La droite appelle au boycott de Strauss ; sa présidente aurait été menacée de mort
Le conglomérat aurait affecté un service de sécurité à Ofra Strauss après avoir décidé de cesser sa pub sur la Quatorzième chaîne, suite à l'appel d'Ari Shamai à libérer Yigal Amir

Le conglomérat agroalimentaire israélien Strauss Group a affecté un service de sécurité à la présidente de son conseil d’administration suite à des menaces de mort, selon les médias israéliens mardi, alors que la droite appelle à boycotter l’entreprise suite à sa décision de ne plus faire de publicité sur la Quatorzième chaîne.
Le mois dernier, Strauss Group a cessé de diffuser des publicités sur la chaîne après qu’un intervenant d’une émission populaire a appelé à la libération de Yigal Amir, l’extrémiste juif qui a assassiné le Premier ministre Yitzhak Rabin en 1995. La Quatorzième chaîne a rapidement désavoué les remarques et renvoyé Ari Shama, mais Strauss, citant « des commentaires blessants répétés dans les programmes de la chaîne », a déclaré qu’elle retirerait ses publicités.
Cette décision a suscité des appels au boycott de Strauss de la part des partisans de la Quatorzième chaîne, dont Yinon Magal, animateur de l’émission populaire « The Patriots », au cours de laquelle Shamai a fait les commentaires, qui a accusé la société agro-alimentaire de lui « déclarer la guerre ».
Selon les informations disponibles, Strauss a affecté un service de sécurité à Ofra Strauss après que des menaces ont été proférées à son encontre. La chaîne publique Kan a déclaré que ces menaces consistaient en des lettres envoyées à son domicile et aux bureaux de l’entreprise, en des appels téléphoniques et en des messages anonymes.
Un porte-parole de Strauss n’a pas voulu confirmer ces informations ni dire si une plainte avait été déposée auprès de la police. Il a simplement répondu que « nous ne nous occupons pas des questions de sécurité au sein de l’entreprise ».
Malgré les appels au boycott, il n’y a pas encore eu de signes d’impact sur les résultats de Strauss. Le quotidien économique Marker a rapporté mardi que l’entreprise avait conservé sa part du marché de l’alimentation et des boissons, avec 12,2 % des ventes totales.
Citant des documents internes de Strauss, le journal indique que les ventes de Strauss ont même légèrement augmenté dans certains secteurs clés au cours des quatre dernières semaines, comme le lait, dont les ventes représentent 35,5 % du total, bien qu’elles aient légèrement baissé dans d’autres catégories.
Les détaillants cités dans le rapport ont déclaré qu’ils n’avaient pas constaté d’impact des appels au boycott.

Outre Strauss, d’autres entreprises ont cessé de faire de la publicité sur la Quatorzième chaîne en signe de protestation contre les commentaires de Shamai, qui ont été formulés au cours d’un débat sur une récente décision de la Haute Cour retardant la mise en œuvre d’une loi considérée comme bénéficiant spécifiquement à un associé du président du parti Shas, Aryeh Deri.
« Je suis heureux d’entendre une déclaration selon laquelle la Haute Cour de justice et la Cour suprême sont opposées aux lois personnelles. Si c’est le cas, le moment est venu de libérer l’assassin Yigal Amir parce qu’il existe des lois personnelles contre lui », a affirmé Shamai, qui a représenté l’assassin dans le passé.
Shamai semblait faire référence à une loi adoptée en 2001, appelée familièrement « la loi Yigal Amir », qui interdit aux commissions de libération conditionnelle de gracier ou de commuer la peine d’un prisonnier condamné pour le meurtre d’un Premier ministre pour des raisons politiques.
Les déclarations de Shamai ont été faites lors de sa première apparition sur la Quatorzième chaîne après avoir été suspendu pendant cinq mois pour avoir dit que les manifestants contre la réforme judiciaire du gouvernement étaient les descendants des juifs du ghetto de Varsovie qui ont refusé de se battre contre les nazis lors de l’insurrection du ghetto.
Shamai n’a exprimé de remords pour aucune de ses déclarations lors d’interviews à la radio accordées à la suite de sa dernière exclusion.

Rabin a été assassiné le 4 novembre 1995 par Yigal Amir, un juif extrémiste opposé aux accords d’Oslo de 1993, en vertu desquels Israël allait transférer des territoires en Cisjordanie sous le contrôle des Palestiniens. Yigal Amir a revendiqué la légitimité religieuse du meurtre et a déclaré avoir été motivé à tuer Rabin par les résultats des élections de 1992 qui ont porté au pouvoir le leader du parti Avoda et par le massacre de 29 Palestiniens perpétré par le terroriste juif Baruch Goldstein à Hébron en 1994.
Amir a tiré sur Rabin à la fin d’un grand rassemblement pour la paix à Tel Aviv, organisé pour marquer l’opposition à toute violence et montrer le soutien du public à ses efforts de négociation avec les Palestiniens.