La police refuse d’autoriser une manifestation anti-guerre ; la Haute Cour saisie
Standing Together prévoit d'organiser une manifestation encore plus importante la semaine prochaine, la police ayant invoqué des menaces de violence pour annuler le rassemblement de jeudi
JTA – Une manifestation anti-guerre prévue jeudi par une large coalition d’organisations de la gauche israélienne au cœur de Tel Aviv a été annulée après le refus de la police.
Les organisateurs ont déclaré qu’ils feraient appel de ce refus auprès de la Haute Cour et qu’ils prévoient une manifestation encore plus importante la semaine prochaine. Le rassemblement et son annulation illustrent les fissures dans le soutien des Israéliens à la guerre ainsi que ce que les groupes pacifistes ont appelé un refroidissement de l’activisme de gauche.
« Nous devions organiser ce soir un grand rassemblement et des manifestations à Tel Aviv sous le slogan que seule la paix peut apporter la sécurité, et appeler à la paix israélo-palestinienne », a indiqué Rula Daood, co-directrice nationale de Standing Together, l’un des principaux organisateurs du rassemblement, aux côtés de Women Wage Peace et de 20 autres groupes.
Daood a déclaré à la Jewish Telegraphic Agency que la police avait autorisé le rassemblement en début de semaine, avant de revenir sur cette autorisation par la suite. Selon Haaretz, la police a refusé le permis au motif que l’emplacement du rassemblement, sur la place Habima dans le centre de Tel Aviv, augmentait la probabilité d’une flambée de violence.
« Ils ont dit que le fait d’organiser une manifestation qui parle de paix ne ferait qu’entraîner le chaos et l’incitation à la violence dans les rues de Tel Aviv », a-t-elle souligné.
Une manifestation anti-guerre est prévue samedi à Haïfa, mais la police a également refusé de délivrer un permis pour ce rassemblement. La manifestation organisée le 18 novembre à Tel Aviv avait rassemblé quelque 700 personnes réclamant la fin de la guerre et le retour des otages détenus par les terroristes palestiniens à Gaza.
La guerre a été déclenchée par l’assaut mené par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre contre le sud d’Israël, au cours duquel 1 200 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées et plus de 240 personnes ont été prises en otage.
Si la guerre menée par Israël contre le Hamas bénéficie d’un large soutien à l’intérieur du pays, une minorité a protesté contre l’opération militaire à Gaza, appelant à un cessez-le-feu et à une solution diplomatique pour le retour des otages.
Le ministre d’extrême-droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, est favorable à l’interdiction de toutes les manifestations contre la guerre et, au début du mois de novembre, la Haute Cour avait confirmé l’interdiction des manifestations dans deux villes mixtes. La police avait ensuite interrogé trois anciens députés arabes israéliens au sujet de projets d’organisation d’une manifestation à Nazareth, dans le nord d’Israël.
Quelques jours plus tard, la première manifestation anti-guerre organisée en Israël avait rassemblé plusieurs centaines de personnes dans une zone clôturée d’un parc de Tel Aviv, après une audience de la Haute Cour au cours de laquelle la police avait autorisé la manifestation.
Cette semaine, la Haute Cour a émis une injonction stipulant que Ben Gvir, qui supervise la police israélienne, n’est pas autorisé à donner des instructions à la police pendant les manifestations.
En réponse, Ben Gvir a critiqué l’injonction et la procureure générale, avec laquelle il est entré en conflit à maintes reprises.
« Immédiatement après le massacre du 7 octobre, j’ai donné l’ordre à la police israélienne d’empêcher les manifestations s’identifiant aux nazis du Hamas », a-t-il écrit sur Facebook.
« À ma grande déception, le ministère public a forcé la police israélienne à accepter ces manifestations. Ce matin, la Haute Cour a pris la décision scandaleuse de me refuser le pouvoir d’empêcher le soutien à l’ennemi en temps de guerre. »
Le recours déposé en novembre contre Ben Gvir faisait suite à de nombreux cas, tout au long des manifestations contre les efforts du gouvernement concernant le projet de refonte du système judiciaire, où le ministre de la Sécurité nationale a été accusé de s’impliquer étroitement dans le maintien de l’ordre lors des manifestations, en faisant pression sur la police pour qu’elle adopte une attitude beaucoup plus ferme à l’égard des manifestants considérés comme perturbateurs de l’ordre public.
Les organisateurs de Standing Together ont suggéré que ce refus indiquait que la politique de Ben Gvir visant à empêcher les manifestations anti-guerre était toujours prise en compte malgré l’injonction.
« Il essaie de faire en sorte que les forces de police fassent respecter son point de vue, à savoir que toute personne qui parle de paix ou qui critique l’action actuelle du gouvernement israélien n’est pas acceptable », a expliqué Daood.
L’absence de grandes manifestations aujourd’hui est un contraste frappant avec la période précédant le 7 octobre, lorsque des manifestations de masse contre la refonte proposée par le gouvernement dominaient le discours israélien et remplissaient fréquemment les principaux carrefours.
Les sondages montrent que la grande majorité des Israéliens juifs soutiennent l’effort de guerre d’Israël contre le Hamas à Gaza, tandis que l’opinion des Israéliens arabes est mitigée.
Néanmoins, Daood a affirmé que la gauche israélienne attirait de nouveaux militants, les activités de Standing Together ayant enregistré un nombre d’adhérents record au cours des trois derniers mois. Le groupe a organisé une série de rassemblements à travers Israël après le 7 octobre, et a attiré des centaines de personnes lors d’une récente série d’événements aux États-Unis.
« Beaucoup de gens disent que le 7 octobre, les gens sont devenus plus extrémistes et il est vrai que des tonnes de gens sont allés plus à droite, mais plus de gens sont également allés à gauche », a ajouté Daood.
« Lorsque vous combinez le tout, cela donne des milliers de personnes qui se sont joints à nos rassemblements pour parler de partenariat, d’une paix réelle et d’un accord de cessez-le-feu. »
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.