, lors d'un meeting de campagne le 7 août 2024 à Romulus (Michigan). (Crédit : Carlos Osorio/AP)
La candidate démocrate à l'élection présidentielle, la vice-présidente Kamala Harris, lors d'un meeting de campagne le 7 août 2024 à Romulus (Michigan). (Crédit : Carlos Osorio/AP)

JTA – En l’espace d’une heure mercredi, la vice-présidente des Etats-Unis et candidate démocrate à l’élection présidentielle, Kamala Harris, a dû écouter des militants pro-palestiniens puis les réprimer, illustrant ainsi la ligne fine sur laquelle les Démocrates doivent marcher sur fond de guerre entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas qui fait rage et que les élections présidentielles se profilent à l’horizon.

Harris a rencontré des militants pro-palestiniens à Detroit, ville qui compte la plus grande concentration d’Américains d’origine arabe, et a suscité des réactions conflictuelles sur la question de savoir si la vice-présidente et candidate présumée à la présidence était prête à envisager un embargo sur les armes à destination d’Israël.

Le débat reflète la corde raide sur laquelle Harris doit avancer entre deux des groupes d’électeurs naturels de son parti, les Américains d’origine arabe et les Juifs, ainsi que d’autres groupes soutenant l’un ou l’autre camp dans la guerre menée par Israël contre le groupe terroriste de Gaza depuis le pogrom du 7 octobre, et intervient à peine une semaine et demie avant la convention du parti qui se tiendra à Chicago.

Ce qui devrait être un moment de gloire pour Harris, son couronnement après une ascension historiquement rapide vers l’investiture du parti, risque d’être marqué par des rassemblements et des manifestations de rue pro-Israël et pro-Palestiniens. En outre, les familles des otages détenus par le Hamas et les défenseurs des professionnels de la santé qui s’occupent des dizaines de milliers de blessés palestiniens réclament des places de choix à la convention.

L’expérience de Harris, mercredi, a laissé entrevoir les difficultés qu’elle et d’autres Démocrates pourraient rencontrer pour gérer les tensions.

Une heure après avoir dit aux militants pro-palestiniens, lors de leur réunion, que le carnage à Gaza était « horrible », elle a interrompu un chant pro-palestinien, un moment filmé qui est devenu viral dans lequel on la voit lancer un regard noir aux manifestants.

« Kamala, Kamala, tu ne peux pas te cacher ! Nous ne voterons pas pour un génocide », scandaient des manifestants alors que Harris prononçait son discours dans un hangar de l’aéroport de Detroit.

Harris a d’abord salué les manifestants et leur droit de s’exprimer. « Je suis ici parce que nous croyons en la démocratie. La voix de chacun est importante, mais c’est moi qui parle maintenant, c’est moi qui parle maintenant », a-t-elle déclaré sous les applaudissements.

Elle est revenue à son sujet, les changements radicaux que son rival, Donald Trump, apporterait s’il était élu, mais les manifestants ont continué à scander sans faiblir pendant 30 secondes.

Cela leur a valu une réprimande acerbe de Harris.

« Vous savez quoi ? », a-t-elle dit. « Si vous voulez que Donald Trump gagne, dites-le. Sinon, c’est moi qui parle. » Elle s’est reculée et a lancé un regard noir aux manifestants, tandis que le rassemblement éclatait en applaudissements et en acclamations.

La même dynamique s’est produite avant son discours. Les fondateurs du mouvement « Uncommitted », qui encourage les Démocrates à ne pas voter lors des primaires pour manifester leur mécontentement face au soutien de l’administration Biden à Israël, ont brièvement rencontré Harris et son colistier, le gouverneur du Minnesota Tim Walz.

« La vice-présidente a exprimé sa sympathie et s’est montrée ouverte à une rencontre avec les leaders d’Uncommitted pour discuter d’un embargo sur les armes », a fait savoir Uncommitted dans un communiqué de presse.

Des personnalités pro-Israël ont alors réclamé des éclaircissements, s’inquiétant de l’idée qu’une administration Harris puisse envisager de réduire l’aide à la défense d’Israël.

« Si Kamala Harris ne revient pas directement et sans équivoque sur sa promesse rapportée à un groupe anti-Israël dans le Michigan qu’elle ‘est ouverte à envisager’ un embargo sur les armes à destination d’Israël, elle perdra un soutien important des Juifs américains et des Démocrates qui soutiennent Israël ! », a tweeté Abe Foxman, ancien directeur national de l’Anti-Defamation League (ADL) qui a fait campagne pour le président Joe Biden en 2020.

Ce soutien direct et sans équivoque n’a pas tardé à se manifester. Harris « a été claire sur le fait qu’elle veillera toujours à ce qu’Israël soit en mesure de se défendre contre l’Iran et les groupes terroristes soutenus par l’Iran », a affirmé Phil Gordon, le conseiller à la Sécurité nationale de Harris, dans un tweet. « Elle n’est pas favorable à un embargo sur les armes à destination d’Israël. Elle continuera à œuvrer pour la protection des civils à Gaza et le respect du droit humanitaire international. »

Shelley Greenspan, directrice des relations juives pour Joe Biden, a fait écho à la déclaration de Phil Gordon. « La vice-présidente ne soutient pas un embargo sur les armes à destination d’Israël », a-t-elle tweeté, citant le tweet de Gordon.

