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La nomination du grand rabbin de l’armée suscite la polémique

Eyal Karim avait semblé approuver le viol en temps de guerre, avant de se rétracter ; il pense aussi que l’enrôlement des femmes est “strictement interdit”

Le colonel et rabbin Eyal Karim (à gauche), nommé pour être le prochain grand rabbin de l'armée israélienne, et son prédécesseur, le général de brigade Rafi Peretz, le 21 avril 2016. (Crédit : ministère de la Défense/Diana Khananashvili)
Le colonel et rabbin Eyal Karim (à gauche), nommé pour être le prochain grand rabbin de l'armée israélienne, et son prédécesseur, le général de brigade Rafi Peretz, le 21 avril 2016. (Crédit : ministère de la Défense/Diana Khananashvili)

Le chef d’Etat-major de l’armée israélienne Gadi Eizenkot avait annoncé lundi la nomination d’un rabbin qui a autrefois semblé approuvé le viol en temps de guerre pour remplacer l’aumônier militaire.

Le rabbin Eyal Karim a également maintenu qu’il était « totalement interdit » aux femmes de servir dans l’armée pour des raisons de pudeur, et il s’est opposé aux chants des femmes pendant les cérémonies militaires.

Citant des sources de l’establishment militaire, Haaretz a annoncé que l’armée n’était pas informée de ces commentaires et n’avait pas vérifié la totalité de ses antécédents. Les sources ont affirmé qu’Eizenkot pourrait reconsidérer la nomination.

Le chef de la direction du personnel de l’armée israélienne, Hagai Topolansky, a appelé Karim mardi pour lui parler de ses commentaires.

Pendant cette conversation, Karim a à nouveau démenti avoir autorisé le viol, et a déclaré que les agressions sexuelles contre les femmes n’étaient jamais permises, a annoncé un porte-parole de l’armée.

« Il n’y a pas d’exception aux agressions sexuelles contre les femmes, ni dans la vie quotidienne, ni en cas d’urgence », a déclaré Karim, selon Ynet. Il a également ajouté qu’il soutenait le recrutement des femmes dans l’armée israélienne.

Karim a été mêlé à une controverse en 2012 pour sa réponse à une question qui lui avait été posée (lien en hébreu) sur le site religieux Kipa, demandant si, à la lumière de certains passages bibliques, des soldats israéliens étaient autorisés à violer en temps de guerre malgré l’avis général qui juge un tel acte répugnant.

Dans sa réponse, Karim avait impliqué que de telles pratiques, parmi d’autres, qui étaient normalement interdites, comme la consommation de nourriture non casher, étaient autorisées pendant la bataille.

« Bien que des rapports sexuels avec une femme qui n’est pas juive soient très graves, cela a été autorisé en temps de guerre (sous les conditions stipulées) en considération des difficultés des soldats, a-t-il écrit. Et puisque notre préoccupation est le succès du collectif pendant la guerre, la Torah autorise [les soldats] à satisfaire l’envie maléfique dans les conditions stipulées pour le bien du succès collectif. »

Quand la citation a refait surface en 2012 et déclenché une tempête médiatique, il a publié une clarification affirmant que ses commentaires ne devaient en aucun cas être appliqués à l’ère moderne, mais portaient plutôt sur une discussion théorique de la permission biblique pour un soldat juif de kidnapper une femme ennemie et de l’épouser.

« Evidemment, de nos jours, où on a avancé à un niveau de moralité dans lequel on n’épouse pas les prisonniers, il ne faut pas réaliser cet acte, qui est également totalement à l’encontre des valeurs et des ordres de l’armée », avait-l écrit.

Il avait ajouté que ni lui, ni la Bible n’autorisait le viol.

L’armée israélienne a répondu lundi aux accusations contre Karim, disant que le colonel « souhaite préciser que ses mots n’ont été prononcés qu’en réponse à une question herméneutique théorique, certainement pas à une question halachique pratique. »

« Le rabbin Karim n’a jamais écrit, ou dit, ou même pensé qu’il était permis à un soldat israélien de blesser sexuellement une femme en temps de guerre », a ajouté l’unité des porte-paroles de l’armée israélienne dans un communiqué.

Les soldates du Bataillon des Lions de Jordanie pendant leur cérémonie de serments en février 2015. (Crédit : unité des porte-paroles de l'armée israélienne)
Les soldates du Bataillon des Lions de Jordanie pendant leur cérémonie de serments en février 2015. (Crédit : unité des porte-paroles de l’armée israélienne)

Sur le sujet de l’enrôlement des femmes, Karim a écrit en 2002 qu’il était explicitement interdit.

« Dans une situation comme celle de la guerre d’Indépendance, qui était un vrai pikuah nefesh [question de vie ou de mort] du peuple juif, les femmes ont aussi participé à la défense de la nation et du pays, même si la situation n’était pas si pudique, avait-il écrit. Mais à notre époque, nous ne vivons pas avec une menace réelle pour notre survie. »

« Et à cause du préjudice à la pudeur de la jeune fille et de la nation, les grands rabbins et le grand rabbinat ont estimé que l’enrôlement des filles dans l’armée israélienne était totalement interdit. »

Mardi, le rabbin a précisé qu’il « soutient et croit aux services des femmes au sein de l’armée israélienne ». Il a conçu les protocoles qui permettent une meilleure intégration des soldats, hommes et femmes, tout en adhérant aux exigences de la loi juive, a annoncé l’armée.

En 2011, Karim avait également écrit que les femmes ne devraient pas chanter pendant des cérémonies militaires. Si les femmes se produisent, les soldats qui ne veulent pas assister à l’évènement pour des raisons religieuses devraient y être autorisés, avait-t-il ajouté.

Plusieurs députés israéliens ont critiqué la nomination de Karim.

Zehava Gal-on, présidente du parti Meretz, a déclaré que Karim n’était pas « apte à être l’autorité rabbinique de l’armée, dans laquelle des dizaines de milliers de femmes servent, et n’est pas apte à représenter la moralité juive sous aucune forme. »

Elle a également condamné « sa déclaration glaçante, raciste et incendiaire » sur le viol en temps de guerre.

Yair Lapid, président de Yesh Atid, a exhorté Karim à désapprouver ses remarques sur l’enrôlement des femmes, déclarant que sans une déclaration publique à cet effet, « il ne pouvait pas être le grand rabbin militaire. »

« Concernant les informations disant qu’il a déclaré qu’une belle femme goy pouvait être violée en temps de guerre, il semble que ce ne soit pas son opinion, a continué Lapid. Mais s’il le pense, non seulement il ne peut pas être grand rabbin de l’armée, mais il ne peut même pas être rabbin. »

En plus de Karim, Eizenkot a nommé 12 autres colonels au grade de général de brigade. Ces promotions attendent l’approbation du ministre de la Défense Avigdor Liberman.

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