La Jordanie dévoile un nouveau billet avec le mont du Temple en arrière-plan
Le Dôme doré du Rocher figurait également sur l'ancienne version du billet de 20 dinars jordaniens à l'effigie de feu le roi Hussein ; de nouveaux modèles circulent depuis décembre

La Banque centrale de Jordanie a dévoilé un nouveau billet de 50 dinars à l’effigie du roi Abdallah II avec, en arrière-plan, le mont du Temple à Jérusalem-Est. Ce billet fait partie de la nouvelle série de billets de la monarchie jordanienne qui sera largement diffusée dans les prochains mois.
La banque a proposé de nouvelles images pour les billets de 1, 5, 10, 20 et 50 dinars jordaniens et a commencé à faire circuler certains de ces nouveaux billets à la fin du mois dernier. Auparavant, le billet de 20 dinars jordaniens représentait le sanctuaire du Dôme du Rocher, situé sur le site du mont du Temple, point ultra-sensible, aux côtés de la mosquée Al-Aqsa, avec une image du roi Hussein au recto.
Le nouveau billet de 20 dinars présente également le défunt monarque, mais sans le site du mont du Temple, source de tensions malaisées ces derniers mois, alors que le nouveau gouvernement israélien dirigé par Benjamin Netanyahu a prêté serment le mois dernier.
La nouvelle coalition compte dans ses rangs Itamar Ben Gvir, l’un des chefs des trois partis d’extrême-droite et tout nouveau ministre de la Sécurité nationale. Ben Gvir , qui a longtemps été accusé d’être un provocateur, s’est rendu à plusieurs reprises sur le mont du Temple en tant que membre de la Knesset et avait également pris la tête d’une marche nationaliste très controversée dans le quartier musulman de la Vieille Ville de Jérusalem. À plusieurs reprises, il avait installé un bureau ad hoc dans le quartier Sheikh Jarrah de Jérusalem, un quartier qui a également été au centre des tensions israélo-palestiniennes.
Le mont du Temple est vénéré par les Juifs en tant que lieu historique des deux temples bibliques, ce qui en fait le site le plus sacré du judaïsme. Il est également le troisième site le plus sacré pour les musulmans, qui l’appellent la mosquée Al-Aqsa ou Haram al-Sharif, le Noble sanctuaire. De nombreux Palestiniens rejettent l’idée que le site est sacré pour les Juifs. Depuis près d’un siècle, ils accusent Israël et les sionistes de comploter pour détruire la mosquée et la remplacer par un temple juif – une initiative qui n’est pas soutenue par la majorité dominante de la société israélienne.
Israël a pris le mont du Temple et la Vieille Ville de Jérusalem à la Jordanie lors de la guerre des Six Jours en 1967, près de vingt ans après qu’Amman l’a conquis pendant la guerre d’Indépendance en 1948. Toutefois, Israël a permis au Waqf jordanien de continuer à maintenir l’autorité religieuse sur le mont.
Les provocations et les violences présumées sur le site se sont souvent transformées en de vastes conflagrations.
Mardi, malgré les informations selon lesquelles il retarderait sa visite, Ben Gvir s’est rendu sur le site, sa première en tant que ministre, dans un geste qui a été largement dénoncé par les alliés d’Israël, notamment les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Égypte, la Turquie et les Émirats arabes unis, ainsi que par l’opposition dirigée par l’ancien Premier ministre, Yair Lapid.

La Jordanie, qui se considère comme le gardien du mont du Temple – un statut qu’Israël ne reconnaît pas, bien qu’elle ait reconnu le « rôle spécial » du royaume sur le site en vertu du traité de paix de 1994 entre les deux pays – a fustigé Israël pour la visite du ministre d’extrême-droite et l’a accusé de « prendre d’assaut » le site.
Après la visite, l’ambassadeur d’Israël en Jordanie, Eitan Surkis, a été convoqué dans les bureaux du ministère jordanien des Affaires étrangères pour « se faire passer un savon », selon les médias israéliens. Surkis a déclaré aux Jordaniens qu’Israël restait attaché au status quo, qu’il n’y avait eu aucune violation de l’accord et que des ministres israéliens avaient déjà visité le site par le passé.
Ben Gvir est depuis longtemps partisan d’une modification formelle du status quo sur le mont du Temple, où les musulmans sont autorisés à prier et à entrer avec peu de restrictions, tandis que les Juifs ne peuvent s’y rendre que pendant des périodes limitées, en passant par une seule porte et en suivant un itinéraire prédéterminé, escortés par la police. Le ministère de Ben Gvir supervise les forces de police. Les Juifs ne sont pas autorisés à prier sur le site, ni à y apporter des objets religieux ou des drapeaux israéliens, bien que ces dernières années, la police ait de plus en plus souvent autorisé une prière silencieuse.

Les Palestiniens et la majeure partie de la communauté internationale rejettent avec véhémence tout changement de la situation actuelle, bien que la plupart des Palestiniens s’opposent également à toute présence juive israélienne sur le site, y compris des policiers chargés de préserver la sécurité.
Netanyahu a cherché à assurer aux alliés d’Israël qu’il ne permettrait aucun changement, et il a fait inclure dans tous ses accords de coalition une clause stipulant que le status quo « en ce qui concerne les lieux saints » sera préservé.
Toutefois, les critiques soulignent ce qu’ils appellent l’érosion progressive de la politique, les pèlerins juifs étant souvent vus ces dernières années en train de prier tranquillement sur le site sous le regard de la police israélienne.