Un conseiller de campagne de Harris a donné à la Jewish Telegraphic Agency le texte de Gordon et a déclaré que l’affirmation de Uncommitted selon laquelle Harris avait dit qu’elle était ouverte à un embargo était « mensongère ».

« Depuis le 7 octobre, la vice-présidente a donné la priorité au dialogue avec les membres de la communauté arabe, musulmane et palestinienne ainsi qu’avec d’autres acteurs concernant la guerre à Gaza », a précisé l’assistant, en référence au pogrom du Hamas qui a déclenché la guerre en cours, lorsque des milliers de terroristes ont déferlé sur le sud d’Israël depuis la bande de Gaza, assassinant près de 1 200 personnes et prenant 251 otages.

« Lors de ce bref engagement, elle a réaffirmé que sa campagne continuerait à être engagée auprès de ces communautés. La vice-présidente a été claire : elle veillera toujours à ce qu’Israël soit en mesure de se défendre contre l’Iran et les groupes terroristes soutenus par l’Iran », a déclaré l’assistant.

Harris a remplacé Biden dans la course à l’investiture le mois dernier, après que ce dernier se soit retiré. Elle s’était déjà montrée plus dure à l’égard d’Israël que Biden, qui est resté proche du pays pendant la majeure partie de sa carrière, du moins en paroles. La position de Harris a été révélée quelques jours après qu’elle ait pris la place de Biden dans la course.

Après avoir rencontré le Premier ministre Benjamin Netanyahu le mois dernier à Washington, Harris a déclaré lors d’une conférence de presse qu’elle « ne restera pas muette » face à la souffrance des Palestiniens.

La vice-présidente Kamala Harris (à droite) et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avant une réunion au bureau Eisenhower de la Maison Blanche, à Washington, le 25 juillet 2024. (Crédit : AP Photo/Julia Nikhinson)

Les militants pro-palestiniens espéraient donc que Harris soit plus réceptive à leur cause.

« Nous avons été encouragés par le fait que la vice-présidente Harris se soit dite ouverte à une rencontre pour discuter de la question de l’embargo sur les armes, et nous sommes impatients de poursuivre le dialogue parce que des gens que nous aimons se font tuer par des bombes américaines », ont déclaré les fondateurs du groupe, Layla Elabed et Abbas Alawieh, dans un communiqué de presse.

« Lorsque nous avons dit à la vice-présidente Harris que des membres de notre communauté du Michigan perdaient des dizaines et des centaines de membres de leur famille à cause de l’attaque israélienne à Gaza, elle a répondu que ‘C’est horrible' », ont-ils ajouté dans leur communiqué. « Il est clair pour nous que la vice-présidente Harris pourrait réorienter la politique de notre pays à l’égard de la bande de Gaza vers une position plus humaine. Nous espérons qu’elle nous rencontrera pour poursuivre les discussions sur un embargo sur les armes. »

Les Juifs et les Arabes américains sont deux groupes électoraux qui votent en grande majorité pour les Démocrates. Harris aura probablement besoin des deux pour battre Trump dans une élection qui s’annonce serrée, en particulier dans des États comme le Michigan qui comptent d’importantes populations juives et arabes américaines.

Des manifestants pro-palestiniens et anti-Israël défilent lors d’une visite du président américain Joe Biden à Warren, dans le Michigan, le 1er février 2024. (Crédit : Paul Sancya/AP)

Ces groupes se sont déjà rapprochés par le passé – en 2017, ils s’étaient opposés à l’interdiction de séjour imposée par Trump aux ressortissants d’un certain nombre de pays à majorité musulmane, par exemple. Mais ils n’ont pas trouvé de terrain d’entente en ce qui concerne la guerre à Gaza et la manière dont Israël la mène.

Les tensions ne s’apaiseront probablement pas avant le 19 août, date à laquelle les Démocrates se réuniront pour leur convention à Chicago. Plusieurs groupes pro-palestiniens ont prévu des rassemblements. Au moins un groupe pro-Israël, le Israeli American Council, a demandé aux autorités de Chicago la permission d’organiser une marche pro-Israël à proximité de la convention, mais cette demande a, jusqu’à présent, été rejetée, a rapporté le Jewish Insider.

Uncommitted souhaite que la convention accorde un temps de parole en prime time à des professionnels de la santé de Gaza. Les familles des otages à la double nationalité israélienne et américaine détenus par le Hamas réclament également un temps de parole, après en avoir obtenu un le mois dernier lors de la convention républicaine.

Un porte-parole de la campagne de Harris n’a pas répondu à la question de savoir si l’une ou l’autre de ces demandes, voire les deux, seraient acceptées.

Le Times of Israel a contribué à cet article.

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